Un Poitevin au Québec Part 4

Fabrizio Dentini
27 Feb 2024

Nous voici au quatrième et dernier chapitre de cette saga dans laquelle Xavier Magrino partage ses impressions en tant que grower français émigré au Canada. aujourd’hui, coïncidant avec le cinquième anniversaire de la Loi sur le cannabis, célébré le 18 octobre dernier, nous tenterons de mieux comprendre la vie d’un producteur et consommateur de cannabis dans cette province canadienne.


Au cours de ces années, quelles sont les génétiques, parmi celles que vous avez produites, qui t’ont le plus impressionné ?

Il y a deux génétiques qui m’ont vraiment surpris et que nous avons cultivées de façon commerciale. Dans la première production où j’ai travaillé, ça serait le Purple Mountain Majestic. Une génétique censée être une plante THC mais où nous avons eu un phénotype THC/CBD ratio 1:1. Un gout de tarte aux bleuets incroyable et un effet vraiment très agréable. Dans la compagnie où je suis actuellement, je dirais le Cuban Linx. La qualité du phéno est incroyable, les buds sont vraiment très gros, c’est un phéno qui a beaucoup de qualité et l’odeur est WOW avec un très haut taux de terpènes. Cette variété est dans mon top 5 de mes variétés favorites.

L’interdiction de cultiver quatre plants à la maison est-elle toujours valable au Québec ?

Le Québec et le Manitoba sont les deux seules provinces au Canada à avoir complètement interdit la culture personnelle de cannabis. Le gouvernement actuel en place au Québec, n’est pas le plus gros partisan de la légalisation. La seule solution pour avoir le droit de cultiver du cannabis chez soi c’est d’obtenir un permis ACMPR [Ndr. Access to Cannabis for Medical Purposes Regulations] autorisant à cultiver un certain nombre des plantes à des fins médicales.

D’autres limitations plus restrictives que dans le reste du pays ?

Ici, la promotion et le merchandising du cannabis sont illégaux. Par contre, ceux de l’alcool restent légales. Au Québec, les produits de plus de 30% de THC sont interdits, mais ils sont autorisés par toutes les autres provinces. La vente est dirigée par la Société québécoise du cannabis [NDR. SQDC] sous régime de monopole et les magasins de ventes privée sont interdits alors qu’ils sont autorisés dans presque toutes les autres provinces. Autre chose assez « spéciale », tu peux aller dans une SAQ [Ndr. Société des alcools du Québec et uniques magasins d’état où on peut acheter l’alcool plus fort que du vin] avec ton enfant peu importe son âge, mais tu ne peux pas aller dans une SQDC avec ton enfant. Alors que dans une SAQ, l’enfant peux voir les alcools, les toucher, voir des dégustations, mais il ne peut pas accompagner ses parents dans un magasins où il y a uniquement des sacs ou petites boites où l’on ne voit pas les fleurs à l’intérieur. Il n’y a pas de photos de plantes non plus.

Sachant que nous venons de fêter le 5ème anniversaire de la légalisation, penses-tu que ces restrictions vont s’assouplir à l’avenir ?

J’imagine que cela changera avec le temps, la légalisation est quelque chose de récent sur la planète, il y a encore beaucoup de mauvais préjugés donc soyons patients, chaque chose en son temps.

Comment achètes-tu du cannabis pour la consommation personnelle ? Es-tu toujours concentré sur la combustion ou tu préfères les produits à base de cannabis 2.0 ?

Personnellement, j’achète mon cannabis à la SQDC ou alors au médical, avec prescription dé-livrée par un professionnel de la santé accrédité par Santé Canada et sur un site internet. Hors prescription médicale au Québec on ne peut pas acheter du cannabis sur des sites internet des autres provinces. Après, on peut aussi commander dans des MOM (site internet du marché « gris ») mais je ne l’ai pas fait.

Même si les prix sont attrayants, ce n’est parfois pas top en qualité et pas très autorisé par la loi. Je ne veux pas avoir de soucis qui pourrait avoir un impact dans ma vie professionnelle. Je n’ai pas spécialement de préférence pour acheter mon cannabis. Au médical, j’ai accès à des produits supérieur à 30% de THC, comme différentes extractions, les vapes, beaucoup plus de produits comme des crèmes, gélules, consommable (bonbon, chocolat …). Mais j’y commande aussi des fleurs et j’aime bien aller à la SQDC et demander à tester les produits de nos excellents producteurs québécois. Il y a vraiment de très bons produits qui ont été cultivés au Québec. Perso, je suis plus fleurs, fumer unpetit joint pour relaxer le soir après le travail. Je ne suis pas un consommateur de grosse extraction, j’aime bien le hash de temps en temps ou des vape pens.

Nous remercions Xavier Magrino pour sa disponibilité qui nous a permis, au cours de ces quatre chapitres, d’avoir une impression directe des opportunités socio-économiques que la régulation du cannabis a favorisé dans l’immense pays des érables.

Chapitres précédents

Un Poitevin au Québec Part 1

Un Poitevin au Québec Part 2

Un Poitevin au Québec Part 3

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Fabrizio Dentini