L’Appel du 18 Joint à Poitiers

Olivier F
17 Jun 2023

Après la Marche mondiale du cannabis en mai dernier, un autre événement anti-prohibitionniste se déroulera ce 18 juin 2023 à Poitiers : l’Appel du 18 Joint.


L’Appel du 18 Joint a été lancée en 1976 par des journalistes de Libération et d’anciens journalistes d’Actuel. De nombreuses personnalités de l’époque ont signé l’Appel du 18 Joint pour la légalisation du cannabis qui a été lu pour la première fois le 18 juin 1976 par le philosophe François Châtelet devant la statue du botaniste Jean-Baptiste de Lamarck au Jardin des plantes à Paris.

En 1993, le CIRC (Collectif d’information et de recherche cannabique) a relancé l’Appel du 18 Joint qui est devenu un événement annuel. Les années précédentes, le rassemblement a eu lieu dans plusieurs villes françaises. Cette année il se déroulera notamment à Poitiers avec la présence du militant historique et fondateur du CIRC Jean-Pierre Galland, de plusieurs personnalités et artistes.

Le 18 Joint 2023 se déroulera également à Tahiti et à Paris au Parc de la Villette

Programme du 18 Joint 2023 à Poitiers

    14h – 15h30 : Rassemblement place du maréchal Leclerc
    15h30 : Départ du cortège* en direction de l’îlot Tison
    16h15 : Arrivée sur l’îlot Tison
    16h15 – 16h45 : Installation stands et sonorisation pour les artistes et les prises de paroles de nos invités
    16h45 – 17h : Dominique Broc ( co-organisateur et représentant du CIRC) et Jean-Pierre Galland ( écrivain cannabique et cofondateur du CIRC) présenteront leurs remerciements aux invités ainsi qu’aux participants et dévoileront le programme du reste la journée.
    17h – 18h00 : le chanteur Puppa Dready chauffera l’ambiance
    18h – 18h45 : premières prises de parole avec nos invités politiques : sont invités à venir échanger avec nous le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puesch ( EELV), le maire de Châteauroux, Gil Avérous (LR) et le député Christophe Bex (NUPES)
    18h45 – 19h30 : Seconde prise de parole avec nos invités internationaux: Adriaan Bronkhorst ( Pays-Bas), juriste, co-fondateur de l’Institut pour la Paix des Drogues (DPI) viendra parler d’une nouvelle organisation antiprohibitionniste internationale dont le CIRC et DPI sont le point de départ. Il viendra aussi avec une invitée qui arrive tout spécialement d’Ukraine, Iryna Rachynska, pour nous parler de l’urgence en matière de la légalisation du cannabis médical dans son pays en guerre.
    19h30 – 20h15 : conférence de presse et prises de paroles des patients usagers de cannabis médical en France
    20h15 – 21h : musique avec un autre artiste Nantais, Petah Higrade
    21h – 21h30 : Dispersion, rangement et nettoyage des lieux

Communiqué des organisateurs

" Légaliser au lieu de prohiber !
Alors que la prohibition du cannabis dure depuis près de 53 ans, l'Appel du 18 Joint fête cette année ses 47 ans.

En 1976, le texte de l'appel commençait ainsi : « Cigarettes, pastis, aspirine, café, gros rouge, calmants font partie de notre vie quotidienne. En revanche, un simple « joint » de cannabis peut vous conduire en prison ou chez un psychiatre ». Le manifeste demandait « la dépénalisation totale du cannabis, de son usage, sa possession, sa culture (autoproduction) ou son introduction sur le territoire français en quantité de consommation courante ». Le texte précise clairement qu'il n'appelle pas à la consommation mais à la fin d'une politique qui nie le sujet. Les signataires demandaient la mise en place d'une législation identique à celle des Pays-Bas qui tolèrent la vente et la consommation de cannabis depuis 1976. De nombreuses personnalités du monde du spectacle ou des intellectuels ont signé ce texte.
Malheureusement en France, aujourd'hui, rien n'a changé, alors que la prohibition s'écroule un peu partout dans le monde.

Ce cadre légal de la politique de lutte contre les drogues en France, la « Prohibition », a été fixé par la loi du 31 décembre 1970, il y a donc 53 ans cette année.
Si ses modalités d’application ont fait varier le curseur au fil des années entre répression et alternatives aux poursuites, jusqu’à l’instauration de l’AFD (l’amende forfaitaire délictuelle) en 2020, l’interdit et la répression restent la règle.
Cette contraventionnalisation a eut pour effet de repousser, une énième fois, le débat de fond que nous devrions ouvrir sur la légalisation. On a épuisé depuis longtemps la litanie des arguments rationnels, que la plupart des responsables politiques admettent d’ailleurs en privé.
Fondamentalement, nous n’accepterons jamais l’idée de crime sans victime : nous référant à l’excellente définition de notre déclaration des droits humains, dont l’article 4 stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

En ce sens, c’est la prohibition qui est criminelle, en nourrissant trafic et délinquance, tandis que la légalisation respecterait les choix personnels de citoyens adultes. Mais sans même en appeler aux libertés individuelles, de simples considérations de santé publique devraient suffire à emporter la conviction : avec la légalisation vient la régulation, qui permet le contrôle du produit, la protection des usagers, le déploiement de politiques de prévention (en particulier à l’égard des mineurs) et l’assèchement du marché noir.
Sans compter les bienfaits de l’innovation dans un marché légal : les e-cigarettes au THC procurent le même effet relaxant sans le véritable poison qu’est la combustion avec le joint. Et quand on voit l’hystérie qui se propage aujourd’hui sur les réseaux sociaux, nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’un usage raisonné du cannabis serait un bienfait pour le débat public.

Avec le temps qui passe, la philosophie qui a présidé à l’élaboration de la prohibition n’a pas évolué. Et ce, malgré un accroissement des consommations et une évolution notable du rapport sociétal par rapport aux drogues et à leur usage qui conduit, en France comme à l’étranger, à s’interroger sur l’efficacité de la prohibition.

Cette interrogation se cristallise depuis plus de 30 ans sur le cannabis, drogue toujours illicite mais largement consommée, tandis que les produits psychoactifs licites (alcool et tabac), exclus du champ de la loi de 1970, sont de plus en plus reconnus pour leur dangerosité et comme des déterminants très négatifs pour la santé… Cherchez l’erreur !

Mais puisque ce régime qui se revendique pourtant « libéral » semble incapable de prendre à bras-le-corps un tel sujet de société, nous dénonçons aujourd’hui le statu quo et plaidons pour la légalisation du cannabis. Face à de mauvaises lois, la société a développé une forme d’hypocrisie privatrice de liberté et meurtrière.

Les cinq millions de consommateurs annuels de cannabis ne sont, à de regrettables exceptions près, pas inquiétés par la police et encore moins par la justice. Avant de les reconnaître, voire de les dédommager comme c’est aujourd’hui le cas aux États Unis (où les licences de vente au détail sont réservées en priorité aux victimes de la prohibition !), laissons-les vivre ! Légalisons nous !

La prohibition nuit à toute la société, engendre la corruption et participe au financement du crime organisé depuis plus de cinquante ans. Cette politique honteuse et dévastatrice doit cesser sans délai !! "

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Olivier F