Culture de landraces et d'hybrides sur l'île de La Réunion Pt2

Soft Secrets
24 Feb 2015

Avec joie, je reviens vous compter la suite de notre histoire avec le cannabis Sativa L, le Zamal, ainsi que sa culture hybride pour l'usage thérapeutique. Mais avant tout, il est nécessaire de vous présenter notre île, ainsi que ses 9 souches Landraces, endémiques pour certaines, importées pour d'autres.


Par Gab Pacino

L'île de La Réunion a une flore très variée avec plus de 1 200 espèces de plantes, dont certaines endémiques, qui ont pris place " Ti lamp ti lamp ", petit à petit, par les caprices des cyclones, des courants marins et ensuite des migrations de l'homme, surtout lors des colonisations pour l'exploitation de la canne à sucre.

Avec un nombre important de microclimats, qui nous font faire le tour du monde en parcourant même pas 450 kilomètres, la Réunion nous offre multitudes de façons possibles pour cultiver notre Zamal au milieu de plantes, de fleurs endémiques et indigènes de toutes sortes...

Je ne vous raconte pas le plaisir de cultiver en extérieur " La plante de l'immortalité " autour de palmiers, cocotiers, bananiers ou toutes sortes de fleurs tout aussi magnifiques les une que les autres, dans un cadre de paix plus ou moins recherché, car il est encore possible à chaque créole qui le désire, de pouvoir vivre en union parfaite avec la nature, dans un esprit roots, entouré de personnes qui cultivent le même état d'esprit.. Mais ce côté magique de notre île, je le laisse à la découverte du grand voyageur en quête de spiritualité. Ça ne se conte pas, ça se vit...

Cette petite escapade doit quand même nous amener à parler du principal, le Zamal. Son nom scientifique  est Cannabis sativa L. et son nom commun,  Chanvre Indien.

J'insiste bien sur cette description, car beaucoup n'arrivent pas à comprendre que " Zamal " ne désigne pas qu'une variété endémique de cannabis. Ce nom local dérive du mot malgache " Zamala ",  qui regroupe une famille de plusieurs variétés ou " Kalité " comme on dit en créole, avec au moins 9 souches différentes, venues d' Asie, d'Afrique, d' Inde, de Madagascar, du Pakistan et de Chine, dont certaines Sativa à 100% et d'autres avec quelques dominances Indica et bien sûr, de rudéralis. Elle font partie de la famille des cannabaceae ou cannabacées. Cette mauvaise information vient aussi de ces banques de graines ou distributeur de graines plutôt, qui se sont appropriés le nom "Zamal", en revendant du grain obtenues par des touristes, qui les ont récuperé, le plus souvent, lors de quelques moments de folies en quête d'un bon pétard. Il s'agit d'herbe trouvée dans la rue, comme le fameux " Kalité Grain" pour désigner une tête plaine de graines ou le "  Kalité Zom-Fam" pour désigner un pied herma, pire le " Kalité Fleur " pour désigner un pied mâle !

Bref un manque sérieux de compétences et de recherches de ses banques, qui, sans scrupules, osent affirmes qu'il s'agit de Zamal, sans même donner le nom de la souche exacte, car ils ne la connaissent pas, distribuant un grain peu fiable, car il est rare qu'il ait atteint sa maturité, avec le plus souvent un taux d'hermaphrodisme élevé rendant sa culture compliquée et peu attirante. 

Mais pour en revenir à l'histoire du Zamal, au cours du 18° siècle, il semblerait que les esclaves venus d'Inde, de Madagascar et d'Afrique auraient amené les premières souches de chanvre indien. Les esclaves utilisaient le zamal lors de cérémonies spirituelles ou pour un usage personnel purement récréatif. Le K1 et le Mangue Carotte pourraient faire partie de ces premières souches endémiques ou landraces. On reviendra sur ces 2 souches plus en détails.

Le " Fil Rouz " ou Filament Rouge, tient son nom de part la couleur rouge sang des pistils en floraison, son origine serait du Cirque de Salazie, mais on la trouve aussi à Mafate. Variété très rare, elle sera connue tout comme le " Fil Blanc de Cilaos ", que par les " Gramouns " grand pères, des hauts de l'île ou par les descendants de ses mêmes gramouns.. On y reviendra une prochaine fois car nous n'avons pas encore pu faire de belles récoltes a terme à cause de la répression. 

Les " Kalités " connues et testées depuis 1968 par plusieurs membres de notre collectif, portent des noms appropriés à l'effet, à l'apparence ouà la position géographique d'origine. Par ex le " Kalité Mangu'Carot " ou Mangue Carotte, dont les souches sont d'origine indo-afro-malgache, doit son nom à ses terpènes, dont le goût imite parfaitement celui du fruit Mangue Carotte à coté duquel il est généralement cultivé. Le "Kalité Mangu'Ka " développera encore plus ses terpènes et l'effet s'en verra décuplé. Encore une étape magique qu'on vous dévoilera par la suite, car comme beaucoup peuvent le savoir, plusieurs variétés d'arbres fruitiers, comme le manguier, sont connus pour leurs terpènes semblables à celui du cannabis.

Le Kalité " Sek O Pat " ou " Sek O Pié ", tient ses origines du Nord de l' Afrique, voir de l'Afghanistan, et sera récoltée, une fois que la plante aura séchée en pleine terre. Ses buds seront fortement résineuses, son effet très High et son goût terreux, saura satisfaire nombre de connaisseurs, mais reste assez rare, car sa floraison est très longue, 38 à 52 semaines en fonction de sa position géographique sur l'île.  Il y a aussi le Kaité Jak, le Kalité Pèch, le Kalité Ste Roz et le Kalité Mauv Poiwré ou Kalité Poivre !   

Sur les 9 variétés reconnues sur l'île, nous vous parlerons spécialement de deux landraces dans ce reportage, La Mangue Carotte et la Kalité 1 Taffe ou K1, nommée aussi par les anciens, le " Kalité Tizan ", qui le plus souvent est utilisée par décoction ou infusion longue, avec de l'eau, de l'alcool ou en rhum arrangé, appeller " Rum Kaya ",  pour calmer l'asthme, les crises d'angoisses ou les douleurs d'estomac. On le fumait aussi  lors de cérémonies familiales ou pour fêter la fin de la coupe de la canne. Dans nos parcs à animaux, le zamal aide à la purge du bétail ou pour préparer un coq au combat avant d'entrer sur le rond...etc.

Malheureusement, cette période est révolue car les jeunes ont détourné la plante pour un usage récréatif régulier ou  un commerce illicite, ce qui fait qu'il est devenu plus difficile de trouver de bonnes souches, car la demande explosive de Zamal dans nos rues fait qu'il est récolté beaucoup trop tôt et le manque d'expérience de ces jeunes, fait qu'on retrouve de plus en plus de pieds hermas ou hybrides avec des buds pleines de graines. Il n'y a plus de contrôle des souches et beaucoup de nos pieds se font contaminer par des souches inconnues.

Le Zamal est cultivé de manière illégale, malgré une certaine tolérance des autorités, mais nos belles restant très envahissante en pleine terre, on favorisera sa culture en pot, ce qui nous permet aussi de pouvoir les rentrer sous lampes en cas de cyclone ou intempérie et de contrôler au mieux les infections. 

Les mauvaises langues ont beaucoup décrié la culture du Zamal depuis 1960. Ses effets en THC très forts lui font parfois porter le nom de " plante du Diable " car le consommateur novice ou peu cultivé, ne s'attendra pas aux effets fulgurants du Zamal et peut se retrouver en état de "bad trip" ou "Blanc" laissant son utilisateur dans un état léthargique, plus maître de ses pensées pendant plusieurs heures. L'effet de certains Zamal sauront emmener le voyageur en quête de spiritualité vers "un autre monde".  

Notre Collectif Breeders Bourbons permet de réunir les vrais amoureux du Zamal, d'exploiter les souches des gramounes collectionnées depuis plus de 40 ans et de montrer au reste du monde que nous possédons quand même les Landraces les plus puissantes ! Le collectif nous permet de travailler en partenariat avec de vrais spécialistes sativa pour pouvoir, par la même occasion, redonner de l'estime à cette plante vertueuse, qui à su et sait toujours guérir et soigner des milliers de gens à la Réunion, et montrer qu'il est possible de cultiver du Zamal partout ailleurs que sur notre département. 

Je fais spécialement une dédicace à mon ami JB qui, par sa maitrise des variétés Sativa, nous à fait l'aimable honneur de tester nos souches sur ses terres, dans le nord de l' Espagne et tout spécialement le Mangue Carotte, qui a fini sa floraison sous la neige ! Ma Mangu'o Pepper est passée par ses mains expertes aussi et a développé une couleur mauve encore plus dense, dû sûrement aux températures plus fraîches en Europe.   

Le Mangue Carotte et le K1 resteront les deux souches les plus simples à cultiver en Europe grâce à leur robustesse et à leur facilité d'adaptation aux nuisibles. Malgré une aide humaine nécessaire, on peut obtenir de très bons résultats suivant le spot choisi.

On conseillera toujours un palissage du pied en pleine terre, sur toute sa longueur, en direction du nord, avec une taille régulière des sommités apicales pour contrôler le pied tout en longueur en le laissant assez proche du sol. La hauteur max d'un pied K1 peu atteindre 4.5 m à 6 m suivant le spot, un scrog est même conseillé en extérieur. Pour le Mangue Carotte, on peu facilement le laisser se développer verticalement, en taillant l'apex.. Il stoppera sa croissance en hauteur, pour faire place a un stretch tout en largeur. Ce qui peut être contrôlé aussi par un scrog ou un bon palissage.

On essayera de revenir plus en détails, au fur et à mesure des reportages, sur nos cultures, avec toujours de plus en plus de belles photos. Avec un peu de patience, nos landraces seront remises à l'honneur de grâce à leur beauté et surtout pour leur potentiel thérapeutique. 

A bientôt... et comme on dit en créole : " Largu Pa lo frèr, ti lamp ti lamp nou va gayné " ( "Lâche rien, mon frère, petit à petit, on y arrivera").

One Love!

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Un plant de Zamal Mangue-carotte.
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Ce plant de Zamal K1 a atteint une hauteur de 3,5 m en début de floraison.
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Des jeunes pousses de Zamal Mangu'Ka.
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Les cultivateurs réunionnais utilisent les techniques de palissage.
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