Marche Mondiale du Cannabis : interview de Dominique Broc

Le CIRC (Collectif d’information et de recherche sur le cannabis) et d’autres associations anti-prohibitionnistes vous donnent rendez-vous le 3 mai 2025, Place de la République à Paris à partir de 14 heures pour la Marche Mondiale du Cannabis. Connu en anglais sous le nom de Million Marijuana March, cet événement international créé en 1999 se déroule dans de nombreux pays à travers le monde le premier samedi du mois de mai. Pour en savoir plus, nous avons interviewé le porte-parole du CIRC, Dominique Broc. En 2012, Dominique a créé le premier cannabis social club français déclaré en préfecture en pratiquant la désobéissance civile.
SSFR : Tu es un militant cannabique connu qui a fait la une des journaux avec les Cannabis social clubs. Mais pourrais-tu te présenter à nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Dominique Broc : J’ai commencé avec le CIRC Centre dont j’étais président à partir de la fin des années 90 jusqu’en 2012 quand nous avons créé la fédération des Cannabis social clubs français (CSCF). Mais j’ai toujours fait partie du CIRC. Je suis à présent représentant national.
Le CIRC a été cofondé par le célèbre militant et écrivain cannabique Jean-Pierre Galland en 1991. Combien y a-t-il d’adhérents en 2025 ?
Le CIRC avait quasiment disparu. Puis, nous sommes passés de 30 à près de 1000 adhérents, principalement grâce à Hello Asso, un site qui permet d’adhérer facilement aux associations. J’ai relancé le CIRC il y a deux ans. Nous avons changé beaucoup de choses. Nous avons supprimé la fédération et nous avons mutualisé nos moyens. Par exemple, il y avait un site web du CIRC Lyon et un site web de la fédération. Nous n’avons plus qu’un seul site et un seul compte en banque. Nous avons tout regroupé au sein d’un CIRC avec des antennes locales. A un moment, on voulait aussi dissoudre les associations régionales. Mais vu le contexte actuel, nous avons décidé de les garder. Si vous n’avions qu’une seule association et que quelqu’un comme Bruno Retailleau ou Gérald Darmanin voulait dissoudre le CIRC, il lui suffirait de dissoudre un seule asso. Il pourrait donc être utile d’avoir plusieurs associations. Le CIRC n’a plus de président. Nous avons un bureau collégial dont je suis le représentant au niveau national. C’est le jour de l’enterrement d’Eric Chapel, un militant du CIRC historique que j’ai décidé de reprendre le CIRC (que certains voulaient dissoudre) avec l’aide de Jean-Pierre Galland.
Tu es également conseiller municipal d’une commune du département de la Vienne…
C’est une commune d’environ 400 habitants appelée Chenevelles (NDR : dont le nom fait référence au chanvre). C’est notamment grâce à ce statut de conseiller municipal que j’ai pu organiser plusieurs réunions publiques sur la légalisation du cannabis dans d’autres communes rurales. Ces réunions m’ont permis de convaincre certaines personnes qui y étaient opposés au départ. Par ailleurs, la « Fête des Fiertés Rurales » est organisée chaque année à Chenevelles par la mairie et l’association Stop Homophobie . C’est une sorte de « Gay Pride » de la ruralité organisée avec la présence de plusieurs personnalités. Le maire Cyril Cibert assume son homosexualité. Nous accueillons donc chaque année, dans notre petite commune, plusieurs milliers de personnes pour cet événement.
Au mois de mai 2025 , il y a aura deux manifestations anti-prohibitionnistes organisées à Paris Place de la République. Quelle est la différence entre la Marche Mondiale du Cannabis et la Cannaparade ?
En effet, il y a plusieurs événements complémentaires, ce qui est une bonne chose. La Cannaparade est un événement plus festif avec beaucoup de musique et des chars qui défilent entre Bastille et République. Malgré son nom, la Marche Mondiale sera un rassemblement statique avec des débats et un happening. La Marche mondiale aura lieu le 3 mai et la Cannaparade, trois semaines plus tard, le 24 mai.
Quelles sont les associations qui soutiennent ou participent à cet événement ?
On aura en tout plus de 25 partenaires si les réponses sont toutes positives. Nous aurons, entre autres, la Fédération Addiction, Principes Actifs, la Ligue des Droits de L’Homme, Le CIRC, NORML, Combat de Malades, Baracanna, l’OICP... Nous attendons la réponse définitive de plusieurs associations ou syndicats. Nos revendications concernent le cannabis médical et le cannabis récréatif. Nous ne voulons pas que les partis politiques soient partenaires mais nous espérons que certaines personnalités pro-légalisation comme Eric Coquerel de LFI ou Ludovic Mendes de Ensemble, la parti présidentiel, viennent prendre la parole. Nous les avons invités. Et bien sûr, Jean-Pierre Galland sera présent.
Quel est le programme de cet événement ?
Entre 14 et 18 heures, il y aura trois tables rondes. Dans la première, qui sera un peu plus longue, nous allons faire le bilan de la prohibition. Il y aura un happening pendant toute l’après-midi. Nous allons disposer des cercueils en carton peints en noir sur la Place de la République. Nous espérons en faire une cinquantaine. Sur chaque cercueil, nous allons inscrire le nom d’une victime de la prohibition ; consommateur, victime de règlement de comptes, victime collatérale ou membre des forces de l’ordre. Au départ, c’est une bonne idée de NORML. Disposer des cercueils permet d’attirer l’attention des médias.
Quel est l’objectif de cette manifestation ?
Bien sûr, nous demandons la légalisation. L’objectif est avant tout de sensibiliser les gens. Ils sont manipulés par les médias et les hommes politiques qui veulent cacher l’échec de la prohibition en stigmatisant encore plus les consommateurs. Ils veulent faire porter la responsabilité de leur échec au consommateurs. Le consommateur n’y est pour rien. La violence est le fruit de la prohibition.
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