11 décembre 2013, l’Uruguay est le premier pays à légaliser le cannabis

Soft Secrets
28 Aug 2018

Dans cette rubrique, nous évoquons les dates importantes qui ont marqué l’histoire du cannabis. Plusieurs années avant le Canada, où la vente du cannabis légal doit commencer le 17 octobre prochain, l’Uruguay est le premier pays dans le monde à légaliser totalement la production, la vente et la consommation du cannabis pour un usage thérapeutique et récréatif. Après celui des députés en juillet 2013, le vote des sénateurs le 11 décembre 2013 a permis à l’Uruguay d’adopter cette nouvelle loi.


Par Olivier F

C’est grâce au président José Mujica, en fonction entre 2010 et 2015, que le cannabis a été légalisé en Uruguay. Ce président atypique, qui reversait 90 % de son salaire à un programme de logement social, s’est distingué par sa politique sociétale très libérale tout en poursuivant la politique sociale tournée vers les plus défavorisés de son prédécesseur.

C’est en juin 2012 que José Mujica a annoncé son intention de légaliser le cannabis. Une décision spectaculaire qui a tout de suite fait l’objet de nombreuses critiques. Le président a lancé ce jour là un véritable pavé dans la mare de la politique anti-drogue internationale après presque un siècle de prohibition.

En 2012, aucun pays ou état américain n’a encore annoncé son intention de légaliser le cannabis récréatif. Les Pays-Bas tolèrent la vente du cannabis au détail dans les coffeeshops mais la culture de plus de cinq plants reste interdite et la filière est dans une zone grise. Certains pays ont dépénalisé le simple usage de cannabis où encadrent la distribution de cannabis médical. C’est la première fois qu’un pays souverain décide d’aller à l’encontre des traités internationaux en choisissant de légaliser le cannabis.

L’annonce de José Mujica marque le début de ce grand mouvement pour la légalisation que nous connaissons depuis maintenant six ans. L’Uruguay fait alors partie des rares pays ou la consommation de cannabis est déjà dépénalisé, ce qui est déjà un bon point de départ pour se diriger vers une véritable légalisation. Le simple usage de cannabis n’est donc pas puni par loi mais la culture de cannabis même en autoproduction peut être sanctionné de peines de prison ferme. En 2011, l’arrestation d’Alicia Castilla, un argentine qui vit en Uruguay, auteure de livres sur la culture du cannabis, dont le best seller Cultura Cannabis, a choqué les urugayens. Alicia Castilla, alors agée de 66 ans, a été interpellée à son domicile un dimanche après midi par 14 policiers « armés jusqu’au dents ». 29 plants de cannabis, destinés à sa consommation ont été saisis. Alicia Castilla a passé trois mois en prison dans des conditions difficiles. Paradoxalement, son arrestation, qui a mobilisé l’opinion publique, a contribué à la légalisation du cannabis.

L’Uruguay est un petit pays d’Amérique latine de 3,8 d’habitants. La légalisation concerne seulement quelques centaines de milliers de consommateurs. L’un des objectifs du gouvernements est de lutter contre le crime organisé qui importe de la marijuana, pas toujours de grande qualité, des pays voisins. En 2012, José Mujica connaît déjà certains détails de la future légalisation. L’annonce du prix du cannabis fait rêver les stoners dans le monde entier. La marijuana sera vendue un dollar, soit 0,8 euros par gramme. Mauvaise nouvelle : le taux de THC sera limité à 2 % mais le gouvernement reviendra en arrière sur ce point pour remonter jusqu’à 9 %. Le modèle choisi est celui du monopole d’état. Le cannabis, même pour un usage récréatif sera uniquement disponible dans les pharmacies.

Il existe trois filières distinctes pour se procurer du cannabis :

Culture à domicile en autoproduction : limitée à 6 plants par foyer, uniquement pour la consommation personnelle.

Cannabis clubs : les clubs doivent être autorisés par l’état, limités à 45 membres et 99 plants

Vente en pharmacie : limitée à 10 grammes par personne et par semaine

Les années suivantes, la mise en place de la légalisation est plusieurs fois repoussée et doit faire face aux réticences des pharmaciens. Le 1er octobre 2015, le gouvernement attribue des licences à deux entreprises installées en Uruguay, Symbiosys et Iccorp, autorisées à cultiver jusqu’à deux tonnes de cannabis par an. Les plantations, sécurisées par le ministère de l’intérieur, sont situées dans le sud-est du pays.

Finalement, la vente du cannabis légal dans les pharmacies débute le19 juillet 2017. A cette date, 16 pharmacies seulement, sur les 1000 que compte le pays, vendent de la marijuana à usage récréatif. Le prix a finalement été fixé à 1,1 euros par gramme (moins cher qu’au marché noir où le prix est d’environ 3 euros / g). L’accès au cannabis est réservé aux uruguayens ou aux personnes résidant en Uruguay. Pour avoir le droit d’acheter du cannabis dans les pharmacies, les consommateurs doivent s’enregistrer au préalable auprès du gouvernement. Ce sont les empreintes digitales qui permettent d’identifier les consommateurs et de respecter la limite des 10 grammes par semaine et par personne. A la date du 10 juillet 2017, 4711 personnes s’étaient enregistrées en tant que consommateurs de cannabis.

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