Emmanuel Macron veut faire de la lutte contre le cannabis une priorité
Dans une interview au journal Le Figaro publiée ce dimanche, le Président Macron rappelle son opposition à toute forme de dépénalisation du cannabis. Le but du gouvernement est de fermer tous les points de deal et de sanctionner systématiquement les consommateurs avec l’amende forfaitaire.
Par Olivier F
Le parti LREM (La République En Marche) est divisé sur la question du cannabis. D’un coté, les députés de la Mission parlementaire, comme Jean-Baptiste Moreau ou Caroline Janvier, veulent légaliser le cannabis à usage récréatif. De l’autre, l’intransigeant ministre de l’intérieur Darmanin accentue la répression contre les dealers et les consommateurs et s’oppose à toute idée de légalisation ou dépénalisation du cannabis qu’il qualifie de « merde » sans argumentation ni réflexion sur le sujet.
Emmanuel Macron a choisi son camp. Il soutient son ministre Gérald Darmanin et déclare à son tour la guerre à cinq millions de consommateurs. Cette interview au Figaro marque d’ors et déjà la défaite des députés de la Mission parlementaire qui doivent remettre leur rapport sur le cannabis récréatif très prochainement et qui espéraient que la légalisation ferait partie du programme d’Emmanuel Macron pour les élections présidentielles de 2022.
Le débat sur la légalisation n’aura donc pas lieu sous le règne du bon roi Macron. Il voudrait au contraire « lancer un grand débat national sur la consommation de drogue et ses effets délétères ». Emmanuel Macron prétend « briser un tabou » mais il ne s’agit pas du tabou de la légalisation.
« Je suis contre la dépénalisation généralisée ! » La dépénalisation du cannabis faisait pourtant partie du programme d’Emmanuel Macron en 2017 ! Nous ignorons d’ailleurs la signification exacte du terme « dépénalisation généralisée »
La priorité du président monarque est de lutter contre les trafics. Le gouvernement veut passer « à la vitesse supérieure avec l’objectif d’harceler les trafiquants et les dealers. » Selon Emmanuel Macron, « les trafics de stupéfiants explosent et forment la matrice économique de la violence dans notre pays. Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout. »
Le président aimerait fermer les nombreux points de deal repartis sur l’ensemble du territoire français. « Sur les 4000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal. Allez voir dans les quartiers comment cela change la vie ! » a déclaré Emmanuel Macron au Figaro.
Le chef du gouvernement s’attaque aussi aux simples consommateurs de cannabis : « 70 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre. Ça veut dire quelque chose de clair : si vous vous faites prendre comme consommateur, vous savez que vous allez devoir payer et que vous n’allez pas y échapper. Ça change le rapport de force. »
Emmanuel Macron considère le cannabis comme très nocif et les consommateurs comme des irresponsables. « Ceux qui prennent de la drogue - et cela concerne toutes les catégories sociales - doivent comprendre que non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité… » a déclaré le chef de l’état au journal Le Figaro.
Le président se démarque des députés LREM qui prônent une évolution de la loi : « À l’inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je pense que les stups ont besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de publicité. Dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge. Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu’ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances ? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures » a expliqué Emmanuel Macron.
Pour mener sa politique très répressive et gagner son combat contre la drogue, Emmanuel Macron veut recruter 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires avant la fin du quinquennat. « Chaque circonscription de police aura plus de policiers à la fin du quinquennat qu’au début, sans exception ».
En vue de élections présidentielles de 2022 Emmanuel Macron cherche à séduire l’électorat de droite majoritaire dans le pays, ce qui explique cette surenchère sécuritaire. Il s’agit plus d’un calcul politique pour rester au pouvoir que de véritables convictions.
Le combat pour la légalisation ne fait que commencer !