1976 : Autorisation des coffeeshops aux Pays-Bas

Olivier F
18 May 2024

Les Pays-Bas font partie des pays les plus tolérants pour le cannabis. La consommation et la vente de cannabis au détail sont tolérées par les autorités depuis 1976 mais l’approvisionnement des coffeeshops est toujours resté dans une zone grise. Après plusieurs décennies de statu quo, la situation est en train d’évoluer avec l’arrivée d’un cannabis totalement légal sur le marché.


En 1976, une nouvelle loi sur les stupéfiants a fait pour la première fois la distinction entre drogues douces et drogues dures. Elle a ainsi permis l’ouverture de plusieurs centaines de coffeeshops. La Hollande est restée pendant longtemps le seul pays du monde où il était possible d’acheter librement du cannabis.
 
Le 23 juin 1976, un article intitulé « Décriminalisation de la possession de drogues douces aux Pays-Bas » a été publié dans le journal Libération : « La Haye, le 22 juin. Le Sénat néerlandais a approuvé mardi une modification de la loi sur le stupéfiants : la détention de drogues douces ne sera plus considéré comme un crime mais comme un délit… » L'article a été publié quelques jours après le premier Appel du 18 Joint pour la légalisation du cannabis lancé par des journalistes de Libération et des anciens journalistes d’Actuel.

Les drogues aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, la principale drogue a longtemps été l’opium. Les chinois étaient les principaux importateurs et consommateurs d’opium. Puis, les consommateurs qui n’étaient pas des chinois ont été de plus en plus nombreux. En 1919, une première loi anti-drogue appelé Opium Act a été votée. La loi interdisait la possession et la culture de l’opium et d’autres stupéfiants. A cette époque, l'opium, la morphine et la cocaïne étaient encore disponibles sur ordonnance. Malgré l’interdiction, certains producteurs et pharmaciens étaient toujours autorisés à produire et à vendre ces stupéfiants. Pour faire face à l’augmentation du trafic et de la consommation, une première brigade des stupéfiants a été crée en 1921. En 1953, un amendement de la la loi sur l’opium a également interdit le cannabis.
 
Après la Seconde Guerre mondiale, l’herbe et le haschisch sont arrivés aux Pays-Bas. Des soldats américains installés en Allemagne venaient à Amsterdam pour consommer et vendre du cannabis. Les musiciens et les amateurs de jazz, noirs ou blancs, souvent américains, faisaient eux aussi partie des premiers consommateurs. Les cigarettes de cannabis étaient alors vendus pour un florin. « Le commerce de marijuana est concentré à Rotterdam sur Katendrecht et à Amsterdam sur Zeedijk et Nieuwendijk, les seuls endroits où les quelques orchestres noirs de notre pays trouvent du travail. » écrit  en 1949 l'avocat Van Wolferen dans le Journal of Criminal Law.

A partir de la fin des années 60, Amsterdam est devenue une destination prisée des hippies. En juin 1970, le festival Holland Pop, qui a réuni 100 000 personnes avec, entre autres, Pink Floyd, Jefferson Airplane, T Rex et les Byrds, a été le plus important rassemblement de fumeurs de cannabis aux Pays-Bas. Devant l’ampleur de la tâche, les autorités ont décidé de tolérer la consommation de cannabis pour cet événement.

Le rapport Baan

En 1972, le rapport de la commission Baan intitulé « Le chanvre : quand on tire sur la corde », a été décisif pour la politique de tolérance appliquée par les Pays-Bas et l’autorisation des coffeeshops.
 
L’opium était jusqu’aux années 70, l’opiacé le plus vendu sur le marché noir aux Pays-Bas. A partir de 1972, il est remplacé par un de ses dérivés, l’héroïne.

Le nombre de consommateurs de cannabis était estimé entre 10 et 15 000 à la fin des années 60.

Dans ce contexte, la commission Baan fait la distinction entre « drogues dures » et « drogues douces » et définit le « risque acceptable ».
 
Le rapport préconise une réduction de la pénalisation de l’usage et propose deux scénarios. Pour le premier scénario, le rapport propose que la consommation et la vente de petites quantités, inférieures à 250 grammes deviennent de simples délits alors que le trafic de quantités supérieures à 250 grammes resterait un crime. Pour le second scénario, le rapport commission propose la mise en place d’une offre de cannabis légal avec un système de licences.

Les premiers coffeeshops

Le premier coffeeshop a été créé en 1972, avant l'amendement à la loi sur l'opium de 1976, par Wernard Bruining, un pionnier du cannabis aux Pays-Bas, également fondateur du magazine Soft Secrets. Le coffeeshop appelé Mellow Yellow était située dans une boulangerie squattée au Weesperzijde 53 à Amsterdam. Le hasch et la marijuana étaient importés. Le coffeeshop proposait différentes variétés en sachets de 10 ou 25 florins.
 
The Bulldog fait également partie des premiers coffeeshops à Amsterdam. Il a été créé en 1975 par Henk de Vries dans un ancien sex shop tenu par son père.

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