Trafic de drogue à Marseille : Macron accuse les consommateurs de cannabis de complicité
Emmanuel Macron aurait-il un compte à régler avec le cannabis ? Dans le sillage de son ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le président fait preuve d’un certain acharnement envers les consommateurs de cette plante. Le gouvernement a déclaré la guerre à 5 millions de citoyens français, consommateurs de cannabis.
Par Olivier F
Dans cette période difficile ou le président devrait apaiser et rassembler les français, Emmanuel Macron, déjà en campagne, a choisi au contraire de les diviser et de créer des tensions supplémentaires dans le pays.
Le consommateur de cannabis, totalement absent du débat public, est devenu le bouc-émissaire du gouvernement français. Une méthode particulièrement efficace pour sanctionner de façon démesurée les simples consommateurs de cannabis a été mise en place. Les tests salivaires se sont multipliés et le dispositif de contrôle a été renforcé. Les gendarmes chargés de contrôler les automobilistes sont systématiquement accompagnés de la brigade canine et les domiciles de toutes les personnes contrôlées positives et souvent des passagers sont perquisitionnés. Ce sont les consignes du ministère de l’intérieur pour les nombreux contrôles routiers mis en place dans les départements français.
Il y a quelques mois, des contrôles avec tests salivaires de cyclistes et même de piétons ont été relatés dans la presse. On peut bien sûr se poser des questions sur la légalité et la pertinence de ces pratiques liberticides. Les tests salivaires devaient contrôler uniquement l’aptitude à la conduite. Ils sont à présent utilisés de façon intrusive pour détecter la simple consommation et procéder aux perquisitions des véhicules et des habitations.
Parmi les personnes interpellées durant ces contrôles, il y a, bien sûr de nombreux usagers thérapeutiques. Cela peut sembler particulièrement injuste, alors que l’expérimentation du cannabis à usage médical a déjà commencé et concernera au maximum 3000 patients.
La perception de cette discrimination des usagers de cannabis peut aussi être renforcée par l’annonce aujourd’hui même de l’ouverture prochaine de deux nouvelles « salles de shoot » dans le 10eme arrondissement de Paris. Les consommateurs de drogue dure seraient ainsi « mieux traités » que les consommateurs de cannabis. Les forces de l’ordre n’ont pas le droit de contrôler les consommateurs de drogue dure dans un certain périmètre autour de la salle de shoot alors que les fumeurs de cannabis sont incessamment traqués et mis à l’amende. Mais ne tombons pas dans le piège de la division…
« Il faut que tout le monde comprenne dans notre pays que les consommateurs de drogue sont des complices, de fait » a déclaré Emmanuel Macron en déplacement à Marseille. Emmanuel Macron accuse les consommateurs de cannabis d’être responsables des morts dans les cités. Cet argument parait totalement délirant. Rappelons déjà que la plupart de ces consommateurs préféraient acheter le cannabis dans des boutiques plutôt qu’au pied des tours, comme leur impose la prohibition.
Prenons simplement l’exemple des smarts phones. La plupart des citoyens français en possèdent. Nous avons tous entendu parler du travail des enfants dans les usines chinoises ou dans les mines de cobalt pour fabriquer des smart phones dans des conditions très difficiles. Sommes-nous donc tous des complices de fait ? Il est clair qu’un cultivateur du Rif a une vie beaucoup moins dure qu’un enfant dans une mine de cobalt.
Emmanuel Macron a donc décidé de s’acharner contre les consommateurs de cannabis et en particulier ceux venus des " beaux quartiers " : « L'idée que dans certains quartiers, ce serait branché de prendre de la drogue pour que dans d'autres des jeunes se fassent tuer parce qu'ils la vendent ou surveillent, c'est terminé. ». Avec ce nouveau raisonnement, et à l’inverse de la drogue dure, le trafiquant des cités devient donc la victime et le simple consommateur, le bourreau !
C'est bien ce même Emmanuel Macron qui en 2017 avait déclaré vouloir dépénaliser la consommation, le même qui se disait intéressé par les effets positifs de la légalisation.
Pour rétablir la sécurité à Marseille et lutter contre le trafic et la consommation de drogue, Emmanuel Macron a annoncé l'installation de 500 caméras de surveillance et l’arrivée de 200 policiers supplémentaires avant la fin de l’année 2022.