Interview du breeder James Loud
Nous avons rencontré le breeder américain James Loud pour en savoir plus sur son travail de breeding, son podcast, la sortie de son nouveau livre et sa passion pour tout ce qui touche au cannabis. Comme nous, prenez plaisir à connaitre l’un des plus grands noms de l’industrie du cannabis !
Par Stoney Tark
Salut James, peux-tu dire à nos lecteurs depuis combien de temps tu travailles dans l’industrie du cannabis?
J’ai commencé à fumer en 1991, à une époque où l’industrie était très différente en Californie. Il n’y avait pas d’industrie légale, tout était clandestin. J’ai commencé à cultiver vers 1994 dans un placard avec une seule lampe et au fl du temps, ça s’est transformé en 8 lampes dans un garage, puis plusieurs garages avec des amis et fnalement dans les années 2010, nous avions 50 lampes dans un entrepôt.
Avec le breeding, j’ai commencé au début des années 2000 et je n’ai pas eu beaucoup de succès au début mais suis resté convaincu de son importance. Je n’étais pas un grand cultivateur au début, mais je n’ai jamais abandonné et j’ai constamment travaillé pour m’améliorer.
Comment était la vie en Amérique etcomment cela t’a-t-il impacté en tant que cultivateur?
J’ai grandi dans le nord de la Californie, dans la baie de San Francisco, qui était progressiste. Ça a façonné la personne que je suis aujourd’hui. Les Grateful Dead et la culture musicale ont eu un impact important sur les communautés locales. À mon avis, nous avions accès au meilleur cannabis de la planète, car la baie de San Francisco est une plaque tournante et nous en recevions d’aussi loin au nord que l’Oregon et d’aussi loin au sud que San Diego. La diversité était incroyable. Nous avions des cultivars équatoriaux hyper stimulants (Sativa) et des hybrides de variétés à feuilles larges, plus narcotiques (Indica), et tout ce qui se trouve entre les deux. Nous avions également une fleur incroyable qui avait un effet excellent et très bon goût mais qui était moche, un peu comme la Dr Grinspoon en Europe. Un truc qui ne passerait pas sur la plupart des marchés récréatifs d’aujourd’hui à cause de son apparence.
Au milieu des années 90, nous avions un truc appelé pisse de chat. C’était la pire fleur de toutes, essentiellement des bractées et des tiges avec une mauvaise structure. Non seulement elle avait un effet super fort, mais aussi une odeur terrible de mouffette et d’ammoniaque.
Peux-tu nous parler des génétiques américaines les plus classiques et célèbres ?
Une grande partie du travail a été réalisée dans les années 1960 et 1970. De nombreuses données sur les lignées et les détails de sélection ne sont pas bien connus. De plus, les graines en sachet sélectionnées involontairement ont joué un rôle crucial dans l’orientation génétique du marché américain.
Par exemple, en 1991, la Chemdog, l’un des cultivars les plus célèbres de tous les temps, est sorti d’un sac de fleurs destinées à être fumées. L’impact de ce moment fortuit peut encore être observé aujourd’hui à travers des croisements populaires comme la Stardawg, la GMO, la Donny Burger. Sans la Sour Diesel, une progéniture de la Chemdog, je ne serais pas là aujourd’hui. La première véritable sélection et production de graines que j’ai faite était basée et influencée par la Chemdog et la Sour Diesel. Et il n’y a pas que moi ! D’autres breeders tels que Skunk VA de Lucky Dog, JJ de Top Dawg, Karma de Karma Genetics doivent tous à la Chemdog la place qu’ils occupent aujourd’hui.
Le plus drôle, c’est que nous ne savons pas vraiment ce qu’est la Chemdog. J’ai entendu des gens parler de Oaxaca x Thaï x Afghan et à tant d’autres versions similaires, mais nous ne connaîtrons peut-être jamais sa véritable lignée. Parfois, le mystère s’ajoute à l’héritage et cela fonctionnait par le passé mais avec la technologie d’aujourd’hui, nous, les breeders, avons l’obligation de faire tout ce que nous pouvons pour préserver son histoire et assurer la transparence pour les générations futures.
C’est incroyable de penser à tout le chemin parcouru, depuis les découvertes accidentelles jusqu’à l’utilisation actuelle d’outils génétiques avancés. La diversité des cultivars que nous voyons aujourd’hui, sélectionnés sur base de ces classiques, reflète non seulement la créativité des breeders, mais aussi la résilience de la plante elle-même. L’avenir de la génétique du cannabis est prometteur et, avec une passion et un dévouement sans faille, nous pouvons garantir que le potentiel de la plante soit pleinement réalisé et apprécié par tous.
Pourriez-vous nous en dire plus sur votre banque de semences et sur certaines des génétiques que vous avez créées?
En ce qui concerne la génétique, nous créons environ 300 croisements par an et nous en mettons un petit pourcentage à la disposition du public via notre site de vente sur internet.
Actuellement, je travaille principalement sur des variétés THCA en mettant l’accent sur la couleur. Bien que 20% de ce sur quoi nous travaillons concerne des variétés à floraison longue, des cannabinoïdes rares, le CBD, le CBG et d’autres variétés qui ne sont utilisées que pour breeding et n’ont aucune valeur marchande.
La Banana Z est un mélange de Original Z x (Banana OG et Banana Punch). C’est l’une de mes créations préférées de tous les temps. En 2018, quand j’étais à Saint-Vincent où je travaillais avec le gouvernement et Marlon Asher, nous avons promis au ministre de l’Agriculture que nous reviendrions sur l’île avec des génétiques que nous offririons à la population. Cinq ans plus tard, nous y retournons pour tenir notre promesse. Nous avons créé plus de 80 croisements de Banana Z et nous avons quelques croisements vraiment excellents qui, selon nous, se porteront extrêmement bien sur l’île. Notre plan est de donner la génétique aux gens. Leur économie prospérait autrefois grâce à la production de certaines des meilleures bananes du monde et nous espérons que nos croisements de variétés bananes pourront contribuer au bien-être et à la prospérité des gens.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à sortir votre livre intitulé Cannabis Breeding ?
Ce livre est l’œuvre de ma vie, mon CV, mon héritage et quelque chose dont le monde avait besoin. Le dernier vrai livre sur le breeding a été écrit en 2000 par Greg Green et le monde avait besoin d’une mise à jour. J’ai passé les 5 dernières années à écrire et à essayer de rassembler autant d’informations que possible pour aider à informer les personnes qui souhaitent en savoir plus sur la sélection. C’est la contribution des efforts de plus de 20 personnes, dont certaines que j’ai en très haute estime, comme Reggie Gaudino, Mojave Richmond, Dale Hunt, Angela Bacca et tant d’autres. Le livre contient tout ce que vous devez savoir sur le breeding, des techniques et concepts de base aux plus avancés, avec certaines des technologies les plus récentes entrées dans le jeu au cours des 5 dernières années.
Quels sont tes meilleurs conseils pour quelqu’un qui s’intéresse au breeding ?
Apprenez d’abord à cultiver. Le breeding doit être une transition naturelle de la culture. Si vous ne savez pas cultiver assez bien pour que la plante s’exprime correctement afn de différencier les phénotypes, vous ne pouvez pas sélectionner des plantes de qualité pour la culture, la sélection et les offrir au monde.
Y a-t-il des erreurs à éviter lors du croisement de deux plantes ?
La sélection doit être intentionnelle, il doit y avoir un plan dès le départ. Si vous ne collectez pas des données sur la génétique avec laquelle vous travaillez, vous manquerez une grande partie du processus. La plus grande erreur est que les gens vendent des graines non testées. De nombreux traits sont récessifs, à moins que vous ne connaissiez très bien vos lignées, vous ne savez pas vraiment quels seront vos résultats fnaux. Si vous avez deux plantes qui semblent être sexuellement stables, elles peuvent toujours avoir des traits intersexués récessifs qui s’exprimeront si les deux parents les ont.
À ton avis, quelle est l’importance de trouver le bon mâle pour la fabrication de graines classiques ?
Trouver le bon mâle est essentiel. À bien des égards, la sélection féminisée est beaucoup plus facile, parce qu’on comprend mieux ce qui est apporté par le donneur. La meilleure chose à faire est de tester les graines que vous fabriquez à partir de quelques mâles de la même progéniture sur un ou plusieurs cultivars pour voir ce que le mâle apporte. C’est la meilleure façon de sélectionner un mâle pour le breeding. Une grande partie de ce travail peut se faire à petite échelle en pollinisant une branche à l’aide de sacs à pollen.
Quelle est la meilleure façon de conserver le pollen quand on travaille à la maison ?
Le plus important est de sécher le pollen le plus rapidement possible et de le garder au sec. L’humidité et l’eau sont les ennemis. Plus c’est sec, mieux c’est. Des températures froides sont encore plus importantes. Les dessiccateurs sont efcaces et des conditions stables vous donneront une durée de conservation plus longue. Honnêtement, la meilleure chose à faire est d’utiliser le pollen dès que possible.
Quels sont vos meilleurs conseils pour cultiver les meilleures têtes en indoor ?
Trouvez quelqu’un qui sait comment faire pousser des fleurs étonnantes et apprenez de lui. Il y a toujours Internet et les podcasts aussi. Prenez des notes et enregistrez tout ce que vous faites. De cette façon, vous pouvez revenir en arrière et évaluer les progrès ou examiner les erreurs afn de pouvoir faire mieux la prochaine fois !
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