L’autre plante du mois : la Consoude

Olivier F
21 Oct 2022

Souvent mise de côté, la Consoude est cependant très favorable à nos jardins. Cette vivace à floraison printanière pousse pourtant naturellement dans nos régions. Elle fait partie de la famille des Boraginacées, comme la Bourrache et la Phacélie, avec qui elle partage des facultés à soigner sols, plantes et hommes.


Par Hortizan

La Consoude peut, dans certains cas, s'accommoder d’une terre pauvre, calcaire ou argileuse. Mais à l’état sauvage, elle préfère les sols riches et frais. Pour la trouver, il faut donc explorer sous bois, forêts et prés humides ou vallées alluviales. Générant un important couvert végétal, elle ne dépasse que très rarement les 120 cm. Capable de fleurir et d’engendrer des graines, la Consoude produit aussi des drageons ! Elle peut donc se multiplier rapidement sur sa largeur, c’est pourquoi on la considère parfois comme envahissante. Exception à la règle, le cultivar Bocking 14 (Symphytum x uplandicum) ne produit aucune graine viable et se multiplie seulement par bouture de racine.

Un peu d’histoire
L’histoire des cultivars “Bocking” remonte à 1711 : Joseph Busch, pépiniériste anglais, travaille alors dans les jardins du palais de Saint-Pétersbourg aux services de Catherine II de Russie. Un croisement inattendu entre une consoude à fleurs bleues et une variété à inflorescence jaune donne naissance à des graines qui produiront des individus stériles. De plus amples recherches se poursuivent à Bocking, dans l’Essex anglais, ville dont elle hérite son nom. En 1950, Lawrence Hills découvre plusieurs cultivars d’exception. Le Bocking 4, grâce à sa production d’acides aminés, se destine à l'alimentation animale. Le Bocking 14, quant à lui, puise plus d'oligo-éléments et de minéraux grâce à ses racines profondes. Très amer, il est déconseillé de l’utiliser pour l’alimentation, mais se révèle parfait pour la fertilisation des cultures.
Une multitude de génétiques sont encore utilisées de nos jours, dont certaines uniquement à des fins ornementales. La Consoude officinale (Symphytum officinale), à l'inverse, est recommandée à plusieurs fins médicinales et culinaires. Moins riche que sa cousine de Russie, cette variété indigène à l’Europe contient bon nombre de minéraux et vitamines A & C. Les Consoudes officinales, tubéreuses (Symphytum tuberosum) et bulbeuse (Symphytum bulbosum) sont les seules poussant naturellement en France. Pendant longtemps, nos ancêtres les ont semées le long des chemins de pèlerinage pour leur usage médicinal.

Une plante dynamisante et soignante
La Consoude est reconnue depuis l’Antiquité pour ses facultés médicinales. Utilisée en Grèce et à Rome en phytothérapie, elle était aussi recommandée pour soigner fractures (Consoude proviendrait de consolidare : consolider, affermir), troubles intestinaux, bronchites ou pleurésie. Elle contient de nombreux principes actifs bénéfiques : protéines, vitamines et allantoïne (très utilisée en cosmétique). On l'utilise encore aujourd’hui afin de soulager des tendinites et d’accélérer la cicatrisation des plaies.
Ce végétal est aussi bénéfique à l’environnement : Mellifère, il est très apprécié des pollinisateurs d’avril à octobre. De plus, la Consoude sait piéger le carbone de l’atmosphère et le stocker dans les sols. Sa capacité à croître rapidement, à supporter des tailles importantes, et à être récoltée plusieurs fois dans l’année explique son utilité dans les stratégies de captation du CO2 et de sa séquestration dans le sol. (Lei Xuejun & Lei Xun, 2013).
Grâce à sa croissance rapide et sa composition en nutriments, la Consoude est idéale pour la fertilisation de beaucoup de légumes, autant sous forme brute (en broyant quelques feuilles et les plaçant sous un paillage) qu’en extraits (purins ou composts). Utilisée comme accélérateur de décomposition, elle développe les populations de micro-organismes et les aide à digérer les matières organiques.

L’autre plante du mois : La Consoude
Feuilles d’une Consoude officinale Symphytum officinale (photo de N.Buron)

Les pouvoirs fertilisants de la consoude
La Consoude renferme un élément essentiel au développement de tout végétal : le potassium (K) ! Sous forme brute, elle en contient environ 3 fois plus qu’un fumier, sous forme compostée, 4 fois plus qu’un compost classique ! Il constitue prêt de 2,5% de la croûte Terrestre, on le retrouve dans toutes sortes de minéraux ! Pourtant 8ème élément le plus abondant sur Terre, le potassium reste cependant compliqué à trouver en tant que fertilisant sous forme végétale.
Cet élément est mobile dans les plantes : il peut être transporté des organes les plus vieux vers de nouveaux. Cela explique l'apparition des premiers signes de carence : des points morts se forment sur les feuilles les plus basses des plantes, à cause des cellules carencées. Le potassium participe également à bon nombre de réactions enzymatiques : il est essentiel à la production d'amidon, dont les plantes se servent pour stocker les sucres issus de la photosynthèse.

Au niveau cellulaire, ce macro-élément agit en tant que régulateur chimique. Principal constituant du cytosol (partie liquide à l’intérieur des cellules), il participe à l’osmorégulation. Ce phénomène gère la quantité d’eau dans la cellule et l’ouverture des stomates. Si la cellule ne peut opérer normalement, l’eau s’échappe, causant flétrissement voire nécrose.

Enfin, la Consoude ne se limite pas au potassium : elle contient également bore, zinc, manganèse, fer, cuivre,... elle est donc l’allié parfait pour la floraison et la fructification de nos plantes.

Entre son caractère esthétique, ses atouts agronomiques et ses facultés curatives, la Consoude est une plante pleine de ressources. Elle dispose même d’attraits culinaires : blanchie, elle peut être incorporée à bien des recettes ! Cette plante autant utilisée dans le passé devrait reprendre sa place dans nos jardins !

 

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Olivier F