L’Académie de médecine critique l’expérimentation sur le cannabis à usage médical

Olivier F
22 Mar 2022

Les Académies nationales de médecine et de pharmacie s’opposent à l’expérimentation sur le cannabis médical mise en place par l’ANSM.


Après plusieurs années d’attente, l’expérimentation du cannabis médical a été mise en place en 2021 pour une période de deux ans. Cette expérimentation limitée à 5 pathologies devra intégrer au maximum 3000 patients.

L’expérimentation, lancée en mars 2021 par le ministre de la santé Olivier Véran, doit faire face à certaines critiques. Dans un communiqué, les académies de médecine et de pharmacie demandent la mise en place d’essais cliniques randomisés.

Le rôle de l’Académie nationale de médecine, fondée en 1820 pour remplacer l’Académie royale de médecine, est de conseiller le gouvernement dans le domaine de la santé publique. L’Académie nationale de pharmacie, créée en 1803 sous le nom de Société de pharmacie de Paris, est une société savante des sciences pharmaceutiques.

« Les Académies nationales de médecine et de pharmacie rappellent que l’expérimentation en cours visant à justifier l’usage thérapeutique du cannabis déroge aux exigences méthodologiques, sécuritaires et éthiques qui régissent l’évaluation de tout candidat médicament. » nous expliquent les académiciens.

Les membres des Académies pensent qu’une partie des patients de  l’expérimentation devraient prendre à leur insu des faux  médicaments « placebo », sans aucun effet, pour que l’étude soit valable. « Par un arrêté du 16 octobre 2020 qui fixe les spécifications des médicaments à base de cannabis, ceux-ci se sont trouvés dispensés d’un essai clinique randomisé, alors qu’on sait qu’il est le seul à même d’évaluer d’une façon satisfaisante la balance bénéfices/risques d’un candidat médicament, dans l’intérêt des patients. »

Les académiciens n’apprécient pas que des têtes de cannabis soient distribuées au patients à la place de « vrais » médicaments, fabriqués par l’industrie pharmaceutique. « Une autre anomalie est liée au fait que l’expérimentation ne concerne pas des substances pures, mais des produits à base de fleurs séchées de cannabis et d’extraits aux composants multiples. »

Dans leur communiqué, les membres de l’Académie remettent en cause l’efficacité des traitements en faisant référence aux études sur les médicaments Epidiolex (CBD) et Sativex (THC/CBD ratio 1:1). « Les Académies nationales de médecine et de pharmacie rappellent que la balance bénéfices/risques a été évaluée par des essais cliniques randomisés en double insu pour les deux spécialités pharmaceutiques qui ont bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.). L’une, correspondant à du cannabidiol pur, est commercialisée, alors que l’autre, qui associe du tétrahydrocannabinol à du cannabidiol ne l’est toujours pas en France, 6 ans après l’obtention de l’A.M.M. ; son service médical rendu étant jugé insignifiant. »

Le académiciens redoutent également un détournement du cannabis à usage médical : « Les Académies de médecine et de pharmacie recommandent, en cas de mise à disposition du cannabis à des fins thérapeutiques, que le suivi des effets indésirables et des cas d’abus et/ou de détournement d’usage soit assuré, comme il est de règle, par les Centres Régionaux de Pharmacovigilance et Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance-Addictovigilance. »

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Olivier F