Prohibition : la colère monte sur les réseaux sociaux
Depuis quelques années, les pages Facebook des différentes brigades de gendarmerie publient régulièrement des messages pour se vanter de l’interpellation de cultivateurs de cannabis et de la destruction de plantations.
Dans ces messages, les gendarmes pratiquent une sorte d’humour anti-stups tout à fait discutable. Ces messages sont souvent moqueurs et méprisants à l’égard des personnes interpellées, souvent de simples cultivateurs auto producteurs, parfois usagers thérapeutiques.
La question se pose : les gendarmes et les policiers ont-ils le droit de se moquer publiquement des personnes mises en cause et donc, présumées innocentes ? Leur devoir de réserve les autorise t-il à « enfoncer » les personnes qu’ils viennent d’interpeller et qui n’ont donc pas encore été jugées ?
Exemples de messages de gendarmes sur les réseaux : « Nous sommes venus lui donner un coup de main pour la récolte. » ou « Il aura le temps d’étudier la botanique en prison. »
Mais en face, la résistance s’organise et les murs Facebook des brigades de gendarmerie sont envahis par les commentaires négatifs de citoyens anti-prohibitionnistes. Parmi ces défenseurs de la légalisation, on trouve bien sûr les consommateurs de cannabis mais pas seulement. Les internautes mettent en avant le gaspillage d’argent public, rappelant aux gendarmes, qui se plaignent souvent du manque de moyens, qu’il existe des missions beaucoup plus importantes comme la lutte contre le terrorisme, la violence conjugale, les vols ou les agressions.
Ces « affaires » font souvent suite à des dénonciations et ne demandent aucun travail d’investigation. Ces saisies de stupéfiants permettent donc aux forces de l’ordre d’augmenter facilement les taux d’élucidation. Les internautes remarquent aussi que les gendarmes s’attaquent à des cibles faciles, plutôt qu’aux points de deal dans les cités. Ce sont justement sur ces points de deal que les cultivateurs qui ont perdu toute leur récolte iront peut-être acheter du cannabis.
Citons par exemple la page Facebook de la gendarmerie du Var. Suite à un post se vantant de la découverte d’une petite plantation de cannabis, les gendarmes du Var ont reçu plusieurs centaines de commentaires négatifs remettant en cause leur travail.
Sur Twitter, les défenseurs du cannabis sont encore plus actifs. Les militants pour la légalisation utilisent entre autres le hasch tag « France Verte ». Citons la page Twitter de l’ennemi numéro un du cannabis, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et celle d’un de ses disciples particulièrement zélé, le député LREM de l’Indre François Jolivet qui a récemment affirmé que le cannabis était un poison aussi dangereux que l’héroïne. Suite à cette affirmation délirante, les militants français ont reçu le soutien des anti-prohibitionnistes américains comme Steve Angelo, qui ont également laissé des commentaires sur la page du député. Ces deux pages sont régulièrement envahies par les commentaires négatifs des militants pro cannabis, beaucoup plus nombreux que les prohibitionnistes.
A court d’arguments, le ministre Darmanin a annoncé son intention de lutter contre ce qu’il appelle le « soft power ». Exclus des médias traditionnels, les anti-prohibitionnistes sont maintenant majoritaires sur internet.