Interview Stoner VIP : Philippe Manœuvre

Par Olivier F

SSFR : A quel âge as-tu fumé ton premier joint ?
Philippe Manœuvre : C'était aux Etats Unis, à Long Island, en 1971, j'avais 17 ans et c'est un souvenir hilarant. J'étais comme pétrifié. Je suis resté assis devant une chaîne stéréo chez des étudiants ricains. J'ai regardé une pochette de Dave Mason pendant deux heures, oui, elle était bonne !

Et ton dernier joint ?
Il y a quelques heures.

Tu préfères le haschich ou la marijuana ?
Je suis fan d'herbe.

Quelle est ta variété préférée ? Tu es plutôt indica ou sativa ?
Je suis plutôt sativa. J'adore les nouvelles herbes bio crées par les hollandais, toutes ces Mexican Haze, B6 et autre, même si je garde un souvenir ému de l'Acapulco Gold des années 80.

Tu es plutôt pipe, bang, vapo ou joint traditionnel ?
Je suis plutôt joint traditionnel.

Tu les fumes purs ou avec du tabac ? Feuilles slim ou petites feuilles ? Filtres en carton ou en tabac ?
Je fume mes joints avec un léger supplément tabac. Le pur, c'est pour les très grandes occasions, anniversaire, concert des Stones. J’utilise des feuilles de papier Raw et des filtres en carton.

Toi qui a beaucoup voyagé, quel est, selon toi, le pays où l’on trouve la meilleure herbe ?
Les pays où l'on trouve la meilleure herbe sont la Californie, la Hollande et la Jamaïque.

Tu fréquentes les coffees shops ?
Les coffee shops d'Amsterdam sont une puissante attraction. On ne se lasse pas de s'y poser pour découvrir de belles ambiances. Franchement celui qu'on voit dans Ocean Thirteen (Dampkring) me va très bien. Le décor est très Hobbit Style, l'herbe puissante, les visiteurs sympas et la musique très bonne. Que demander de plus ? Un smoothie, merci !

Tu as déjà cultivé ?
Une année, j'avais plein de graines tombées de diverses acquisitions, que j'ai balancé dans un pot de terre sur ma terrasse. C'était l'année 2003, l'année de la grosse vague de chaleur. Quand je suis rentré de Corse, j'avais un buisson de 4 mètres de haut sur ma terrasse, on l'a choyé, arrosé, séché et fumé. Depuis je n'ai pas recommencé, le soleil non plus.

As-tu déjà lu des livres sur le cannabis ?
Les livres de Jean Pierre Galland du Circ sont de très bons documents. Je recommande aussi le Club des Hachichins de Theophile Gauthier (1846), qui est toujours sur ma table de chevet en cas d'insomnie. Je vous rappelle la première phrase : " Un soir de décembre, obéissant à une convocation mystérieuse, rédigée en termes énigmatiques compris des affiliés....".

As-tu déjà assisté à un salon du chanvre ou à une cannabis cup ?
Avec Rock&Folk, on avait fait le congrès du LSD en 2007, puis nous avons suivi la Cannabis Cup d'Amsterdam de 2009. C'est vraiment un souvenir génial, le sentiment d'être entré de plein pied dans le troisième millénaire. Rencontrer ces vieux cultivateurs hollandais, discuter avec les festivaliers, écouter de la musique, visiter des coffee shop inconnus, fumer des arbres, quel bon programme, vraiment.

Quand on est connu comme toi, est-ce que l’on a moins de contrôles de police et de douanes ?
Je suis adepte de la phrase de Hunter Thompson :" la seule connerie que j'ai pas faite avec les drogues, c'est passer une frontière avec...."

Penses tu que le cannabis sera un jour légal, en France ?
Je l'espère car les cultivateurs tricolores ont certainement une carte à jouer dans ce domaine.

Tous styles et époques confondus, quelles sont tes chansons favorites sur le thème du cannabis ?
Le 18 juin dernier, sur OUI FM, à 18H00, nous avons passé "Dont Bogart that joint" de The Fraternity Of Men (BO easy Rider) qui me semble toujours aussi impeccable. Mais n'oublions pas "Passe le oinj" de NTM, "Fumée" de Johnny Hallyday, "8 Miles High" des Byrds, "Panama Red" des Flying Burritos, "Roll Me Up & Smoke Me When i'm Dead" de Willie Nelson et Snoop Dogg, "Hash Pipe" de Weezer… Vous connaissez la liste !

L’herbe était-elle meilleure dans les années 70 / 80 ?
C'est un grand débat qui agitera le monde jusqu'à la disparition du dernier baby boomer : l'herbe était-elle plus forte avant ? Personne ne peut répondre...

Tu es un spécialiste du rock mais je sais que tu aimes aussi la musique reggae, comme de nombreux lecteurs. Quels sont tes artistes favoris dans ce domaine ?
Plus ça va, plus je suis devenu inconditionnel de Peter Tosh. A part ça, il existe une vingtaine d'albums reggae qui sont des disques parfaits. Tout ce boulot de Lee Perry, Toots, Abyssinians, Dillinger, Marley, Dennis Brown reste édifiant de nos jours. Tosh est un maitre absolu. Il avait composé "Legalize it" tout de même !

Pour la première fois depuis très longtemps, il y-a eu un groupe electro en couverture de R & F, Daft Punk. Après le retour du rock, est-ce le retour de l’electro ?
Aujourd'hui, tout est présent, tout le temps ! Dans les années 60, on avait tous ce rêve naïf et idiot : le rock allait gagner la partie, tout submerger, Sheila et compagnie disparaitraient, bla bla… Depuis la french touch, je ne raisonne plus du tout en terme de mouvements. Et puis les formes musicales ne sont pas des êtres de chair et de sang. Et donc ne peuvent pas mourir ni disparaître.

Tous styles confondus, tes albums favoris du moment ?
Le Daft, le Miles Kane, le Ty Segall, le Kurt Vile. Et le 45 tours des Strypes !

Quelle est ton actualité professionnelle ?
Je viens de sortir un triple album chez EMI France, ce sera la dernière référence de cette major rachetée par ses concurrents.

Article publié dans Soft Secrets France 4-2013