Maroc : le projet de loi pour la légalisation du cannabis médical adopté par le Conseil de gouvernement

Soft Secrets
23 Mar 2021

Le Maroc est le premier producteur de haschisch du monde. Les surfaces de culture auraient diminué ces dernières décennies mais les nouvelles variétés et les nouvelles techniques de culture et d’extraction ont permis d’augmenter le rendement et la qualité des produits. Les banques de graines internationales sont maintenant présentes au Maroc où la culture des variétés modernes est pratiquée depuis plusieurs années.


Par Olivier F

De plus, les dernières estimations font état d’une légère augmentation des surfaces cultivées. Selon les experts du gouvernement, 47 500 hectares étaient cultivées en 2018 et 55 000 en 2019. Selon une étude de 2020 réalisé par réseau le indépendant "Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée", plus de 700 tonnes de résine serait produites chaque années dans le Rif marocain, pour une valeur d’environ 19 milliards d'euros. La culture du cannabis ferait vivre entre 80 000 et 120 000 familles.

Les autorités veulent donc mettre de l’ordre dans la région du Rif en recensant les cultivateurs et en leur offrant de nouveaux débouchés. Le projet de loi sur « les usages licites du cannabis » a été a adopté le jeudi 11 mars par le Conseil de gouvernement. Ce nouveau projet de loi doit maintenant être approuvé par le parlement.

En autorisant la culture du cannabis pour un usage médical, cosmétique et industriel, l’objectif de cette nouvelle loi est de « reconvertir les cultures illicites destructrices de l'environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d'emploi. »

« Sur le plan pratique, ce n'est pas compliqué. Si la loi est votée dans les temps il suffit d'utiliser des semences adaptées et les planter à la prochaine saison » a déclaré le botaniste Ismaïl Azza.

Le nouveau projet de loi prévoit la création agence de régulation chargée de " développer un circuit agricole et industriel " et de contrôler l’ensemble de la chaîne de production, de l'importation des semences jusqu'à la commercialisation, avec des coopératives d'agriculteurs autorisés, des périmètres règlementaires et des "plants certifiés" avec contrôle des taux de THC.

Selon l'agence marocaine de presse MAP, les cultivateurs de Rif ne toucheraient que 4 % des sommes générées par le trafic. La légalisation du cannabis médical permettrait à ces cultivateurs de toucher jusqu’à 12 % du chiffre d’affaires total.

« C'est la fin d'un tabou politique, l'aboutissement d'une dynamique lancée il y a une dizaine d'années au plus haut niveau de l'État » a déclaré le sociologue Khaled Mouna.

Le Maroc voudrait prendre sa place dans le marché mondial du cannabis thérapeutique. Avec des prévisions de croissance de 60 % dans le secteur du cannabis médical, l’Europe représente un marché particulièrement intéressant. Une note du ministère de l’intérieur marocain estime le marché du cannabis légal en Europe à 1 milliard de dollars.

Le vote du Maroc en faveur du déclassement du cannabis à l’ONU et le nouveau projet de loi attirent les investisseurs étrangers. Deux délégations américaines sont actuellement en visite dans la région du Rif.

La conversion d’une partie des cultures marocaines au cannabis légal pourrait bouleverser le marché illicite et le prix de la résine de cannabis sur le marché noir européen pourrait augmenter.

Texte du projet de loi en anglais

Photo : Julien L

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