Le HHC, un cannabinoïde controversé
L’hexahydrocannabinol ou HHC est un cannabinoïde présent en petite quantité dans les graines de cannabis ou le pollen. Il peut également être synthétisé par hydrogénération d’extraits de cannabis. Il est actuellement vendu dans certains magasins de CBD sous différentes formes.
Le HHC a créé la polémique ces derniers mois. Il s’agit d’un cannabinoïde naturel mais présent dans des quantités infimes dans les graines et le pollen produit par les plants de cannabis mâle. Mais, comme d’autres cannabinoïdes, le HHC est présent en quantités trop faibles pour être extrait naturellement. C’est pour cette raison que les produits vendus en ligne ou dans les magasins sont toujours le résultat de l’hydrogénération. On peut donc considérer le HHC comme un cannabinoïde semi-synthétique dérivé du cannabis naturel. L’hexahydrocannabinol se lie au recepteur CB1 mais avec une affinité plus faible que le THC.
Nous avons peu d’information sur les techniques de fabrication ou la composition exacte des produits à base de HHC vendus dans les magasins. Les produits HHC sont vendus sous forme de fleurs ou de résine CBD sur lesquels ont été pulvérisé du HHC. Il existe également, comme pour le CBD, de l’huile de HHC et du liquide pour cigarettes électroniques.
Selon certains consommateurs, ses effets seraient proches du THC en moins fort. Le HHC se situerait entre le CBD et le THC. Il est principalement consommé dans un but récréatif Pour de nombreux consommateurs de cannabis, il ne présente aucun intérêt. En France, le HHC est actuellement dans une zone grise.
L’hexahydrocannabinol ou HHC a été identifié pour la première fois par Roger Adams en 1944. Roger Adams est un chimiste qui a beaucoup travaillé sur le cannabis. Le résultat de ses recherches a été publié dans un document, disponible en ligne et intitulé « Marihuana active compounds »
Il était alors employé par le gouvernement américain qui l’autorisait à étudier le cannabis. Le but du gouvernement prohibitionniste de l’époque et du premier commissaire du Federal Bureau of Narcotics Harry J. Anslinger était de découvrir le principe actif du cannabis pour mieux prouver sa nocivité. Roger Adams a découvert le CBD en 1940. Rapahel Mechoulam a été le premier à identifier et à isoler le THC en 1964 mais Roger Adams a été le premier à le synthétiser.
Il est possible d’utiliser différents extraits de cannabis pour l’hydrogénération mais le HHC est la plupart du temps synthétisé à partir du delta 8-THC ou du delta 9-THC (appelé couramment THC). Certains chercheurs ont réussi à synthétiser le HHC avec du citronellal, un aldéhyde monoterpénique que l’on trouve en grande quantité dans la citronnelle, et de l’olivetol, un composé de la famille des alkylrésorcines, que l’on trouve dans certaines espèces de lichen. Comme le CBN, le HHC peut aussi être le résultat de la dégradation du THC.
Le HHC a de nombreux analogues qui se lient également au récepteur CB1.Le THC a plus d’affinité avec le récepteur CB1 que le HHC. Il a un effet moins fort que le THC mais sa durée d’action serait plus longue. Le HHC est probablement moins dangereux que les néo cannabinoïdes de synthèse mais il ne s’agit pas d’un produit totalement naturel. Ses effets sont différents de ceux du Spice ou du K2.
Dans un récent communiqué, l'Union des professionnels du CBD (UPCBD) s’est prononcé contre la commercialisation du HHC : « Apparu récemment sur le marché français, le HHC (hexahydrocannabinol) présente des caractéristiques qui doivent inciter à la plus grande prudence. Cannabinoïde semi-synthétique développé en laboratoire, le HHC n'a fait l'objet d'aucune étude ni essai clinique permettant d'en identifier et d'en mesurer les effets à court, moyen et long terme. »
Le HHC pourrait présenter certains risques : « Il apparaît d'ores et déjà qu'il induit un effet psychotrope semblable à celui du THC et pourrait, selon la FDA, avoir des effets indésirables sérieux. Les éventuels avantages thérapeutiques ne sont pour l'heure pas documentés. »
L’un des objectifs de l’UPCBD est de protéger les consommateurs : « La sécurité des consommateurs et l'innocuité des produits qui leur sont vendus est une préoccupation centrale de l'UPCBD. Or, s'agissant du HHC, nous constatons qu'il est impossible de certifier une consommation sans danger pour les utilisateurs, et ce d'autant que la composition et la traçabilité des produits qui en contiennent apparaissent invérifiables. »
L'Union des professionnels du CBD recommande donc de ne pas vendre ni consommer de produits contenant du HHC. « Notre action consiste aussi à protéger la filière des cannabinoïdes et à inscrire dans la durée sa réputation de sérieux et le sens des responsabilités de ses acteurs. Pour toutes ces raisons, nous demandons à nos adhérents et aux consommateurs qui nous soutiennent et nous suivent, de ne pas acheter, ni vendre ou ni consommer les produits à base de HHC. »
Olivier F