L’autre plante du mois : le Souci (Calendula)

Olivier F
25 Jun 2022

Les fleurs du Souci sont synonymes des premiers jours de printemps dans nos régions. Cette plante fait partie des Asteraceae, une famille regroupant également la Camomille, le Pissenlit, la Pâquerette, les Chardons, les Oeillets d’Inde, la Laitue ou encore l’Arnica…


Texte et photo : Hortizan

Son nom scientifique Calendula provient du latin kǎlendae ou calenda ( premier jour de chaque mois chez les romains), car en l’absence de gelées et sous un climat adapté, cette plante peut fleurir tout au long de l’année. L’origine du nom commun Souci provient quant à lui du latin solsequia, signifiant "qui suit le Soleil". La raison ? La fleur du Souci, tout comme son cousin le Tournesol, suit le parcours de l’Astre dans le ciel. Grâce à cette technique dénommée phototropisme, le Calendula optimise son temps d’exposition, ce qui lui permet de profiter chaque jour plus longtemps de la photosynthèse. Cette fleur représente un grand intérêt pour nos jardins, mais dispose aussi de nombreuses qualités gastronomiques et médicinales.

Le Souci, plante tinctoriale et alimentaire :
Autrefois surnommé “safran des pauvres” pour ses propriétés colorantes, son utilisation s’est largement répandue à d’autres usages depuis.
En tant que colorant textile, tout d’abord, car le Souci renferme divers principes actifs comme de la caroténoïde. Ce pigment végétal liposoluble (soluble dans la graisse) posséde la faculté de fixer des tons oranges, beiges, jaunes, verts ou bruns sur les textiles souhaités. Les cuisiniers, quant à eux, utilisent également le Souci comme colorant alimentaire : ses pigments peuvent être extraits afin de produire une coloration jaune, très utile pour foncer le beurre et certains fromages. Mais le Souci ne se limite pas à cet usage. Ses pétales peuvent être légèrement revenues à la poêle, être simplement ajoutées en accompagnement d’une salade, ou même sur du riz, qui profitera de sa coloration.

Ses nombreuses vertus médicinales :
Les propriétés médicales du Souci ne sont plus à prouver : ses effets curatifs et apaisants contribuent à son large usage en phytothérapie. La raison est simple, le Calendula renferme de nombreux principes actifs lui conférant ses bienfaits : carotène, flavonoïdes, saponines, …
Ses composés triterpéniques, que l’on retrouve chez bon nombre de végétaux tels que la Girofle (Syzygium aromaticum) ou le Cannabis, lui procurent des bienfaits anti-inflammatoires et antiseptiques. Ses saponines, autres molécules triterpéniques, permettent même de décroître le taux de cholestérol chez les mammifères. Le faradiol contenu dans ses fleurs, quant à lui, participe aux arômes des végétaux, il lui confère également des effets antifongiques et anti-œdémateux. De nombreuses études ont également démontré la présence de molécules bioactives : acide oléanolique, vanillique ou encore caféique, des éléments utiles non seulement pour leurs qualités aromatiques, mais aussi pour leurs effets antibactériens et anticancéreux. Teintures mères, crèmes et autres préparations disposent ainsi d’effets hydratants et cicatrisants pour les peaux irritées, et soulagent également de nombreux maux en usage interne.

Semez des Soucis pour les éviter :
Une fois installé dans un biotope, le Calendula présente des fleurs de couleur jaune ou orange dès l’arrivée du printemps, puis se ressème de lui même d’année en année. Fait très intéressant pour les jardiniers : grâce à une longue floraison, le Souci sert de refuge à grand nombre d’auxiliaires de cultures.
Appréciant tout particulièrement cette plante, le syrphe (Syrphidae) est un diptère (du grec di-pteron - avec deux ailes) de 7 à 15 mm de long. Ressemblant vaguement à une petite abeille avec ses rayures jaunes et noires, il est cependant facile à distinguer de par ses vols stationnaires et son absence de dard. Le syrphe adulte peut se nourrir de pollen et de nectar, c’est pourquoi il trouve facilement refuge dans les fleurs de Souci ou il pourra y pondre ses œufs. La larve de ce pollinisateur, dont la couleur peut aller du blanc au vert fluo est en revanche aphidiphage : elle se nourrit de pucerons. Il est donc recommandé de ne pas déranger ces étranges larves que vous pourriez observer autour des populations de ces insectes suceurs de sève.
Le Macrolophus de la famille des Miridae, bénéficie lui aussi de la culture du Souci. Cette petite punaise verte de 3 à 5 mm de long est polyphage : elle sait adapter son régime alimentaire selon les situations. Très mobile, cet insecte prédateur est capable de se nourrir d’une cinquantaine de larves ou d’œufs d’aleurodes par jour. Il dévore tout acarien, mouche mineuse ou thrips qui lui tombe sous la main. Une fois sa cible disparue, le Macrolophus est en outre capable de se nourrir de manière diversifiée sur le Calendula. En effet, ce petit Hétéroptère peut à la fois prélever de la sève en piquant les tiges du Souci, et en même temps se nourrir du pollen de ses fleurs. La mise à disposition de plantes hôtes comme le Souci renforce donc l’efficacité des auxiliaires dans la gestion des ravageurs.

Le Calendula n’est donc pas simplement intéressant de par son côté esthétique, il se révèle aussi être un compagnon idéal dans la lutte contre les espèces nuisibles. Très simple à implanter et à maintenir dans tout écosystème, les très nombreuses utilisations du Souci en font une plante idéale pour des jardins fleuris !

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Olivier F