Les cannabinoïdes semi-synthétiques : HHC, H4CBD et THCP
En juin dernier le HHC, le HHCP et le HHCO ont été interdits par l’ANSM (Agence de sécurité du médicament). Le H4CBD et le THCP sont venus les remplacer suite à l’interdiction.
L’hexahydrocannabinol (HHC) est un cannabinoïde secondaire découvert par le chimiste américain Roger Adams dans les années 40 mais il a commencé à être vendu en France en 2022 pour seulement quelques mois. Durant cette période, le HHC était dans une zone grise. Moins fort que le THC, mais plus fort que le CBD, le HHC a su trouver sa clientèle grâce à la prohibition mais aussi grâce à ses qualités propres, pour certains consommateurs à la recherche de produits plus light.
Le HHC est présent à l’état naturel dans les graines et le pollen des fleurs mâles de cannabis dans des quantités infimes qui ne permettent pas de faire des extractions. Le HHC est donc vendu sous sa forme semi-synthétique. Il est fabriqué grâce à l’hydrogénation d’extraits de THC et de CBD. Il est ensuite pulvérisé sur des fleurs ou de la résine CBD.
Un rapport sur le HHC
Certains professionnels du chanvre se sont réjouis de l’interdiction du HHC, un produit considéré comme peu sûr qui aurait pu nuire au développement du secteur. D’autres professionnels déplorent cette interdiction, le HHC représentant avant son interdiction une bonne partie du chiffre d’affaire de certains revendeurs. Le HHC était une alternative pour ceux qui recherchent des produits légaux, en attendant la légalisation du vrai cannabis THC.
Labostark a publié au début de l’année, avant l’interdiction, un rapport sur le HHC. Labostark est adhérent au Syndicat des professionnels qui recommande de ne pas vendre ni consommer les produits à base de HHC.
Le rapport nous alerte sur les dangers du HHC : « De façon globale, ces voies de synthèse, si mal exécutées, génère en fin de production : résidus de solvants (acide acétique, acide paratoluènesulfonique, etc.), traces de métaux (Palladium ou Nikel ou du Platine) et autres (dans le cadre de la synthèse totale ; il est possible de trouver des composés organolithiés, méthanol, chloroforme, résidus de colonne de chromatographie, etc.) »
Labostark déconseille la consommation du HHC : « Sa synthèse faisant appel à des produits intermédiaires dangereux, nocifs, voire CMR (ndr : cancérigène, mutagène, reprotoxique) et les moyens de purification étant à ce jours inconnus car non mis à disposition par les distributeurs, des effets secondaires inattendues peuvent être présagés. La plus grande méfiance est donc de guise. »
Une requête au Conseil d’Etat
Une requête des sociétés MYBUD et CMCMRS Distribution a été enregistrée le 23 juin dernier au secrétariat du contentieux au Conseil d’Etat. Les entreprises demandent à titre principal, la suspension de la décision du 12 juin 2023 de la directrice générale de l’ANSM. A titre subsidiaire, ils demandent à l'administration de prévoir des mesures transitoires leur permettant de s'adapter à la nouvelle réglementation.
Les requérants remettent en cause la légalité de cette décision. De plus, l’interdiction a commencé dès le lendemain de la décision ce qui n’a pas laissé le temps aux revendeurs d’écouler leur stock. « Le classement immédiat du HHC comme stupéfiant méconnaît leur droit de propriété sur les stocks qu'elles ont constitués dès lors qu'il n'est pas justifié par des considérations de santé publique suffisamment fiables et documentées scientifiquement. »
H4CBD
Le H4CBD est le principal remplaçant du HHC. Certains revendeurs en ligne se sont contentés de rempalcer le mot « HHC » par « H4CBD » dans la description de leurs produits. Le H4CBD a été découvert le chimiste britannique Alexander R. Todd le chimiste Todd et son équipe en 1940.
Le H4CBD est un cananbinoîde semi-synthétique, lui aussi issu de l’hydrogénation mais uniquement à partir d’extractions de CBD. Comme son nom l’indique, 4 atomes d’hydrogènes ont été rajoutés. Comme le HHC, il est principalement consommé pulvérisé sur des buds ou du hasch CBD.
Ses effets sont différents de ceux du HHC. Le H4CBD est une sorte de CBD surboosté. Selon un étude de 2007 publiée dans le Journal of Medical Chemistry, il serait 100 fois plus puissant que le CBD. Le H4CBD a plus d’affinités avec le récepteur CB1 et aurait donc des effets médicaux plus importants. Le H4CBD provoque moins d’effets psychotropes que le HHC.
THCP
Le Tetrahydrocannabiphorol (THCP) était considéré comme une sorte de THC synthétique mais en 2019, le chercheur italien Giuseppe Cannazza et son équipe ont réussi à l’identifier et à l’isoler à partir de plants de cannabis.
Produit en laboratoire à base d’extraits de CBD ou de THC à l'aide de précurseurs chimiques, le THCP aurait un effet plus puissant et plus long que celui du THC. Il intéresse en particulier les usagers de cannabis récréatif. Comme le HHC et le H4CBD, il est vendu sous différentes formes et dosages à des prix abordables.
Tous ces produits sont considérés comme du cannabis semi-synthétique et ne doivent pas être confondus avec les néocannabinoïdes de synthèse, comme le Spice ou le K2, qui sont beaucoup plus dangereux.