Légalisation : faut-il limiter le taux de THC ?
En cas de légalisation, faudra t-il limiter le taux de THC dans les produits à base de cannabis ? La réponse est non. La plupart des politiques qui pensent qu’il faudrait limiter ce taux pour des raisons de santé publique connaissent très mal le sujet.
La limitation du taux de THC est le dernier argument des prohibitionnistes pour justifier leur refus de la légalisation du cannabis. Ils prétendent en effet, qu’en cas de légalisation, le taux de THC sera forcement limité, ce qui permettra au marché noir de se maintenir en vendant des produits plus puissants.
De leur coté, les politiques partisans de la légalisation veulent rassurer les électeurs et monter leur intérêt pour la santé en incluant dans leur projet cette limitation du taux de THC, le cannabinoïde qui fait planer.
Le premier argument contre cette limitation est bien sûr la possibilité de réaliser des extractions ou des concentrés de cannabis. Même à partir d’une herbe avec un taux de THC très faible, il est possible d’extraire un concentré ou huile de cannabis avec plus de 80 % de THC. Nous réalisons régulièrement des extractions avec des feuilles de manucure, qui contiennent peu de THC. Pour réaliser des extractions, avec un budget de seulement quelques dizaines d’euros, il est possible d’acheter un fer à lisser (rosin ou extraction sans solvant) ou un tube extracteur pour le butane (BHO).
Il y a une forte demande pour les produits à fort taux de THC. On peut bien sûr faire la comparaison avec l’alcool. Un verre de whisky à 40 ° servi dans un bar ne contient que 3 centilitres alors qu’un verre de bière à 5 ° contient 25 centilitres ou un verre de vin à 12 °, 10 centilitres. Comme pour l’alcool, les consommateurs de cannabis adaptent le dosage en fonction du taux de THC.
Certains scientifiques recommandent les extractions pour un usage médical. Il vaut mieux en effet ingérer uniquement les substances actives contenues dans les trichomes (cannabinoïdes, terpénoïdes et flavonoïdes) plutôt qu’une grande quantité de végétal, qui pourrait s’avérer toxique dans certains cas. Les produits avec de forts taux de THC ne sont pas forcément plus nocifs s’ils sont utilisés avec modération.
De plus, la puissance des effets dépend aussi du mode d’ingestion. Ceux qui ont déjà testé les space cakes ou les infusions connaissent la puissance de leurs effets. L'ingestion par voie orale provoque des effets beaucoup plus puissants que l'inhalation par combustion ou vaporisation.
En cas de légalisation, nous devrions au contraire cultiver des variétés très fortes en THC. Ce serait bien sûr plus rentable pour les cultivateurs. Contrairement au Maroc, la France ne dispose pas de grandes surfaces cultivables et cultiver du cannabis avec des taux de THC importants permettrait d’atteindre l’autosuffisance. Certaines variétés dépassent naturellement les 30 % de THC.
La plupart des pays ou états qui ont légalisé le cannabis ne limitent pas le taux de THC et autorisent la vente de haschisch et d’extractions. L’Uruguay qui avait au départ fortement limité les taux de THC dans le cannabis légal est revenu en arrière. En France, une limitation du taux de THC ne permettrait pas d’éliminer le marché noir.
La limitation du taux de THC n’est donc pas une bonne idée. La consommation de fleurs ou d’extractions avec de forts taux de THC ne pose pas de problème particulier. Rappelons que la consommation de cannabis même en grandes quantités n’est pas létale. L’important est que les consommateurs de cannabis soient bien informés sur les produits pour éviter le « bad trip »
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Olivier F
