Valérie Pécresse : tolérance zéro sauf pour son fils

Lutte contre le cannabis à la région Île de France

En 2016, Valérie Pécresse était déjà présidente de la région Île de France. La région étant en charge des lycées, Valérie Pécresse , préoccupée par les problème de sécurité et de santé publique, avait décidé de tester la consommation de cannabis chez tous les lycéens d’île de France.

La mesure faisait partie de son programme de candidate à la présidence de la région en 2015 « La consommation de drogue a pour conséquence la démotivation, le décrochage et l'échec scolaire. Lutter contre l'usage de la drogue chez les mineurs c'est ma responsabilité de candidate. Si un lycéen refuse, il sera considéré comme positif.» avait expliqué Valérie Pécresse au journal Le Parisien.

« 10 % des jeunes d’Ile-de-France fument plus d’un joint par jour » avait déclaré Agnès Evren, vice-présidente chargée de l’éducation à la région, lors de l'adoption de la proposition de financement des tests salivaires pour les lycéens. Valérie Pécresse voulait créer un véritable fichier de consommateurs de cannabis en Île de France. Elle n'avait pas précisé à l'époque quelles étaient les sanctions prévues pour les personnes testées positives ni à qui devaient être envoyés ces résultats.

Ce dispositif anti-cannabis, qui faisait partie de ses mesures phare, avait finalement été retoqué par le préfet de région, Jean-François Carenco. Le préfet avait considéré que la mesure ne faisait pas partie des compétences du conseil régional et le projet avait été abandonné.

Arrestation de Clément Pécresse

Le 22  septembre 2016, un événement est venu entacher ce beau discours prohibitionniste. Clément Pécresse, le fils de Valérie Pécresse alors âgé de 18 ans, est interpellé à Paris avec 3 grammes de résine de cannabis et un joint pré roulé.

Interpellé en flagrant délit de roulage de joint, son dossier avait été transmis au parquet de Versailles. Le jeune Pécresse avait été placé en garde à vue au commissariat du 15eme arrondissement de Paris pendant sept heures et sa chambre d’étudiant avait été perquisitionnée.  

Valérie Pécresse avait alors dénoncé un complot du gouvernement socialiste. « Valérie Pécresse demande le respect de la vie privée pour son fils majeur et pour sa famille. La loi s’applique à lui comme elle s’applique à tous » avaient déclaré ses proches au site internet BuzzFeed.

Ambition intime

En novembre dernier, Valérie Pécresse est revenu sur cet épisode dans l’émission " Ambition intime " sur la chaine de télévision M6. Valérie Pécresse s’est confié à l’animatrice Karine Lemarchand. La candidate LR s’est alors plaint du traitement réservé à son fils.  

« Il a quand même fait sept heures de garde à vue et ils ont perquisitionné sa chambre d’étudiant. Ils ont monté l’affaire en épingle (des élus politiques). Ça a fait l’objet d’un traitement spécifique, y compris des fuites dans les journaux pour expliquer des tas de choses horribles et faire courir le bruit. Toujours le même sujet : mauvaise mère ! » a raconté Valérie Pécresse à l’animatrice.

A l'époque, Valérie Pécresse était surtout préoccupée par sa carrière politique. La nouvelle avait fait le tour des médias et avait été récupéré par ses opposants politiques. Cet événement aurait pu entraver son irrésistible ascension mais Valérie Pécresse n'en a pas voulu à son fils. « Quelques années plus tard, je lui ai dit : "On a été cools avec toi, on ne t'a pas embêté"  et il a répondu : "Mais tu sais, maman, si vous n'aviez pas été cools, moi j'étais prêt à aller me jeter dans la Seine tellement j'étais mal. " Tout ce qui lui est arrivé, c’est à cause de moi. Il n’y a pas un autre enfant qui a vu son nom tourner en boucle sur toutes les chaines info. »

Le traitement réservé au fils de Valérie Pécresse est celui que subissent chaque jour de nombreux consommateurs de cannabis. Il ne s’agit pas d’un traitement particulier. Une garde à vue de sept heures ou plus pour 3 grammes de cannabis est un chose habituelle. Une perquisition du domicile pour seulement 3 grammes était exceptionnelle à l’époque mais est devenu habituelle depuis l’arrivée de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur.

Valérie Pécresse toujours opposée à la légalisation

Valérie Pécresse voudrait peut-être un traitement de faveur pour son fils mais, comme la plupart des politiques de droite, elle affirme lutter contre le trafic et la consommation de cannabis et reste opposée à toute forme de légalisation ou de dépénalisation.

Invitée de Sonia Mabrouk dans l’émission " Le grand rendez-vous " sur la radio Europe 1 le 25 avril dernier, elle a rappelé sa position sur le sujet avec des arguments assez faibles. « C’est une substance mauvaise pour la santé. La légalisation ferait sauter l'interdit sur la drogue. ».

« Si on légalise le cannabis, on légaliserait à un certain taux de THC, un certain taux de drogue. Que feront les dealers ? Ils ne vont pas se faire priver de leurs revenus, donc ils iront dealer autre chose. Il y a une "imbrication des réseaux mafieux entre le trafic de drogue, le grand banditisme et le terrorisme. »

Valérie Pécresse veut donc lutter contre le trafic mais également contre la consommation de cannabis et des autres drogues illégales. « Je suis pour l'amende pénale éventuellement inscrite au casier judiciaire. Il faut taper au portefeuille les consommateurs et il faut arrêter de faire des procédures judiciaires qui duraient des années et qui aboutissaient à des rappels à la loi. »

Le congrès des Républicains

Le congrès des Républicains 2021 a permis de désigner la candidate à la présidentielle 2022. Seuls les membres du parti avaient la possibilité de voter. 113 038 personnes ont voté au 1er tour et 114 765 ont voté au second tour.

Valérie Pécresse a gagné le second tour contre Eric Ciotti avec 60,95 % des voix. Les débats télévisés ont été axés sur la sécurité et l’immigration. Dans le domaine de la sécurité, les 5 candidats ont cherché à proposer des mesures les plus sévères possibles pour plaire à un électorat conservateur.

La candidate à la présidence propose de « territorialiser le peines ». Cela signifie que si le délit est commis dans un quartier dit difficile, la peine encourue sera plus importante. Elle propose la création de de "brigades coups de poing" dans les quartiers identifiés comme des " zones de non-droit ". Ces brigades seront composées de policiers, de douaniers et de juges et seront renforcés par la présence de l'armée.

Le nouveau Charles Pasqua

Les plus anciens d’entre nous se rappellent peut-être du terrible Charles Pasqua. Cet ancien commercial de la maison Ricard, soupçonné d’avoir fait partie de la French Connection, a été le ministre de l’intérieur de Jacques Chirac et d’Edouard Balladur, pendant les périodes de cohabitation dans les années 80 et 90. Charles Pasqua est resté le modèle du ministre de l’intérieur, premier flic de France très sévère, impitoyable avec tous les délinquants, petits ou grands.

Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti est considéré par les Républicains comme le nouveau Charles Pasqua. Obsédé par la sécurité, Eric Ciotti est considéré par ses opposants comme un extrémiste de droite. Arrivé en tête au premier tour du congrès des Républicains, Eric Ciotti participera activement à la campagne présidentielle et pourrait devenir, en cas de victoire, ministre de l’intérieur de Valérie Pécresse.

Eric Ciotti se distingue par ses propositions en matière de sécurité. Il y a quelques mois, il avait proposé d’augmenter l’amende forfaitaire pour usage de cannabis, de 200 à 1000 Euros. Si elle est mise en place, le fils de Valérie Pécresse appréciera t-il cette nouvelle mesure ?

Les enfants stoners des politiques

Les consommateurs de cannabis, enfants des responsables politiques français, pourront t-ils influencer leurs parents pour les politiques anti-drogue ? Des photos du fils ainé d’Eric Zemmour avec un t-shirt imprimé cannabis circulent actuellement sur les réseaux sociaux et il pourrait donc être lui aussi un consommateur. Est-ce pour cette raison que le candidat d’extrême droite a créé la surprise en faisant part de son intérêt pour la légalisation du cannabis il y a quelques mois sur la chaine C News.  Rappelons qu’Eric Zemmour n’a toujours pas fait son choix définitif sur la légalisation du cannabis.