9 octobre 1800, le jour ou Napoléon a interdit le haschisch

Par Olivier F

Entre 1798 et 1801, le général Bonaparte, qui n’était pas encore empereur, et ses successeurs ont mené une opération militaire, la campagne d’Égypte dont le but était de conquérir l'Égypte et l'Orient et de bloquer la route des Indes aux britanniques.
Plus de 400 navires, 40 000 hommes et 10 000 marins ont pris part à cette expédition. Ils étaient accompagnés de nombreux scientifiques, médecins, botanistes et dessinateurs. Le 1er juillet 1798, ils débarquent à Alexandrie. A cette époque, le cannabis est déjà très répandu en Égypte. Désœuvrés et loin de chez eux, les militaires s’adonnent avec plaisir à la consommation de haschisch, parfois mélangé avec de l’opium. Les médecins de la section de physique et science naturelle de l'Institut d’Égypte considèrent cette consommation comme nuisible.

De plus, Napoléon Bonaparte a été victime en Égypte d’une tentative d’assassinat par un musulman « ivre de chanvre ». « Le 1er juillet 1798 à Alexandrie, un musulman aurait tiré depuis une maison sur Bonaparte à cheval qui aurait reçu la balle dans sa botte gauche. Le général n'aurait pas été blessé. L'agresseur, entouré de six fusils, a été abattu (Gallo, 1998).

C’est pour ces raisons que sur injonction de Bonaparte, le général en chef Abdallah Jacques Menou a promulgué une ordonnance le 17 vendémiaire an XI (9 octobre 1800) interdisant le haschisch aux soldats du corps expéditionnaire. C’est la première fois qu’un texte de loi fait directement référence au cannabis.

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Étrangement, le texte parle de liqueur au haschisch, alors que l’alcool est interdit en terre musulmane, et de graines de chanvre qui n’ont pourtant pas d’effet psychoactif.

Ordre du jour du17 vendémiaire an XI

Art. 1. L'usage de la liqueur forte faite par quelques musulmans avec une certaine herbe nommée haschich ainsi que celui de fumer la graine de chanvre sont prohibés dans toute l’Égypte. Les fumeurs et les buveurs de cette plante perdent la raison et souffrent de délires violents durant lesquels ils sont susceptibles de commettre des excès de tous ordres.

Art. 2. La préparation du haschich en tant que boisson est prohibée dans toute l’Égypte, les portes des cafés et restaurants où elle est vendue seront murées et leurs propriétaires emprisonnés pour trois mois.

Art. 3. Toutes les balles de haschich arrivant aux douanes seront confisquées et brûlées publiquement."

De retour d’Égypte en 1801, le médecin René-Nicolas Dufriche Desgenettes présente à l'Académie des sciences, les premiers échantillons de haschisch ramenés en France (Ganière, 1988 & Riaud, 2010).