Sur les traces de la légendaire Chemdog

Olivier F
02 Nov 2021

La Chemdog. Peu de cultivars ont autant marqué l’histoire du cannabis moderne. Ses origines sont partiellement mystérieuses, et pourtant, une multitude d’hybrides proviennent de cette souche devenue si célèbre. Retour sur cet hybride ayant influencé le cannabis et sa culture.


Par Hortizan

L’histoire de la Chemdog débute avec deux passionnés : Jason Pinsky, dit P-bud Mike & Joe Brand alias Wonkanobe. Tout a démarré lorsque ces deux amis se procurèrent 2 livres de fleurs dans la petite ville de Crested Butte, au Colorado. Surnommées the dog dit “Dogbud” ces fleurs étaient déjà qualifiées de “chemmy“ par Joe Brand en raison de son puissant goût âcre si particulier.

Le 6 Juin 1991, ils se rendent en Indiana, à l'amphithéâtre de Deer Creek à Noblesville où se joue un concert des Grateful Dead, mythique groupe californien considéré comme le principal représentant du mouvement psychédélique. Les tournées des Dead sont à l’époque déjà largement reconnues comme des rassemblements du milieu cannabique où l’on troque fleurs et graines.

C’est là bas, sur le parking de l’amphithéatre, que P-bud et Joe Brand échangent une once à un jeune “Deadhead” (fan du groupe des Grateful Dead). 30 ans plus tard, ce Deadhead anonyme raconte la naissance de son engouement pour la Dogbud, n’ayant jamais goûté de fleurs aux arômes comparables : “skunky, sweet, pungent“.  
Ils y échangèrent leurs contacts et c’est à cette occasion que le succès de celle encore surnommée Dogbud commença à se profiler. Quelques mois plus tard, ne trouvant pas d’équivalent à cette trouvaille, l’anonyme se fait envoyer une nouvelle commande chez lui au Massachusetts, il y trouva 13 graines

Sur les traces de la légendaire Chemdog
Chem 91, photo et culture par @thatguyfrommaine

Ainsi, lors de cette même année 1991, la germination de 4 d’entre elles démarre. Lors de cette session, un mâle apparaît et sera malheureusement supprimé.

Néanmoins, les 3 autres graines s'avèrent être des femelles et hériteront leurs appellation de leurs précédents surnoms “Dogbud” et "Chem Weed". Son créateur resté dans l’ombre, ira jusqu’à en adopter le nom : la Chemdog est née et la légende aussi.

Trois phénotypes émergent de cette sélection : la Chemdog 91, (aujourd'hui connue sous le nom de Chem 91'), la Chemdog A (Chemdog’s sister ou Chem sis) et Chemdog B.

Dans le milieu des années 90, Chem Dog partagea son cut Chem91 à un membre renommé de la communauté, Skunk VA qui créera par la suite de nombreux hybrides à partir des diverses Chemdog.

En 2001, Chem Dog et sa compagne tentèrent de faire germer 3 autres graines issues de cette fameuse commande, qu’ils référencent C, D et E. La graine “E” ne germera jamais. La plante “C” était d’après Chem Dog sans aucun intérêt, la Chem D (aka “the D”) sera donc l’individu favori. Reconnue pour sa puissance incroyable et ses arômes uniques : ail, oignon et sueur, sa variégation jaune unique la rend très identifiable (coloration de couleur contrastée dans une feuille). .

Pendant la même période, le breeder RezDog travailla avec le clone Chem91, aboutissant à la Tres Dawg (un backcross), ainsi que plusieurs de ses descendantes : la Stardawg, ONYCD, 4chems et bien d’autres.

En 2006, Joe Brand retrouve Chem Dog qui lui offrira 4 des 6 dernières graines existantes. Elles seront numérotées de 1 à 4, la 4ème étant la plus intéressante. Joe Brand partagea cette nouvelle sélection à Nspecta. Ils conclurent que la “Chem n°4” était celle se rapprochant le mieux de la version originale. Ils surnommèrent ce phénotype “reunion”, afin de témoigner des retrouvailles autour de cette génétique près de 15 années après sa découverte. Depuis cette époque, la banque de graines 707seeds travaille avec ce cut, effectuant notamment plusieurs backcross jusqu’à aboutir à la Chem4 BX3.

Pour résumer la palette de croisements offerts par la Chemdog, on retrouve de nombreuses variétés de renoms issues de son patrimoine génétique  : OG Kush, Sour diesel, Headband, GMO, Gorilla Glue, ...

Joe Brand, P-bud, Chem Dog ainsi que des dizaines d’autres cultivateurs ont popularisé une variété dont la souche reste inconnue. Malheureusement, tant que le producteur de cette Dogbud du Colorado ne se manifestera pas, la source de cette lignée génétique restera incertaine.

La légende raconte que Chem Dog disposerait encore de 2 graines sur les 13 initiales. Y aurait-il encore un phénotype intéressant dans ces deux graines restantes ? Ou bien tout l'intérêt de cette génétique résiderait-il dans sa descendance, désormais présente tout autour du globe ? Peu de génétiques auront autant marqué notre communauté, tout en ouvrant la voie au développement de plus de 300 hybrides. En résumé, réfléchissez à deux fois avant de vous débarrasser de vos graines mises de côté. Qui sait, vous pourriez bien passer à côté de la future Chemdog.

O
Olivier F