Au cœur des montagnes indiennes

Soft Secrets
17 Apr 2017

Fin septembre, une expédition se prépare pour rejoindre les confins de l’Himalaya. Thomas, permaculteur certifié, spécialiste des systèmes de cultures régénératifs, passionné par les génétiques landraces et Hervé, breeder d’un collectif français, aventurier et voyageur ayant parcouru le monde ces 20 dernières années, se sont donnés rendez vous à New Delhi pour le début de cette aventure.


Texte et photos : Thomas et Hervé

Le lieu de l'expédition est La Parvati Valley, au coeur de l’Himachal Pradesh, un joyau de mère nature nichée entre 1500m et plus de 3000m d’altitude. L'écosystème de ce lieu présente une grande diversité, une faune et une flore incroyablement riche. De nombreuses espèces végétales sont cultivés par les locaux en plus du cannabis, qui bien souvent ne représente qu’une petite partie de leurs production. Ainsi, nous constatons qu’à l'exception des habitants de quelques centres urbains, les populations de l'Himalaya sont essentiellement agropastorales. Agriculture intensive dans les basses terres, culture en terrasse en moyenne altitude, et pastoralisme combiné à une agriculture de subsistance en haute altitude. Ces modèles agricoles constituent sur toute la superficie de la chaîne autant de modes de vie qui ont permis à l'homme de s'adapter pour vivre dans cet environnement particulier.

Depuis quelques temps, l'Inde était une destination importante à nos yeux pour la présence depuis des millénaires du cannabis, et de son utilisation traditionnelle. Lors de cette expédition, nous souhaitions nous concentrer sur son histoire, les croyances et traditions, l'environnement unique de l’Himalaya, le patrimoine génétique originel du cannabis présent dans la montagne, et se rendre au plus prêt des communautés locales (majoritairement des petits villages de montagnes) pour apprendre, voir et comprendre l’impact du cannabis dans ces vallées de l’Himalaya.

Nous nous mettons donc sur la piste des landraces indiennes. Après environ 15h de trajet depuis Delhi, nous arrivons dans la montagne. Plongée au coeur de la Parvati Valley, où les plus proches sommets environnant culminent souvent de 3 à 4000m, l’atmosphère y est magique. Une douce odeur de cannabis nous prend le nez dès l'arrivée dans la vallée.

A l’arrivée, autour d’un Chaï, boisson locale communément bue en inde, composé d’un mélange de thé noir, lait de vache, et d’épices, nous commençons à déguster des produits locaux récupérés auprès d’une fermière du village. Hervé raconte comment il y a 20 ans, après un voyage beaucoup plus chaotique, il avait rejoint ce coin là : « Depuis les années 60-70, voyageurs et hippies du monde entier ont envahi certaines vallées de l'Himalaya pour consommer et produire du Charas avec les locaux. Ce qui a entraîné un changement profond du mode de vie dans cette région. Avant, il fallait une dizaine d'heure de trek avec plus de 2000m de dénivelé à grimper ! Sans parler du trajet que nous avons fait cette fois ci dans un bus moderne, avant, tu pouvais te retrouver à voyager sur le toit du bus tellement il était bondé ! »

Nous profitons de ce moment pour planifier les différents lieux et zones où nous comptons nous rendre, repérés via plan satellite et GPS. Nous commençons par un trek vers un petit village avant Malana, perché à 3000m d'altitude. Une longue montée de près de 4h, sur ces sentiers de montagnes. Nous croisons de nombreux porteurs népalais, descendant et remontant ce chemin pour fournir des provisions ou du matériel au village. Nous ne pouvons que respecter leur courage et leur force, nous sommes moins chargés qu’eux, et moins rapides aussi... Plus loin, des enfants qui rentrent de l'école. Des parcelles à droite, à gauche, les parents de ces enfants, cultivent le cannabis, et ça, depuis des générations. Des milliers de plantes s'élancent au grès du vent, libérant dans toute la vallée une vague de terpènes.

Nous avons observé que plus nous montions dans la vallée, plus l’altitude permettait aux plantes de produire plus de trichomes et différents arômes. Plus tard sur le chemin, un fermier nous raconte que beaucoup de cultures se trouve autour et en contre bas du village. Bien souvent, la police détruit celles qui sont les plus accessibles, et laisse les autres parce que cette plante profite à tout le monde ici. Depuis les années 60-70, bon nombre d'occidentaux sont venu en Inde en ramenant avec eux des graines d’hybrides modernes et profitant de ce climat de tolérance, ont dispersé des gènes partout.

Ainsi, notre contact nous explique que de nombreux cultivateurs ont essayé des croisements modernes ici et que maintenant, dans la majorités des cas, et si elle ce sont bien adaptés, ces plantes sont des hybrides ! « Sacrilège pour notre héritage naturel » nous explique t’il. De ce fait, l’influence de la pollinisation ouverte qui se produit chaque année a amené certains fermiers passionnés à s'éloigner encore plus afin de minimiser l'impact des cultures alentours sur les leurs, et je parle ici des plus méticuleux. Dans les prochains numéros de Soft Secrets France, découvrez plus en détails l'héritage génétique de cette région du monde et un dossier spécial sur le Charas. Boom Shanti ...

Pt 2 : L'héritage génétique Indien et le Charas, une tradition millénaire

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