1909 : publication du livre "Le Hachich" par Raymond Meunier

Soft Secrets
27 Apr 2020

Au début du 20eme siècle, les connaissances des scientifiques sur le cannabis sont très limitées. Entre 1844 et 1849, le célèbre Club des Hashishins du Docteur Moreau de Tours a fait connaitre le cannabis en occident. Mais à cette époque, la plante n’est plus vraiment à la mode. L’opium et la morphine, après l’invention de la seringue hypodermique, sont les drogues les plus tendance.


Par Olivier F

Le livre « Le Hachich », que vous pourrez télécharger sur internet au format .pdf, a été publié en 1909. Raymond Meunier est alors Préparateur au laboratoire de Psychologie pathologique de l'École des Hautes-Études à l’Asile de Villejuif, directeur de la collection, « La Bibliothèque de Psychologie expérimentale et de Métapsychie » et auteur de plusieurs ouvrages. « La Bibliothèque de Psychologie expérimentale et de Métapsychie s'adresse aux professeurs, aux médecins, aux étudiants et au public cultivé qu'elle renseignera sur les données acquises par la science contemporaine dans le domaine psychologique et psychique. »

A l’époque, le terme haschisch, alors orthographié hachich, ne désigne pas la résine que nous connaissons aujourd’hui mais simplement les sommités de la plante : « Le mot hachich est dérivé de l'arabe et signifie simplement herbe sèche. » Le livre permet de faire le point des connaissances scientifiques sur le chanvre indien. « De toutes les substances toxiques capables de procurer aux hommes l'illusion éphémère du bonheur, le hachich est peut-être celle à propos de laquelle ont circulé et circulent encore les plus attirantes légendes. Révélé à notre monde occidental par des poètes, et par de grands poètes, le chanvre indien fut chanté comme un bon génie qui donnait non seulement le bonheur, mais la puissance, l'intelligence, la lucidité parfaite. »

Les ressemblances entre le chanvre indien et le chanvre traditionnel que l’on trouve en Europe sont déjà connues : « On sait que le chanvre indien ne diffère pas au point de vue botanique du chanvre de nos pays (cannabis sativa). Il est seulement plus riche en principe actif, mais les mêmes effets pourraient être obtenus avec le chanvre européen à condition de tripler ou de quadrupler les doses. Remarquons toutefois que, dans l'île de la Réunion, les deux espèces de chanvre sont cultivées simultanément et que chacune d'elles conserve ses propriétés caractéristiques. »

En France, le chanvre est cultivé uniquement pour sa fibre, qui permet de confectionner les vétements ou les cordages. Mais en orient, il est cultivé et consommé pour ses propriétés psychoactives. On parle d’intoxication au haschisch. « L'usage du hachich est surtout répandu dans l'Europe sud- orientale, dans l'Asie occidentale et dans l'Afrique musulmane. En Egypte, malgré les défenses, la consommation annuelle de hachich est en moyenne de 140.000 livres. Nous verrons qu'il est, soit fumé dans des pipes qu'on se passe à la ronde, soit absorbé sous forme d'électuaire par les voies digestives. L' usage en est répandu à un tel point que dans certains cafés du Caire ou de Damas " on sent cette odeur pénétrante qui prend à la gorge et qui enivre doucement même ceux qui ne fument pas." (Charles Richet, 1887). »

Le livre relate les différentes expérimentations scientifiques, comme les extractions au pétrole, à l’alcool ou à l’ether. A cette époque, les cannabinoïdes sont encore inconnus : « Le principe actif de l'intoxication hachichique est encore très mal connu et le chimisme du hachich, malgré les nombreuses recherches déjà faites; est une question qui reste à l'ordre du jour Rappelons brièvement les principaux corps successivement isolés et considérés comme principe actif. »

La plupart de ces recherches ont été menées dans la deuxième moitié du 19eme siècle après l’intérêt pour le hacshisch suscité par la parution de l’ouvrage du Dr Moreau de Tours en 1845, « Du hachisch et de l'aliénation mentale » Certaines découvertes paraissent très étranges : « Préobra et Schenky découvrent dans le hachich une quantité très appréciable de nicotine. Valenta et Vignolo auraient aussi trouvé de la muscarine dans le chanvre indien. Ces découvertes sont-elles simplement dues à des substances étrangères au chanvre, à l'insu des observateurs? C'est parfaitement vraisemblable. » D’autres découvertes paraissent plus sérieuses : « Wood, Spivey et Easterfield préparèrent des dérivés d'oxydation et d'hydratation de ces hydrocarbures. Ils isolèrent un produit le cannabinol appartenant au groupe des camphres et dont la formule est C21 H26 O2 » ou « Merck isole un glucoside qu'il combine avec le tannin; il obtient ainsi une poudre brune, d'odeur agréable, ayant la saveur du tannin qu'il nomme la cannabine tannique, (cannabinum tannicum) douée de propriétés hypnotiques. »

En 1909, le cannabis n’est pas illégal. L’auteur reconnait ses propriétés thérapeutiques mais considère qu’une consommation trop importante peut mener à la démence. Le livre contient des passages à tendance raciste et colonialiste. Les planches II et III sont intitulées « Arabes aliénés (folie hachichique) » et représentent des hommes sous l’emprise du cannabis, pour la plupart souriants et légèrement « high ». Chaque photo représente un cas particulier : halluciné visuel, euphorique, halluciné, déprimé, mélancolique angoissé et mélancolique (collection du Dr A.Marie).

S
Soft Secrets