Le grand retour du cannabis dans la pharmacopée française

Soft Secrets
28 Mar 2021

De la weed disponible sur ordonnance dans les pharmacies ! Après de longues décennies d’absence, le cannabis thérapeutique est enfin de retour en France. L’expérimentation du cannabis à usage médical a officiellement commencé ce vendredi 26 mars.


Par Olivier F

Maintes fois annoncée et reportée, cette expérimentation concerne seulement 3000 patients et 5 pathologies. 200 centres de références reparties dans 170 hôpitaux participent à l’expérimentation.

La première prescription officielle a eu lieu ce vendredi dans le service du Professeur Nicolas Authier au CHU de Clermont-Ferrand en présence du ministre de la santé Olivier Véran. Nicolas Authier a été le président du Comité scientifique temporaire de l’ANSM (Agence nationale de la sécurité des médicaments) sur le cannabis à usage médical qui a autorisé cette expérimentation. Cette première prescription était pour un patient souffrant de neuropathie centrale.

« Le déploiement effectif se fera à partir de lundi, dans d’autres hôpitaux de référence où des médecins spécialistes (douleur, cancérologie, neurologie, épilepsie, sclérose en plaques, soins palliatifs) ont déjà été formés » a déclaré la directrice du projet à l’ANSM Nathalie Richard.

Le cannabis sera disponible en pharmacie avec différents ratios THC/CBD (dominant THC, dominant CBD et équilibré) et différentes formes (fleurs, gélules, huiles ou solution buvable). Les fleurs sont uniquement destinés aux infusions ou à la vaporisation, les médecins ne recommandant pas la consommation sous forme de joints. Le cannabis sera produit par les entreprises sélectionnées par l’ANSM et fourni gratuitement pendant toute la période de l’expérimentation.

Olivier Véran lui-même, devant l’équipe du Professeur Authier et des médecins spécialistes de la douleur, a rappelé son expérience avec le cannabis médical en tant que médecin, lorsqu’il était neurologue à Grenoble : « Certains patients n’arrivaient pas à être soulagés avec les traitements habituels. Des patients qui avaient des douleurs tellement fortes qu’on les hospitalisait en neurologie. Un jour, un patient qui avait des douleurs quasi suicidaires n’est pas venu pendant trois mois. Je l’ai recontacté et il m’a dit qu’à sa grande surprise, quelqu’un lui avait fait vaporiser du cannabis. Il n’a plus eu mal pendant trois semaines. »

Très critiqué pour sa gestion de la crise du Covid et pour son autoritarisme, Olivier Véran défend depuis longtemps l’usage médical du cannabis : « C’était un de mes engagements de médecin, je l’ai porté à l’assemblée nationale en tant que député, et je suis fier de l’annoncer en tant que ministre : la France expérimente l’usage médical du cannabis. J’étais aujourd’hui au côtes du Pr Nicolas pour la 1ere prescription. » a déclaré le ministre de la santé sur Twitter.

Le lancement de cette expérimentation est un événement historique. En 2013, le décret de la ministre de la santé de l’époque, Marisol Touraine, autorisait la prescription de cannabis médical en France. La plante avait été totalement bannie de la pharmacopée française même dans le cadre d’études scientifiques.

En 2013, on ne parlait pas encore d’expérimentation et l’objectif de ce décret était d’autoriser un médicament appelé Sativex, un spray buccal avec ratio THC/CBD 1:1 destinée aux malades de la sclérose en plaque. Le laboratoire et le gouvernement n’ayant pas réussi à trouver un accord sur le prix du Sativex, la situation est restée la même depuis 2013. Jusqu’à présent, seuls deux médicaments étaient prescrits pour quelques patients dans le cadre très strict d’une ATU (Autorisation temporaire d’utilisation) : le Marinol (THC de synthèse) et l’Epidiolex (CBD).

« C’est un jour important pour l’histoire de la médecine en France. Notre pays, à compter d’aujourd’hui, commence à reconnaître dans le cadre d’un protocole thérapeutique le cannabis comme étant un membre à part entière de la pharmacopée française. C’est une histoire longue dans notre pays que l’histoire de l’usage médical du cannabis qui existe d’ailleurs la plupart des pays européens et qui jusqu’ici, était bloqué dans notre pays. » a déclaré Olivier Véran.

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