Crop Steering : les bons leviers pour guider ses cultures

Olivier F
30 Jun 2025

Le crop steering est une méthode de culture de précision qui consiste à guider la croissance des plantes en modulant leur environnement. L’objectif : influencer la plante à chaque phase de son cycle. Cette stratégie repose sur une idée simple mais puissante : la croissance peut être stimulée par des stress contrôlés, déclenchant des réponses physiologiques spécifiques. Initialement développée pour des installations de cultures intensives, notamment en fibres de coco ou en laine de roche, cette approche a été pensée pour des environnements entièrement contrôlés. Néanmoins, les principes du crop steering restent transposables à d'autres contextes de culture : en terre tout comme en hydroponie, en fertilisation minérale comme en organique. En comprenant les mécanismes sous-jacents, chaque cultivateur peut adapter cette logique à son propre système pour améliorer rendement, qualité et régularité.


Par Hortizan

Le crop steering repose sur l’alternance entre deux grandes dynamiques de croissance : la phase végétative, orientée vers le développement de la structure, et la phase générative, axée sur la reproduction, donc la floraison. Ces deux états peuvent être induits ou renforcés selon les signaux que reçoit la plante. En phase végétative, la plante, peu stressée, développe feuilles, tiges et racines dans un environnement humide et stable. En phase générative, des stress contrôlés déclenchent la floraison et concentrent l’énergie sur la formation rapide des têtes. Le crop steering permet ainsi de basculer stratégiquement entre ces deux états, grâce à une gestion de l’environnement et de l’irrigation.

Le crop steering adapte la conduite de culture aux besoins physiologiques de la plante pour chaque étape de son développement. Dans la culture de cannabis, cette approche se décline en quatre phases principales, chacune avec un objectif spécifique et un type de pilotage dominant. Il est tout d'abord nécessaire de comprendre le pilotage racinaire. Il repose sur une gestion fine du substrat, notamment à travers le volume et la fréquence des arrosages, ainsi que la conductivité électrique (EC).

Un élément important à comprendre dans cette méthode est le concept du dry back : cela consiste à laisser le substrat s’assécher modérément entre deux arrosages. En phase végétative, on privilégie des arrosages fréquents et légers, maintenant une humidité constante dans le substrat. En phase générative, à l’inverse, les arrosages deviennent plus espacés, avec des dryback plus importants, créant les conditions de stress nécessaires pour orienter la plante vers la floraison :

Phase 1 – Végétatif – Croissance végétative (croissance) : Développement racinaire et foliaire. Cette phase vise à construire une base solide : un système racinaire dense, une structure végétative vigoureuse. On applique une phase végétative : environnement stable, faible stress, irrigation fréquente et peu intense, EC modéré, petits drybacks.

Phase 2 – Génératif – Stretch floral (2 premières semaines de floraison) : Induction florale et formation des sites de tête. La plante passe du développement structurel à la reproduction. On applique une phase générative : stress modéré (VPD plus élevé, irrigation moins fréquente, drybacks plus marqués), EC plus élevé.

Phase 3 – Végétatif – Grossissement des fleurs (floraison) : Augmentation du volume des têtes. Les sites floraux sont en place, il s’agit maintenant de "remplir" les fleurs. Seconde phase végétative, pour soutenir le gonflement des fleurs : conditions plus douces, irrigation plus régulière, drybacks plus limités.

Phase 4  – Génératif – Maturation (2 dernières semaines) : En fin de cycle, on cherche à pousser la plante à finir sa maturation. Retour à une phase générative à l’aide d’un stress progressif : VPD plus élevé, arrosages espacés, gros dryback. En hydroponie ou coco, ces drybacks importants entraînent une augmentation de l’EC dans le substrat, ce qui ajoute un stress osmotique final favorable à la concentration des composés actifs. En revanche, en culture en terre, on observe plutôt une réduction progressive de la fertilisation, afin d’éviter l’accumulation de sels et de favoriser une maturation plus propre.

Chaque phase doit être calibrée avec précision : une erreur de timing ou d’intensité peut entraîner un déséquilibre, une perte de rendement ou un ralentissement. D’où l’intérêt de suivre des indicateurs fiables à chaque étape.

Le crop steering s’appuie sur la maîtrise de l’irrigation, mais également de son rapport avec le climat ambiant. L’ensemble de ces ajustements doivent être précis, mesurés et cohérents : Le climat de la pièce impacte directement la transpiration, la photosynthèse et l’équilibre hormonal. Et c’est la somme de ces signaux perçus qui détermine la réponse physiologique de la plante.

Voici donc la méthode que nombreux systèmes de cultures en fibres de coco / laine de roche avec supplément de CO2 choisissent d’adapter :

La méthode que nombreux systèmes de cultures en fibres de coco / laine de roche avec supplément de CO2 choisissent d’adapter

Le crop steering n’est pas une méthode ésotérique réservée aux experts, mais un outil de pilotage précis, fondé sur l’observation et l’ajustement. En apprenant à lire les signaux de chaque plante et à moduler finement son environnement, le cultivateur peut orienter chaque phase du cycle vers un objectif clair : plus de contrôle, plus de qualité, plus de rendement. Et ce n’est qu’un début. Poussée à son plein potentiel, cette approche ouvre la voie à une culture ultra-personnalisée, où chaque phénotype pourrait bénéficier d’un SOP sur mesure. Demain, la plupart des clones seront probablement vendus avec leur protocole de culture dédié, offrant une précision inédite pour exprimer pleinement leur génétique en environnement contrôlé.

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