L’autre plante du mois : le Ginkgo biloba

Soft Secrets
25 Aug 2025

Symbole de résilience et d’adaptation, le Ginkgo biloba est bien plus qu’une simple curiosité botanique. De ses feuilles en éventail à sa longévité millénaire, le Ginkgo suscite un intérêt croissant en phytothérapie, notamment pour ses vertus sur la mémoire et la circulation sanguine. Pourtant, derrière ses bienfaits apparents, il cache aussi des risques méconnus lorsqu’il est associé à d’autres substances. Explorons ensemble cette plante hors du commun, entre histoire, traditions et mise en garde.


Par Bon Vivant

Le Ginkgo biloba est le dernier représentant d’un groupe végétal ancien : les Ginkgophyta, apparu il y a plus de 250 millions d’années. Il a survécu à des extinctions massives et à des changements climatiques majeurs. Le ginkgo est ainsi qualifié de “fossile vivant”, “d’espèce relique” ou encore de panchronique, car il conserve la morphologie d’espèces disparues, aujourd’hui connues uniquement à l’état fossile. Cette forme existait déjà il y a plus de 200 millions d’années, et sa morphologie n’a pratiquement pas évolué depuis. Doté de feuilles en éventail, unique de par leur forme bilobée (cf. pic1), il peut atteindre 40 mètres de haut et vivre plus de 1 000 ans, voire plusieurs millénaires dans des conditions idéales : certains individus situés en Chine dépasseraient même les 3000 ans d’existence !

Originaire de l’est de la Chine, le Ginkgo biloba est un symbole de longévité et de sagesse dans la culture asiatique. Il orne depuis des siècles les temples bouddhistes et les jardins impériaux, où il est vénéré pour ses vertus médicinales et spirituelles. Le premier européen à le décrire est Engelbert Kaempfer lors de ses explorations au Japon pour la compagnie néerlandaise des Indes orientales, il participe à son introduction en Europe en rapportant graines et boutures pour le jardin botanique d’Utrecht en 1730. C’est à ce botaniste à qui l’on doit le nom de Ginkgo, une transcription approximative du terme japonais « gin kyo » désignant cet arbre. En chinois moderne, on utilise le terme 銀杏 (yínxìng) signifiant « abricot argenté » pour le désigner, tandis que l’épithète spécifique biloba fait référence à la forme caractéristique des feuilles en deux lobes.

Rapidement adopté comme arbre ornemental, le Ginkgo a conquis les villes occidentales grâce à sa résistance exceptionnelle à la pollution, aux maladies et aux conditions urbaines difficiles. Aujourd’hui, il est planté dans de nombreuses villes tout autour du globe pour ses qualités esthétiques et sa capacité à purifier l’air. Mais bien au-delà de ces aspects esthétiques et écologiques, le Ginkgo biloba est aussi largement prisé en médecine.

Depuis des siècles, le Ginkgo biloba est utilisé en médecine traditionnelle chinoise pour stimuler la mémoire et améliorer la circulation sanguine. Ses feuilles, riches en flavonoïdes et en terpènes (comme les ginkgolides et les bilobalides (cf. pic2)), recèlent des propriétés antioxydantes et vasodilatatrices qui ont suscité l’intérêt des chercheurs et des praticiens. Les extraits de Ginkgo biloba comptent aujourd’hui parmi les compléments alimentaires les plus populaires au monde. Des études suggèrent qu’ils peuvent contribuer à ralentir le déclin cognitif lié à l’âge, notamment en cas de troubles de la mémoire bénins. Ces extraits pourraient aussi favoriser la circulation périphérique, réduisant les symptômes des jambes lourdes ou des acouphènes. Toutefois, les résultats scientifiques restent parfois contradictoires, et l’efficacité du Ginkgo varie selon la qualité des extraits utilisés et les doses administrées.

Ginkgo biloba : l’histoire fascinante d’un fossile vivant
Ses feuilles sont riches en flavonoïdes et en terpènes (photo : Kriemer)

Malgré ses atouts, le Ginkgo biloba n’est pas exempt de risques. Ses interactions avec les médicaments anticoagulants (comme la warfarine) ou certains antidépresseurs peuvent entraîner des complications, telles que des saignements ou un syndrome sérotoninergique (Effet indésirable grave causé par un excès de sérotonine dans le cerveau). Des effets secondaires bénins, tels que des maux de tête ou des troubles digestifs, sont également rapportés. Ces précautions rappellent que, même pour une plante “naturelle”, la prudence est de mise, notamment en cas de traitements médicamenteux associés. 

Si le Ginkgo biloba est généralement bien toléré, une étude parue en août 2019 dans le Journal of Pharmacy Practice and Research (vol. 49, n°4) met en lumière un risque rare mais sérieux : la rhabdomyolyse. Cette pathologie grave, causée par la destruction des fibres musculaires et la libération de myoglobine dans le sang, peut entraîner des complications rénales potentiellement mortelles si elle n’est pas traitée rapidement. L’étude décrit le cas d’une femme de 26 ans ayant développé une rhabdomyolyse après avoir consommé du Ginkgo biloba et du cannabis, combinés à un exercice physique intense et à une hydratation insuffisante. Elle a présenté des douleurs musculaires et une faiblesse généralisée, confirmées par un taux élevé de créatine kinase. Hospitalisée et traitée par perfusion, elle s’est heureusement rapidement rétablie. Cet épisode illustre un danger encore méconnu : l’association du Ginkgo biloba et du Cannabis pourrait amplifier les effets délétères sur les muscles lors d’efforts physiques, augmentant le risque de complications graves.

Le Ginkgo biloba, véritable vestige du passé, fascine par sa longévité et ses vertus thérapeutiques. Mais cette plante, si puissante, n’est pas exempte de risques lorsqu’elle est combinée à d’autres substances. Le cas de rhabdomyolyse présenté ici met en lumière la nécessité de rester prudent et bien informé. Les consommateurs de compléments alimentaires doivent être conscients de ces interactions possibles avant toute prise prolongée. La nature regorge de richesses, mais elle nous rappelle aussi l’importance de la vigilance et de la modération.

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