Une collection sur le cannabis aux archives municipales d’Amsterdam

Les Archives municipales d’Amsterdam gèrent les archives sur l’histoire d’Amsterdam et de ses habitants depuis 1888. Cependant, les plus de cinquante kilomètres d’archives ne contiennent pratiquement aucun document sur ce qui fait la renommée mondiale de la ville: sa culture du cannabis. Un nouveau projet d’archivage vise à remédier à cette situation.
Par Derrick Bergman
Le 23 mai, la Collection sur la culture du cannabis d’Amsterdam a été inaugurée dans l’impressionnant bâtiment des Archives de la ville. L’archiviste Renée Cranen, à l’origine du projet, a travaillé dans un coffeeshop et connaît donc parfaitement la culture du cannabis. Elle a réussi à enthousiasmer ses collègues pour la constitution d’une collection sur la culture du cannabis à Amsterdam.
Les Archives de la Ville possèdent certes des documents sur le cannabis et les coffeeshops, mais il s’agit, par exemple, de documents sur les problèmes de stationnement devant un coffeeshop. Ces documents ne racontent évidemment qu’une infme partie de l’histoire de la culture du cannabis à Amsterdam. C’est pourquoi les Archives ont consacré du temps et un budget à la collecte de documents auprès d’entreprises, d’organisations et de particuliers. Le lancement du projet a consisté en des présentations et deux tables rondes. Les fondateurs du tout premier et plus célèbre coffeeshop d’Amsterdam étaient tous deux présents: Wernard Bruining (74 ans) du Mellow Yellow et Henk de Vries (75 ans) du Bulldog. Ces légendes vivantes ont évoqué les débuts du coffeeshop, au début des années 70 du siècle dernier. Wernard Bruining a expliqué que le coffeeshop n’a pas vu le jour grâce au gouvernement, mais malgré lui. “Les coffeeshops sont nés parce qu’ils ne parvenaient pas à les éradiquer. Nous avons découvert qu’ils ne pouvaient pas fermer le café si quelqu’un se trouvait à l’intérieur avec trop d’herbe ou de haschisch. Aucune loi ne prévoyait cela.” Il pouvait donc toujours y avoir un dealer à l’intérieur, collaborant secrètement avec le café.

August de Loor, expert chevronné en cannabis et pionnier de la réduction des risques, a déclaré que les coffeeshops étaient devenus des alliés du gouvernement à partir de 1972 en raison de l’essor de l’héroïne. L’héroïne était un problème bien plus grave que le cannabis et les coffeeshops ont contribué – et contribuent encore – à distinguer le marché du cannabis de celui des drogues dures. Tous les intervenants ont critiqué la tendance des coffeeshops à supprimer leur espace de consommation pour le transformer en points de vente à emporter. Ce faisant, ils perdent leur caractère unique et leur fonction sociale de lieu de convivialité. Henk de Vries a appelé ses collègues à préserver cette fonction sociale et à ne pas se transformer en pharmacie.
Si vous possédez des archives spécifiques sur la culture du cannabis à Amsterdam et souhaitez les transférer aux Archives municipales, veuillez les contacter par courriel à l’adresse verwerving.saa@amsterdam.nl. Veuillez noter que les archives ne collectent que des documents et des fchiers numériques, tels que des papiers, des albums photo, des courriels et des dessins. Elles ne collectent ni livres ni objets.
A lire également :
1976 : Autorisation des coffeeshops aux Pays-Bas
1977 : publication des cours du cannabis dans le journal Libération