Interview Stoner VIP : Alain Meunier-Baudelaire
Écrivain, cultivateur et fabriquant de shilums, Alain Meunier-Baudelaire est aussi maintenant directeur des Editions du Lézard. Il est notamment connu pour avoir participé à la série documentaire, Strip-tease, diffusée sur France 3, en tant que personnage principal d’un épisode intitulé, L’Herbe du diable.
Par Olivier F
SSFR : A quel âge as-tu fumé ton premier joint ?
Alain Meunier-Baudelaire : A l’age de 18 ans pendant un séjour au Maroc et ce n’était pas un joint mais un sibsi, une pipe traditionnelle.
Et ton dernier joint ?
Il y-a quelques minutes.
Tu préfères le haschich ou la marijuana ?
J’aime bien les deux. Je parle, bien sûr, du haschich que je fabrique moi-même. J’utilise des méthodes d’extraction assez basiques.
Quelle est ta variété préférée ? Tu es plutôt indica ou sativa ?
Les deux, je fume principalement la weed que je cultive avec des graines issues de mes propres croisements. C’est une variété qui évolue au fil des années. J’ai commencé il y-a longtemps avec des variétés afghanes et G13.
Tu fumes uniquement des shilums ?
En effet, je fume uniquement des shilums. Je tire sur les joints que l’on me propose mais il y-a très longtemps que je n’ai pas acheté un paquet de feuilles. La température du joint est de 650° et celle du shilum, de 900°. C’est seulement avec le shilum que le produit se consume totalement et c’est à mon avis, bien meilleur pour la santé. Ce sont des shilums traditionnels que je fabrique moi-même à la main en roulant la terre. Je suis un inconditionnel des shilums. Shilum est d’ailleurs mon pseudo d’écrivain.
Quel est, selon toi, le pays où l’on trouve la meilleure herbe ?
C’est difficile de répondre à cette question car maintenant, on cultive de la bonne herbe dans tous les pays. Les hybrides sont disponibles un peu partout et il est possible de cultiver de la très bonne weed sous tous les climats, en outdoor ou en indoor.
Tu fréquentes les coffee-shops ?
J’ai fait de nombreux séjours en Hollande, il y-a quelques années. J’ai fréquenté assidument les coffee-shops et les cannabis cups. J’y suis allé pour la première fois en 1985.Je me souviens notamment d’un cofee-shop qui n’existe peut être plus, le Cheeba.
Tu cultives uniquement en outdoor ?
Uniquement en outdoor mais il m’arrive de démarrer mes plants en intérieur avec un néon horticole. Je cultive de façon très naturelle et je suis totalement autonome. Je fabrique mon propre terreau et j’utilise juste un peu d’engrais à base d’algue. Je produis chaque année mes propres graines de façon très basique. Je sélectionne mon plus beau mâle et je le laisse polliniser quelques buds sur chacune de mes femelles qui commencent juste à fleurir. Je récolte de la véritable sinsemilia avec juste quelques graines sur chaque plant. Je laisse faire la nature !
As-tu déjà assisté à un salon du chanvre ou à une cannabis cup ?
J’ai souvent assisté à des coupes et à des salons un peu partout en Europe : à Barcelone, à Prague ou en Hollande...
Mis à part ceux que tu as écris ou édité, quels sont tes livres préférés sur le thème du cannabis ?
Je suis un grand collectionneur de livres sur le cannabis et sur les drogues en général. Il y-a un livre qui m’a beaucoup marqué lorsque j’étais jeune. C’est un livre italien très peu connu qui date de1979 et qui s’intitule, Marijuana e Altre Storie de Cesco Ciapanna. Sorti bien avant The Emperor Wears No Clothes, cet ouvrage m’a beaucoup appris sur le cannabis.
Te souviens-tu de certains films ou documentaires sur le cannabis qui t’auraient particulièrement marqué ?
Il y ya un documentaire méconnu que j’ai mis récemment en ligne sur ma page YouTube intitulé, Cannabis en France de Philippe Lachambre. Ce film a été réalisé en 1998 et à l’époque, il n’avait pas trouvé de diffuseur.
Est-ce que tu fréquentes les sites et les forums cannabiques ?
Mis à part ma chaine YouTube, je ne m’occupe pas du tout d’internet. Les Editions du Lézard ont leur propre site et sont présentes sur les réseaux sociaux mais ce sont des amis qui s’en occupent.
Penses-tu que le cannabis sera un jour légal, en France ?
Oui, c’est inéluctable, le cannabis sera un jour légal mais on ne sait pas quand cela arrivera.
A cause de la weed, as-tu déjà eu des problèmes avec la police ou la justice ?
De nombreux problèmes ! Ca a commencé en Italie lorsque j’étais militant anti-prohibitionniste. J’ai été arrêté plusieurs fois et j’ai même fait un peu de prison. Pour finir, j’ai carrément été renvoyé du pays et interdit de séjour en Italie. En France, ma plantation a été saisie deux fois suite à des dénonciations.
Tu es depuis longtemps, un militant de la cause cannabique…
Après avoir été brusquement renvoyé d’Italie ou j’avais habité cinq ans, je suis revenu en France et un peu plus tard, j’ai rejoint le Circ avec qui je suis resté plusieurs années. Cette aventure s’est hélas, mal terminée en 1999. J’étais à l’époque, président du Circ Provence et nous avons carrément été exclus de la fédération. Je voulais présenter une liste indépendante aux élections européennes et Jean-Pierre Galland, qui voulait alors se faire une place chez les verts, n’a pas apprécié. Il était à l’époque, influencé par plusieurs personnes dont Jean-Luc Bennahmias, un ancien écologiste qui est ensuite parti au Modem. Actuellement, je continue de lutter contre la prohibition avec les Editions du Lézard.
Quels seront les prochains livres publiés aux éditions du Lézard ?
Il y-a pas mal de projets. Je vais sortir un livre autobiographique de Robert Delanne qui n’a pas encore de titre mais qui devrait s’appeler « Pour 140 kilos de haschich ». Il raconte son voyage en canot pneumatique entre le Liban et la Sicile avec 140 kilos de haschich. Je vais également sortir un bouquin sur le café car je m’intéresse à toutes les prohibitions et le café a été, à une époque, prohibé.
Tu es un lointain descendant de Charles Baudelaire…
Je me suis beaucoup intéressé aux écrits de cet illustre membre de ma famille et j’ai été inspiré par sa personnalité. J‘aime particulièrement le poème, L’étranger, extrait de « Petits poèmes en prose ».J’ai publié le livre, « Le spleen mis à nu » dans une de mes maisons d’édition « Les Fleurs du mal ».
Les Nouvelles Haschichiennes, texte de Shilum, illustrations de Kiki Picasso, éditions du Lézard / éditions du Calumet, 110 p