Les principaux arguments en faveur de la légalisation

Olivier F
17 Dec 2025

En France, la repression contre les consommateurs de cannabis s’intensifie. Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de l’amende forfaitaire pour consommation de stupéfiants. En Allemagne, le cannabis est partiellement légalisé mais la France continue sa politique prohibitionniste. Quels seraient les avantages de la légalisation ?


Liberté individuelle

C’est le principal argument en faveur de la légalisation. Choisir sa drogue ou son médicament devrait être une liberté essentielle. Il y a bien sûr la notion de nuisance à autrui. Mais les nuisances provoqués par la prohibition ne doit pas être confondues avec celles des drogues elles-mêmes. Le cannabis, contrairement à l’alcool, provoque très peu de nuisances à autrui.

Le cannabis moins dangereux que l’alcool

En s’opposant au cannabis et en faisant la promotion de l’alcool, les prohibitionnistes s’opposent à la science. La quasi-totalité des spécialistes des drogues et des addictologues considèrent que l’alcool est beaucoup plus dangereux que le cannabis. L’alcool est pourtant en vente libre et la plupart des français en consomment au moins occasionnellement. L’alcool provoque beaucoup de violence et d’accidents, parfois mortels. Il provoque plusieurs maladies qui entrainent la mort de de 41 000 personnes chaque année.

Avantages financiers

Pour lutter efficacement contre le marché noir, le cannabis légal ne devra pas être taxé excessivement. Mais il permettra de créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois et des charges seront donc payées à l’état. De plus, la légalisation permettrait de libérer du temps pour les forces de l’ordre qui n’auront plus besoin de contrôler et de sanctionner les consommateurs. Les policiers, les gendarmes et les douaniers  pourront donc se consacrer à d’autres taches plus importantes. Et il sera même possible de diminuer les effectifs. Le cannabis a des propriétés thérapeutiques intéressantes. Son utilisation pour de nombreuses pathologies pourrait remplacer des médicaments aux effets secondaires nocifs er permettrait à l’Assurance maladie de faire des économies. Avec la légalisation, l’état pourra économiser beaucoup d’argent.

Le cannabis fait partie de la culture française

C’est l’un des arguments des prohibitionnistes. Le cannabis serait interdit car, contrairement à l’alcool, il ne ferait pas partie de la culture française. Ce n’est évidemment pas le cas. On a trouvé des traces de cannabis dans la tombe d’un Gaulois aux environs de Clermont-Ferrand. Le chanvre est cultivé depuis longtemps pour sa fibre. Le livre d’Alexis Chanebau « Mémoires du chanvre » répertorie les nombreuses communes françaises ou lieux-dits dont le nom vient du chanvre comme la « Rue Canebière » à Marseille. De grands écrivains français comme Charles Baudelaire ou Théophile Gautier ont écrit sur le cannabis. Avec d’autres artistes et écrivains, ils faisaient partie du « Club des Hashischins », sorte de cannabis club expérimental ouvert entre 1944 et 1949. C’est bien sûr dans la musique que l’on trouve de nombreuses références au cannabis. Les personnalités préférés des français comme Yannick Noah, Florent Pagny ou Johnny Hallyday consomment ou ont consommé du cannabis. Au cinéma, la quasi totalité des comédies française contiennent des scènes de consommation de cannabis. Comme le vin, cannabis fait définitivement partie de la culture française.

Tous les consommateurs ne vont pas sur les points de deal

De nombreux consommateurs ont choisi de cultiver leur propre cannabis et n’ont aucun contact avec le crime organisé. Dans les années 2000, les pénuries ou la mauvaise qualité des produits du marché noir ont  incité les amateurs de cannabis à se lancer dans l’autoproduction. De nombreuses personnes se sont découvert une passion pour la botanique. Le grand public l’ignore souvent mais il existe des passionnés de cannabis comme il existe des œnologues pour le vin. Il existe des salons, des cannabis cups, des banques de graines. De nombreux français se sont expatriés pour pouvoir travailler légalement dans le domaine du cannabis et vivre de leur passion. Il existe d’autres moyens pour se procurer du cannabis sans avoir de contact avec le marché noir. Il est possible d’acheter du cannabis dans les coffeeshops hollandais ou dans les CSC en Espagne et de le ramener en France. Les personnes qui se rendent sur les points de deal n’ont souvent pas d’autre choix et préféreraient se rendre dans de magasins légaux. Parmi ces personnes, il y a de nombreux usagers thérapeutiques qui n’ont pas accès à un traitement. La légalisation entrainerait la fermeture de nombreux points de deal.

Sécurité routière ; une loi très injuste

C’est dans le domaine de la sécurité routière que la discrimination des usagers de cannabis est la plus flagrante. Selon la sécurité routière, moins de 0,5 grammes d’alcool par litre dans le sang multiplie le risque d’accident mortel par 2. Mais aucune sanction n’est appliquée. Pour le cannabis, la sécurité routière considère que le risque est multiplié par 2 quel que soit le taux. Mais un test salivaire positif entraine un retrait de permis immédiat et un passage devant le tribunal. Pour l’alcool, une sanction identique est appliquée seulement si le taux dépasse 0,8 grammes par litre dans le sang. Le risque d’accident mortel est alors multiplié par 10. La même sanction est donc appliquée avec un risque x 2 pour le cannabis et x 10 pour l’alcool. Comment justifier une telle injustice ?

Interprétation erronée des statistiques sur le cannabis au volant

C’est également l’un des principaux arguments des prohibitionnistes. Le cannabis provoquerait de nombreux accidents sur le route. Un document très interessant de l’OFDT (Observatoire français des drogues et tendances addictives) remet en cause les chiffres de la sécurité routière qui justifient la prohibition. Selon l’OFDT, les décès ne peuvent pas être imputés au cannabis car les tests ne sont pas assez précis et ne permettent pas de savoir si la personne vient de consommer ou en a consommé il y a plusieurs semaines. De plus, on parle de personnes  impliquées dans un accident. Elles ne sont donc pas forcément responsables de l’accident mais peuvent également être victimes. L’alcool, par contre, provoque de nombreux accidents mortels mais n’est pas totalement interdit comme le cannabis.

Dépénalisation et légalisation

Le cannabis devra d’abord être dépénalisé, puis légalisé. Une dépénalisation immédiate permettrait de réconcilier la police avec une partie de la population. Une petite quantité de cannabis pourrait être autorise pour la consommation personnelle et le transport. En cas de dépénalisation, la culture de plusieurs plantes ou d’une petite surface devra être autorisée. La détention d’une quantité limitée ne sera plus sanctionnée, même d’une amende. Il ne faut pas confondre dépénalisation et contraventionalisation, comme Emmanuel Macron. Tout le monde ne peut pas cultiver et dans un deuxième temps, la légalisation permettra  l’ouverture de boutiques ou cannabis clubs. La légalisation devra être mise en place après de longues discussions et nous devrons nous assurer qu’elle profite aux petits cultivateurs et non aux multinationales. Pour le cannabis au volant, des tests comportementaux pourraient être mis en place pour remplacer les tests salivaires pas suffisamment précis.

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Olivier F