Quels éléments influencent le sexe de vos plantes ?

Soft Secrets
07 May 2021

Dans le monde végétal, la détermination sexuelle est plus complexe que chez l’humain. La plupart des espèces végétales à fleur sont hermaphrodites, et seul un petit nombre est unisexe. Les espèces avec individus mâles et femelles ayant évoluées de manière répétée à partir de progéniteurs hermaphrodites, ce trait ressurgit parfois là où on ne l’attendait pas. La raison ? Les mécanismes de contrôle de la détermination sexuelle sont extrêmement diversifiés, comme l’illustre notre plante favorite.


Par Hortizan

Le cannabis, pouvant être dioïque ou monoïque, dispose d’une constitution génétique et d’une hérédité particulièrement complexes. Elle est une des espèces dont les aspects sexuels déterminants ont été les plus étudiés, mais le mystère n’est pas encore totalement déchiffré. Considérée par certains comme étant une plante hétérogame (dont les fleurs ne présentent pas toutes étamines et pistils), d’autres suggèrent l’idée d’un déterminisme sexuel plus complexe, résultant d’une interaction entre hérédité et facteurs environnementaux. 

Nous pouvons distinguer deux types d’influences sur le déterminisme sexuel : les facteurs précurseurs (génétiques ou épigénétiques), et ceux à posteriori.

Les facteurs précurseurs génétiques - Depuis les premières études de Westergaard sur son aspect dioïque en 1958, de nombreux modèles ont été proposés afin d’expliquer la détermination sexuelle du cannabis. Autrefois, nous pensions que les gènes sexuellement déterminants étaient transportés uniquement par les chromosomes X et Y, tandis que les autosomes (chromosomes formés de paires dont les membres ont la même forme, en théorie non déterminants sexuellement) n’étaient pas pris en compte dans cette détermination (Warmke and Davidson, 1944).

Dans la fin des années 70, deux professeurs suggèrent que certains autosomes porteraient des gènes masculinisants ou féminisants. Ces gènes viseraient, par recombinaison, à remplacer le mécanisme prédominant (Frankel and Galun, 1977). L’existence de certains allèles déterminant un sexe mâle chez des individus pourtant porteurs de chromosomes purement femelles (XX) confirme cette théorie. Ces plantes, initialement femelles, une fois influencées par divers facteurs, deviennent fonctionnellement des mâles. 

Début des années 2000, l’apparition d’outils d'analyse novateurs amène de nouvelles découvertes. On prouve ainsi la capacité de détermination sexuelle de certains cultivars lors des premières semaines de leur vie. D’après une étude sur le cultivar Fibranova, la phase de reproduction se déroulerait dès l’émergence des feuilles du 4ème étage (Moliterni et al., 2004). Cela permettra l’invention d’une méthode de détermination sexuelle rapide, ainsi que de nombreuses innovations encore à venir.

Les facteurs précurseurs épigénétiques - L’expression sexuelle des plantes à fleurs est contrôlée principalement par des facteurs génétiques, mais des facteurs épigénétiques jouent également un rôle. Vous le savez déjà, le sexe d’une plante de cannabis peut être “inversé”. De nombreuses hormones endogènes (émanant de l'organisme) et certains régulateurs de croissance exogènes (de l'extérieur de l'organisme), peuvent influencer le maintien ou la modification du sexe initial (Tanurdzic and Banks, 2004; Manoj et al., 2005).

La gibbérelline, l’auxine, l'éthylène ainsi que la cytokinine font partie de ces hormones et régulateurs de croissance favorisant certaines expressions sexuelles (Ainsworth, 2000) . Le traitement avec ces régulateurs d’hormones apportent une modification phénotypique et non de la structure chromatine. Plusieurs études ont été entreprises sur l’effet de ces éléments, prouvant que certains, comme la cytokine (à effet féminisant), peuvent également avoir un effet masculinisant dans certaines situations.

De nombreuses recherches restent encore à être réalisées sur le sujet. Nous pouvons déjà espérer que des techniques novatrices d’identification sexuelle seront accessibles au cultivateur moyen dans l’avenir.

Les influences à posteriori - Il est essentiel de comprendre les influences externes lors des premières semaines de la vie d’un plant. Globalement, le stress lors des 3 premières semaines de croissance est facteur de plus de plantes mâles. Au-delà, il devient un facteur encourageant l’hermaphrodisme.

La photopériode, avant tout, est un élément clé dans la détermination sexuelle. Il a été observé que des journées plus longues amenaient à des taux de mâles plus importants. Certains breeders recommandent d’ailleurs une phase végétative avec 16 heures de lumière, voire de passer en floraison avec des journées de 11 heures. 

La température joue également un rôle important. Plus les températures sont élevées lors des premières semaines de culture, et plus les mâles sont nombreux. À noter que les variations de température sont également des facteurs de stress. 

L’humidité du sol comme celle de l’environnement de culture sont aussi à prendre en compte. Plus le sol est sec, plus les chances de voir un mâle se développer grandissent. Ce facteur joue également avec l’hygrométrie : Si celle ci vient à dépasser les conditions optimales, ou si sa différence avec l’humidité du sol est trop importante , le nombre de mâles augmente. C’est pour cela que de nombreux cultivateurs d’intérieur se réfèrent au diagramme VPD afin de limiter le stress.

Concernant la nutrition, des taux d’azotes plus élevés que la moyenne influencent des taux de mâles et d’hermaphrodisme plus importants. Enfin, la couleur du spectre lumineux constitue un dernier facteur aggravant. Un spectre bleu serait plus sujet à l’apparition de femelles que le spectre rouge, d'où le conseil d’utiliser cette couleur pour la phase végétative.

Toutes ces raisons motivent les cultivateurs à acquérir des génétiques reconnues et testées dans de multiples configurations afin de s’assurer de leur stabilité. Même si le caractère sexuel de vos plantes est donc partiellement déterminé à l’avance, les premières semaines suivant leur germination joueront tout de même un rôle clé sur les résultats. Pour résumer, sélectionnez bien vos génétiques et prenez soin de vos plantes !

S
Soft Secrets