Le Thrips : un petit ravageur aux grands dégâts
Les thrips, minuscules insectes mesurant entre 0,8 et 2 mm de long, sont bien plus redoutables qu'ils n'en ont l'air. Avec leur couleur brun-jaune et leurs ailes étroites frangées de poils, ils peuvent sembler inoffensifs. C’est ce caractère spécifique qui leur a donné leur nom de thysanoptère (du grec pteron, ailes et thysanos, frangées) ; le terme “thrips” proviendrait également du grec, signifiant “cloportes”. Insectes piqueurs suceurs, ils participent pourtant à de nombreuses pollinisations, mais on les considère comme nuisibles, en raison des larges dommages qu’ils causent aux plantes. Leur capacité de reproduction fulgurante, leur alimentation très diverse, et leur voracité insatiable en font des ravageurs redoutables pour les cultures agricoles et horticoles.
Par Bon Vivant
Les thrips se nourrissent du contenu des cellules végétales. Leurs pièces buccales perforent les tissus des feuilles pour aspirer les fluides, les laissant vides et pleines d'air, créant ainsi des tâches argentées (cf pic.1). Sur les fruits, leurs attaques se manifestent par des déformations et des décolorations. En outre, des petits points sombres apparaissent, correspondant à leurs déjections. Ces ravageurs affectent de nombreuses cultures légumières : concombre, tomate, poivron, aubergine... Dans les cultures horticoles, les thrips causent des dégâts aux roses, au cannabis (évidemment), ainsi qu'aux chrysanthèmes, aux gerberas, etc…, entraînant cicatrices et déformations sur les fleurs. Fait problématique, les thrips sont d'importants vecteurs de pathologies et peuvent transmettre bon nombre de virus d'une plante à l'autre. Le tospovirus, responsable de la maladie bronzée de la tomate (TSWV) et son parent, le virus des taches nécrotiques de l'impatiente (INSV), en sont de bons exemples.
Le cycle de vie des thrips comporte cinq étapes : œuf, larve, prépupe, pupe et adulte. À une température de 20 °C, le cycle complet prend environ 19 jours, tandis qu'à 25 °C, il peut être réduit à 13 jours. Les femelles déposent des œufs dans les tissus des plantes, puis les larves se développent sur les feuilles, les fleurs et les fruits, avant de généralement se nymphoser dans le sol, entre le 3ème et 4ème stade.
Parmi les très nombreuses espèces de thrips, certaines espèces sont tout particulièrement nuisibles pour nos cultures : L’espèce la plus répandue, Frankliniella occidentalis (thrips des petits fruits) (cf pic.2), est originaire d'Amérique du Nord. Désormais présent dans le monde entier, elle envahit diverses cultures, dont le cannabis, les légumes et les plantes ornementales. Le Thrips tabaci (thrips de l'oignon), répandu mondialement, varie son cycle de vie et de reproduction selon la température. Il attaque de nombreuses cultures comme les oignons, le tabac, les tomates et les poivrons. Il propage aussi des virus comme le virus de la mosaïque du tabac (Tobamovirus). Enfin, le Frankliniella tritici (thrips des fleurs), bien que moins connu, se nourrit de pollen et de pétales. Il cause des décolorations et cicatrices sur les fleurs, affectant certaines cultures ornementales et légumières.
Les solutions de lutte contre les thrips sont multiples. Une bonne approche intégrée de la lutte contre les ravageurs (IPM en anglais) constitue une stratégie durable permettant de gérer les populations de thrips. Cette approche combine plusieurs méthodes de lutte, assurant une gestion efficace tout en minimisant les impacts environnementaux. Une surveillance et détection précoce est cruciale pour repérer les thrips avant qu'ils ne causent des dommages significatifs. L’utilisation de pièges collants, placés stratégiquement dans les cultures, sont particulièrement efficaces pour surveiller l’évolution des populations. Le nettoyage régulier des serres et l'installation de moustiquaires sur les ouvertures peuvent réduire les infestations de thrips et empêcher ces insectes de pénétrer. Il est également nécessaire de penser à la rotation des cultures et l'élimination des plantes hôtes susceptibles de servir d’abri. Autre atout, la lutte biologique : elle favorise un équilibre naturel et limite l'usage de pesticides. Contre les thrips, il est recommandé l’introduction de prédateurs naturels comme les larves de chrysope (Chrysoperla carnea), les acariens prédateurs (Amblyseius swirskii ou cucumeris), la punaise prédatrice Orius insidiosus, ou encore les nématodes (Steinernema feltiae). L'utilisation de pesticides (biologiques ou chimiques) peut être nécessaire dans certains cas extrêmes. L'application doit être ciblée et utilisée en dernier recours afin de minimiser l'impact sur l'environnement et les organismes non ciblés.
En conclusion, les thrips représentent une menace sérieuse pour de nombreuses cultures en raison de leur capacité de reproduction rapide et de leur méthode de nutrition destructive. Cependant, une gestion proactive et intégrée peut minimiser leur impact. En combinant la surveillance régulière, les mesures culturelles, la lutte biologique et chimique, il est possible de contrôler efficacement ces ravageurs. La recherche continue sur les interactions écologiques des thrips ouvrira de nouvelles voies pour une gestion encore plus efficace et durable. En intégrant des solutions de pointe telles que les capteurs intelligents et les biopesticides de nouvelle génération, les producteurs pourront anticiper et répondre aux menaces des thrips de manière encore plus précise et respectueuse de l'environnement.
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