François Rabelais et le cannabis
François Rabelais est un écrivain français, humaniste et libre-penseur de la renaissance, également médecin. Il est connu principalement pour ses deux grands romans, Pantagruel, publié en 1532, et Gargantua, en 1534. Dans le Tiers livre, François Rabelais fait l’éloge d’une plante appelée Pantagruelion, qui serait en réalité le chanvre.
François Rabelais serait né selon les sources en 1483 ou en 1494 au domaine de la Devinière à Seuilly dans le département de l’Indre-et-Loire. Il a été très jeune familiarisé avec le chanvre. Son père Antoine Rabelais avait son propre vignoble dans la région viticole de Chinon qui possède son appellation d’origine contrôlée. Mais Antoine Rabelais cultivait également du chanvre dans sa propriété du village de Cinais, non loin de Chinon.
Après avoir quitté l’ordre des Benedictins, François Rabelais étudie à la Faculté de médecine de Montpellier. En 1532, il s’installe à Lyon où il est nommé médecin de l'Hôtel-Dieu de Notre-Dame de la Pitié du Pont-du-Rhône.
Ses romans comiques et satiriques possèdent un sens caché et ont fait l’objet de nombreuses interprétations.
En 1532, il publie son premier livre, « Les horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes », connu simplement sous le titre Pantagruel. Le livre est publié sous le le nom d’Alcofribas Nasier, un anagramme de François Rabelais. C’est une parodie des romans de chevalerie qui raconte l’histoire du géant Pantagruel, fils de Gargantua et de Bacdebec, et de son ami, Panurge.
Son deuxième livre, « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre plein de Pantagruelisme », ou simplement Gargantua, a été publié à une date imprécise, en 1533, en 1534 ou en 1535. Ce deuxième roman raconte l’histoire de Gargantua, père de Pantagruel et fils de Grangousier et de Gargamelle, elle-même fille du roi des Parpaillons. Dans l’introduction de son roman, François Rabelais incite le lecteur à l’interprétation.
Le Tiers Livre a été publié en 1546 sous le nom de François Rabelais. Il raconte la suite des aventures de Pantagruel et Panurge. C’est dans le chapitre 59 que Rabalais décrit l’herbe Pantagruelion ou cannabis. Dans la deuxième édition publié en 1552, les chapitres 49, 50, 21 et 52 concernent cette mystérieuse plante.
Extrait du chapitre 49 : « Pantagruel fit ses préparatifs pour aller en mer. Et de l'herbe appelée Pantagruelion. »
« Entre autres choses je vis qu'il avait chargé en grande abondance de son herbe Pantagruelion, tant verte et crue, que confectionnée et préparée. L'herbe Pantagruelion a une petite racine dure et arrondie, terminée en une pointe blanche émoussée, avec peu de filaments, et ne s'enfonce pas dans la terre de plus d'une coudée. De la racine sort une tige unique, ronde, férulacée, verte au dehors, blanchie au dedans : concave, comme la tige du smyrnium, de l'olus atrum, des haricots et de la gentiane, ligneuse, droite, friable, un peu entaillée en forme de colonnes légèrement striées ; pleine de fibres, en lesquelles consiste toute la dignité de l'herbe, surtout dans la partie appelée mesa, comme milieu, et celle qu'on appelle mylasea… »
Dans ce chapitre, Rabelais décrit précisément la plante dont la hauteur se situe entre 5 et 6 pieds : « De la tige sortent de grosses et fortes branches. Les feuilles sont trois fois plus longues que larges, toujours vertes, rugueuses, comme l'orcanette, dures, incisées tout autour comme une faucille et comme la bétoine, terminées en pointes comme une sarisse macédonienne et comme une lancette dont se servent les chirurgiens… »
Extrait du chapitre 50 : « Comment doit être préparé et employé le célèbre Pantagruelion. »
« On prépare le Pantagruelion sous l'équinoxe d'automne en diverses manières, selon la fantaisie des peuples et la diversité des terres. Le premier devoir que Pantagruel donna, c'est d'en dépouiller la tige des feuilles et des graines, de la faire macérer en eau stagnante et non courante pendant cinq jours… »
Extrait du chapitre 51 : « Pourquoi on l'appelle Pantagruelion, et les vertus admirables qui en sont. »
« En ces mœurs (excepté la fabuleuse, à cause de la fable que Dieu ne veut pas employer en cette si véridique histoire) on appelle l'herbe Pantagruelion. Car Pantagruel en est l'inventeur. Je ne parle pas de la plante, mais d'un certain usage, qui est plus abhorré et haï des voleurs… »
Extrait du chapitre 52 : « Or, une certaine espèce de Pantagruelion ne peut être consumée par le feu. »
« Ce que je vous ai dit est grand et admirable. Mais si vous vous hasardiez à croire à quelque autre divinité de ce sacré Pantagruelion, je vous le dirai. Croyez-le ou non, cela m'est égal. Il me suffit de vous avoir dit la vérité. Vérité dites-vous. Mais pour y entrer, car c'est d'un accès assez rude et difficile, je vous le demande. Si j'ai mis dans cette bouteille deux mesures de vin et une d'eau ensemble très bien mêlées, comment les démêlerez-vous ? Comment les séparerez-vous ? De quelle manière me rendrez-vous l'eau à part sans le vin, le vin sans l'eau, dans la même mesure qu'elles y ont été mises… »
Selon l’historien Chris Bennett, « La figure médiévale et de la Renaissance la plus intrigante impliquée dans l'histoire du cannabis est peut-être le moine, alchimiste et titulaire d'un baccalauréat en médecine du XVIe siècle, François Rabelais… »
Olivier F
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