Pline l’Ancien : Historia Naturalis (77-79)

Pline l’Ancien est né en 23 après J.C à Côme dans le nord de l’Italie. Durant sa jeunesse, son père l’emmène à Rome et confie son éducation au poète et général Publius Pomponius Secundus. Membre de la classe sociale des chevaliers romains, il commence une carrière équestre, dans l'administration impériale. Nommé administrateur impérial en Gaulle narbonnaise, il commence à recueillir des observations, sur la géographie physique, l’hydrographie, la météorologie, la faune, la flore, la céréaliculture, la viticulture et des  méthodes culturales adaptées au climat.
 
L’Histoire naturelle est le seul livre de Pline l’Ancien qui a été conservé jusqu’à nos jours. Dans une lettre, il cite l’ensemble de ses ouvrages : L'Art de lancer le javelot à cheval (1 livre), La Vie de Pomponius Secundus (2 livres), Les Guerres de Germanie (20 livres), Les Difficultés de la grammaire (8 livres), La Suite d'Aufidius Bassus (31 livres) et L’Histoire naturelle (37 livres).
 
Historia Naturalis est une encyclopédie qui regroupe une grande partie des connaissances de l’époque et qui mentionne le cannabis. Le travail de Pline l’Ancien a été effectué sous la direction de l’empereur romain Néron.
 
Les livres XII à XXVII concernent la botanique. Pline a réuni toutes les connaissance sur les végétaux de l’époque. Ces ouvrages sont le résultat de la lecture de livres, d’observations dans la nature et de rencontres avec des médecins et des herboristes. Ils contiennent des informations sur la botanique de plantes, sur leur propriétés médicales et « magiques » et leur utilisation pour l’alimentation
 
Les livres XIX et XX contiennent les passages sur le cannabis.
 
« Il y a du chanvre, une plante utile pour fabriquer des cordes, et généralement semée après que les vents d'ouest ont commencé à souffler et l'emportent : plus il est semé épais, plus les tiges sont fines. La graine est récoltée à maturité, après l'équinoxe d'automne. Il est séché par l'action du soleil, du vent ou de la fumée. Le chanvre lui-même est cueilli juste après la vendange et est pelé et nettoyé par les ouvriers la nuit. » (Livre XIX, La nature et la culture du lin et un récit de diverses plantes de jardin).
 
« Initialement, le chanvre poussait dans les bois. Les feuilles étaient de couleur plus foncée et plus rugueuses. Sa graine, dit-on, rend les hommes impuissant. Le jus de graines fait sortir de l'oreille les vers et les insectes qui y sont entrés mais au prix de maux de tête. Sa nature est si puissante que, versé dans l'eau, le suc de cannabis passe pour la coaguler. Mélangé à l'eau de boisson du bétail, il régule le transit intestinal. La racine de cannabis, bouillie dans de l'eau est utile lorsque les articulations sont "grippées", mais aussi en cas de goutte et d'attaques de ce genre. Les applications de graines crues aident au traitement des brûlures mais il faut veiller à renouveler les applications avant qu'elles ne se dessèchent. » (Livre XX, Remèdes tirés des plantes du jardin).
 
Pline meurt en 79 pendant l’éruption volcanique du Vésuve.

Dans l’antiquité, d’autres écrivains ont fait référence au cannabis dans des textes écrits en grec ou en latin.

Au 1er siècle après J.C, le médecin pharmacologue Pedanius Dioscoride a écrit un ouvrage appelé De Materia Ledica qui référence le cannabis : « Le cannabis cultivé que certains appellent cannabion et les autres schoenostrophion et d'autres asterion, est une plante utile pour la confection de cordages solides. Ses feuilles sont comme celles du frêne. Il donne une odeur désagréable et a de longues tiges creuses. Ses graines ont une forme sphérique, d'en trop manger diminue la puissance sexuelle. Le jus de graines fraîches, instillé dans les oreilles, est utile dans le traitement des otalgies Le cannabis sauvage que certains appellent hydrastina et les Romains terminalis, a des tiges comme la mauve mais plus rugueuses, plus petites de taille et de couleur plus foncée. »

Le médecin grec Claude Galien, né en 129 et mort vers 201, a exercé à Rome où il a soigné plusieurs empereurs. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, pour un total de 20.000 pages. Il fait référence au cannabis dans deux de ses livres. « La graine de cannabis élimine les gaz intestinaux et déshydrate à tel point que celui qui en a trop mangé éteint ses capacités sexuelles. Certains pressent les graines encore vertes pour en obtenir un jus qu'ils utilisent dans le traitement des otalgies. » (De simplicium medicamentorum temperamentis ac facultatibus, vol. XII)

« La plante est en partie semblable au poivre sauvage. La graine est difficile à digérer, mauvaise pour l'estomac et donne des maux de tête. Certains mangent les graines frites avec des sucreries. J'appelle sucrerie les nourritures servies au dessert pour inciter à boire. Les graines apportent une sensation de chaleur et si consommées en grandes quantités, affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques. » (De alimentorum facultatibus. Vol. VI)

Olivier F