Utilisation des racines de cannabis
Les cultivateurs de cannabis utilisent rarement les racines de la plante après leurs sessions. Mais elles sont pourtant utilisées depuis très longtemps pour ses propriétés médicales. 2700 ans avant notre ère, les racines étaient déjà mentionnées dans le Shennong pên Ts’ao ching, un ouvrage chinois sur les plantes.
La plupart des cultivateurs s’intéressent aux racines de cannabis mais ne les conservent pas à la fin de leur session. Ils surveillent l’enracinement des clones et des jeunes pousses et le développement des racines pendant la phase de croissance. Les cultures hydroponiques et aéroponiques permettent de mieux observer les racines que les cultures en terre. Ces sont des méthodes de culture adaptées lorsqu’on veut garder les racines. Comme toutes les parties de la plante, elles ont une utilité.
Les racines présentent un grand potentiel médical. 2700 ans avant J-C, les racines étaient déjà mentionnés pour ses usages médicaux dans l’ouvrage chinois Shennong pên Ts’ao ching.
Les racines avaient plusieurs utilisations. Écrasées pour en extraire le jus ou bouillie, les racines servaient à soulager les accouchements difficiles et en tant qu’antihémorragique pour stopper les saignements post-partum. Elles servaient à diminuer les douleurs et le gonflement des ecchymoses. Les racines étaient également utilisées comme diurétique. Les diurétiques sont des substances comme le café ou l’alcool, ou des médicaments, qui augmentent la sécrétion urinaire et sont utilisés dans le traitement de l’hypertension ou de l’insuffisance cardiaque.
Comme nous le révèle le Shennong pên Ts’ao ching, les racines étaient broyés et séchées pour fabriquer un pâte utilisée pour réduire les douleurs des os cassés ou causées par la chirurgie.
Pline l’Ancien était un naturaliste romain, qui a écrit entre 77 et 79 après J-C une encyclopédie de 37 volumes intitulée Historia Naturalis. Pline l’ancien a répertorié 900 végétaux, dont le cannabis. Il mentionne également les racines de cannabis dans le livre XIX : « La racine de cannabis, bouillie dans de l'eau est utile lorsque les articulations sont grippées, mais aussi en cas de goutte et d'attaques de ce genre. »
Au 1er siècle après J.C, le médecin et botaniste grec Pedanius Dioscoride a mentionné l’utilisation de cataplasmes de racines de chanvres bouillies pour traiter l’inflammation.
Plus récemment, le médecin britannique William Salmon a recommandé au XVIIIe de mélanger les racines de chanvre avec des fleurs d’orge et de l’appliquer en cataplasme pour le traitement de la sciatique et les douleurs de la hanche. jusqu’au début du XXe siècle les médecins américains recommandaient des décoctions de racines et de graines de chanvre pour le traitement de l’inflammation, et les maladies vénériennes. En Argentine, des racines de cannabis auraient été utilisées jusqu’aux années 60 pour soigner entre autres la fièvre, la dysenterie et les troubles gastriques.
Ces dernières années, les dispensaires américains on commencé à proposer à leurs patients des préparations à base de racines de cannabis pour traiter certaines pathologies. On trouve notamment des extraits de racines de cannabis dans les lotions, les huiles de massage ou les baumes à lèvres. Certains patients préparent eux-mêmes à la maison du thé de racine de chanvre. Pour obtenir ce thé, les racines sont séchées et broyées avec des aromates dans une mijoteuse pendant au moins 12 heures avant d’être filtrées.
Après avoir fait bouillir et sécher les racines broyées, il est possible de les réduire en poudre pour obtenir un extrait qui peut servir de base à des teintures ou à des liniments. Les racines séchées et réduites en poudre peuvent être utilisées dans la préparation des cataplasmes secs pour apaiser et faciliter la cicatrisation des brulures et des coupures comme le faisaient déjà les anciens. Avec cette préparation, il est également possible de soigner des maladies de la peau comme la dermatite atopique.
Plusieurs études scientifiques ont permis de séparer les différents composés présents dans les racines. Les racines de cannabis sont composées principalement de sucres et de lipides. Elles contiennent également à faibles doses des alcaloïdes, des terpènes et d’autres composés. L’extrait d'éthanol de racines de chanvre contient des cétones triterpéniques pentacycliques, le triterpénoïde friedeline, et de l'épifriedelanol.
Ces composés pourraient avoir des effets médicaux intéressants. Les cétones triterpéniques pentacycliques pourraient provoquer l'apoptose des cellules cancéreuses. Elles pourraient traiter les douleurs, les infections bactériennes et l'inflammation, et posséder des propriétés diurétiques et immunomodulatrices. L'épifriedelanol a des propriétés antitumorales. Le triterpénoïde friedeline a des effets antioxydants, et protège le foie.
Certains alcaloïdes que l’on trouve dans les racines ont aussi de propriétés médicales. Les alcaloïdes pipéridine et pyrrolidine, que l’on trouve également dans les tiges et dans les feuilles, peuvent être nocifs à forte dose. La pipéridine est utilisée comme précurseur pour la fabrication illégale de phencyclidine et est inscrite tableau II de la convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants. La pipéridine est l’un des composants de certains médicaments psychiatriques. La pyrrolidine est utilsée dans des médicaments stimulants.
Les racines contiennent également de la choline, le précurseur de l'acétylcholine qui est un neurotransmetteur impliqué dans la mémoire et d'autres fonctions cognitives et de l'atropine, un alcaloïde que l’on trouve des plantes solanacées comme la belladone, la datura ou la jusquiame.