Helichrysum umbraculigerum : une source inédite de Cannabinoïdes

Soft Secrets
18 Dec 2024

L’Helichrysum umbraculigerum, communément appelée "l'immortelle d'Afrique" ou "kerriekruie" en afrikaans, est une plante de la famille des Astéracées. Cette famille botanique, majoritairement composée de plantes herbacées, inclut également des arbres, des arbustes et des lianes. Elle regroupe des espèces bien connues comme les pissenlits, les pâquerettes, les tournesols, les laitues ou les chardons. Bien que cette plante soit donc bien éloignée de la famille cannabaceae, une étude réalisée en 2023 a révélé que Helichrysum umbraculigerum renferme plusieurs cannabinoïdes distincts. Cette découverte s’inscrit dans un contexte où l’usage médical des cannabinoïdes gagne en popularité, ouvrant la voie à de nouvelles recherches sur leurs applications thérapeutiques potentielles.


Par Bon Vivant

Helichrysum umbraculigerum est une herbe vivace, robuste et dressée, pouvant atteindre un mètre de hauteur. Adaptée aux climats d’Afrique australe, ses fleurs jaunes se développent naturellement dans les prairies, les lisières de forêts et le long des ruisseaux, de la région des hauts plateaux du Zimbabwe jusqu’au Cap oriental. Elle tolère bien le gel et prospère dans des régions aux précipitations estivales, ce qui en fait une plante polyvalente. Brûlée pour ses effets enivrants dans certaines traditions sud-africaines, son usage est ancré dans le patrimoine culturel local.

Des chercheurs de l'Institut Weizmann ont récemment identifié plus de 40 cannabinoïdes dans Helichrysum umbraculigerum. L’étude s’est appuyée sur des avancées en biotechnologie pour explorer et détailler les voies biochimiques uniques de synthèse des cannabinoïdes. En utilisant des précurseurs chimiques, la plante génère ces composés grâce à une série de réactions enzymatiques spécifiques, une méthode de production qui diffère partiellement de celle observée dans le cannabis. Les chercheurs ont employé plusieurs techniques pour arriver à ces résultats : le séquençage génétique pour l’identification des gènes, la spectrométrie de masse à haute résolution pour une quantification précise des cannabinoïdes, et la résonance magnétique nucléaire pour vérifier la structure moléculaire de ces substances. Ces découvertes pourraient transformer notre compréhension des cannabinoïdes et leur potentiel d'application dans de nombreux domaines.

L'immortelle d'Afrique partage au total six cannabinoïdes identiques avec le cannabis, à l’exception notable du THC et du CBD. Parmi ces composés, le cannabigerol (CBG) se distingue pour son potentiel thérapeutique sans effets psychotropes : contrairement au THC, il ne provoque ni euphorie ni altération cognitive, ce qui en fait une option prometteuse pour des traitements non intoxicants. Des études récentes montrent que le CBG possède des propriétés anxiolytiques et anti-stress, en plus d’effets anti-inflammatoires, neuroprotecteurs et antidépresseurs, sans compromettre la mémoire ni la motricité (Cuttler, Stueber, Cooper, & al., 2024).

Une différence clé entre les deux plantes réside dans la répartition des cannabinoïdes : ceux de l’immortelle se concentrent dans les feuilles (cf. pic.1), tandis que ceux du cannabis sont principalement présents dans les inflorescences. Les cannabinoïdes de cette Helichrysum interagissent avec les récepteurs CB1 et CB2 du système endocannabinoïde humain, qui influencent de nombreuses fonctions biologiques. Les récepteurs CB1, situés dans le système nerveux central, agissent notamment sur la régulation de la douleur et de l’anxiété, tandis que les récepteurs CB2, présents dans les cellules immunitaires, participent à la gestion de l’inflammation.

Helichrysum umbraculigerum : une source inédite de Cannabinoïdes
Sa fleur jaune rappelle sa cousine l'immortelle d'italie, photo prise à Haenertsburg, Afrique du Sud (photo : T. van der Merwe)

Sur un plan botanique, les cannabinoïdes d’H.umbraculigerum pourraient jouer un rôle essentiel de défense biologique, en protégeant la plante contre les herbivores, les maladies et les rayons UV. Ce type de composé pourrait aider la plante à résister aux pressions environnementales de son habitat. D’un point de vue évolutif, cette capacité à produire des cannabinoïdes montre une convergence fascinante : Cette évolution parallèle pourrait indiquer que les cannabinoïdes confèrent un avantage écologique significatif, justifiant ainsi de leur développement dans des lignées végétales distinctes.

La découverte de cannabinoïdes dans une plante comme Helichrysum umbraculigerum ouvre des perspectives nouvelles pour la médecine comme la biotechnologie. Riche en CBG, cette plante offre un potentiel thérapeutique sans effets psychotropes pour la gestion de la douleur et des maladies neurodégénératives. De plus, les récentes recherches ont révélé que les enzymes impliquées dans chaque étape de la production de cannabinoïdes appartiennent aux mêmes familles tout au long de la première moitié du chemin biochimique. La forme acide du CBG, présente en concentration relativement élevée dans la plante, agit comme précurseur dans la production de tous les cannabinoïdes classiques, renforçant l’idée que l'Helichrysum umbraculigerum pourrait devenir une source précieuse de cannabinoïdes d'origine végétale. Grâce aux récentes recherches sur les enzymes de ces plantes, il deviendrait possible de produire des cannabinoïdes de manière plus accessible, et notamment à travers des souches de tabac et de certaines levures ! Ces avancées soulignent la nécessité d’approfondir notre compréhension des fonctions écologiques et thérapeutiques de ces composés, tant pour la recherche scientifique que pour la médecine.

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