Des traces de cannabis dans la sépulture d’un gaulois

Olivier F
18 Jul 2022

Les gaulois étaient-ils des consommateurs de cannabis ? En 2015, des fouilles archéologiques aux environs de Clermont-Ferrand ont permis de découvrir des traces de cannabis dans la tombe d’un gaulois ou d’une gauloise d'une trentaine d'années, datant du IIe siècle avant J.-C.


En 2015, des fouilles archéologiques sont été menées sur le site de la ZAC des Montels III sur la commune de Cébazat dans le Puy-de-Dôme. En 2018, les résultats de ces fouilles ont été présentées lors d’une exposition appelée « Sortie de fouilles »  au musée Bargoin de Clermont-Ferrand.

Hervé Delhoofs, l'archéologue responsable des recherches, a découvert deux vases dans une tombe, dont l’un contenant des traces de cannabis. Il pourrait s’agir de vin infusé au cannabis.

« Nous avons trouvé ces deux récipients dans la sépulture d'un ou d'une Gauloise d'une trentaine d'années, du IIe siècle avant J.-C. C'est la première fois en Europe que l'on identifie du Cannabis sativa dans une tombe » a déclaré le chercheur en archéologie Nicolas Garnier au journal Le Parisien.

Il s’agit de l’une des plus anciennes traces de cannabis en Europe occidentale. « C'est très rare, mais nous avons trouvé des psychotropes. Des traces de cannabis ont été analysées » a déclaré Marie Bèche-Wittmann, la directrice adjointe du musée Bargoin.

La potion magique des gaulois contenait-elle du cannabis ? « La recherche de l'effet psychotrope n'est pas prouvée par la seule présence de cette plante. Après, le chanvre, ce n'est pas innocent et peut-être que dans ce cas, les Gaulois recherchaient ces effets-là » a expliqué le professeur d'archéologie à l'université Lyon II Matthieu Poux au journal Science et Avenir. « De manière générale, concernant les vins antiques, les différentes recettes qui nous sont parvenues et les analyses qui ont été menées montrent que pratiquement toutes les plantes aromatiques ont été testées »

Des traces plus anciennes d’un usage psychoactif du cannabis ont été découvertes dans d’autres régions du monde. En 2019, un article du journal Sciences Advance a révélé la présence de cannabis dans des tombes d’un cimetière situé sur le plateau de Pamir à 3000 mètres d’altitude à la frontière de la Chine et du Tadjikistan. Le cannabis aurait été utilisé dans des rites funéraires il y a environ 2500 ans.

« Les preuves archéologiques de la consommation ritualisée de cannabis sont limitées et controversées. Ici, nous présentons certaines des premières preuves directement datées et scientifiquement vérifiées pour l’usage rituel du cannabis. Cette analyse phytochimique indique que des plants de cannabis ont été brûlés dans des braseros en bois lors de cérémonies mortuaires au cimetière de Jirzankal dans la région orientale du Pamir. » expliquent les auteurs de l’étude dans le journal Sciences Advance.

Les scientifiques ont découvert dix braseros en bois, répartis dans huit tombes du cimetière de Jirzankal, également connu sous le nom de cimetière de Quma. « Ces brûleurs en bois n'étaient associés à aucun vestige macrobotanique et leur utilisation immédiate n'était pas claire. Le cimetière de Jirzankal date d'environ 2500 ans et contient une culture matérielle qui relie les occupants aux peuples plus à l'ouest dans les contreforts des montagnes.»

Le chercheurs ont extrait de la matière organique des 10 brasiers en bois et de 4 pierres brulées. Les analyses ont été effectués par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse (GC-MS). Des biomarqueurs de cannabis ont été découverts sur la couche carbonisée interne d'un des récipients. D’autres analyses ont montré la présence de CBN, un cannabinoïde issu de l’oxydation du THC, sur le récipient en bois.

En 2020, une autre étude publiée dans le journal de l’Institut d’archéologie de l’université de Tel Aviv a révélé la présence de traces de cannabis dans un sanctuaire de 2800 ans en Israël.

Deux monolithes de calcaire, identifiés comme des autels, ont été découverts dans le sanctuaire de Tel Arad. Les scientifiques ont trouvé des matières organiques sombres non identifiés qui étaient conservées sur les surfaces supérieures. Les résidus organiques ont été analysés dans deux laboratoires différents qui utilisaient des méthodes similaires. Deux petites dépressions sur chaque pilier ont permis la  conservation des matières organiques pendant près de 2800 ans.  

Sur le plus petit autel, les analyses ont détecté des résidus des cannabinoïdes delta 9-tétrahydrocannabinol (THC), cannabidiol (CBD) et cannabinol (CBN). Les analyses ont également révélé la présence de terpènes et de terpénoïdes.

Sur le grand autel, les analyses ont révélé la présence de triterpènes comme l'acide boswellique. Le cannabis aurait pu être mélangé à de la graisse animale pour faciliter l’évaporation. Les analyses ont détecté la présence de graisse animale dans des composés apparentés tels que la testostérone, le cholestérol et l'androstènedione.

Aucun pollen ou graine de cannabis n’ayant été découvert dans la région, les chercheurs pensent que le cannabis, qui était probablement utilisé pour des rites religieux, était importé sous forme de résine.  

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Olivier F