Pendant le confinement, la répression continue
L’objectif des politiques et des forces de l’ordre qui luttent contre le trafic de drogues depuis plusieurs décennies s’est enfin réalisé ! Grâce ou à cause de la crise du Coronavirus, le trafic de cannabis a fortement diminué en France, comme dans la plupart des pays où il est toujours illégal.
La France est loin d’être auto-suffisante et son approvisionnement dépend de pays étrangers comme l’Espagne, le Maroc ou les Pays-Bas. La fermeture des frontières a freiné le trafic mais le cannabis continue de transiter en petites quantités parmi les marchandises autorisées.
En France, le confinement a révélé les inégalités sociales mais aussi l’inégalité entre ceux qui consomment de l’alcool et du cannabis. On nous annonce une augmentation de 15 % des ventes d’alcool mais les consommateurs de cannabis thérapeutique ou récréatif doivent subir une forte hausse de prix et déjà la pénurie dans certaines régions. A titre d’exemple, la plaquette de 100 grammes de résine de cannabis en provenance du Maroc, vendue auparavant aux environs de 300 euros, se négocie actuellement autour de 500 euros.
Rappelons que la consommation d’alcool favorise les violences conjugales alors que le cannabis favorise la paix sociale. Une fois de plus, nous pouvons constater que ces lois injustes et liberticides interdisent aux citoyens de choisir eux mêmes leurs drogues ou leurs médicaments. Cette situation de pénurie pour les usagers thérapeutiques pourrait conduire à des drames et même à des suicides. Les récentes émeutes dans les prisons seraient en partie dues à la fermeture de parloirs qui permettaient aux détenus d’introduire des produits stupéfiants.
Malgré cette situation exceptionnelle, il n'est pas question pour les autorités de relâcher la pression et le trafic de drogue est toujours sous haute surveillance. La politique de tolérance zéro continue de s’appliquer, comme l’a expliqué Stéphanie Cherbonnier au journal Ouest France Stéphanie Cherbonnier est la directrice de l‘Ofast (Office anti-stupéfiants), l’organisme nouvellement créé pour remplacer l’Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants), dont le directeur, François Thierry, avait lui-même été mis en examen pour trafic de stupéfiants !
« On ne peut pas exclure que cet assèchement de l’approvisionnement en cannabis entraîne un développement des cultures indoor dans l’Hexagone. La culture indoor existe déjà sur le territoire français. Nous n’avons encore pas constaté d’augmentation du phénomène. Il est trop tôt pour tirer les premières conclusions. Mais cela fait partie des aspects sur lesquels nous sommes attentifs. » a déclaré Stéphanie Cherbonnier, interviewée par le journal Ouest France.
Certains pays ont d’importants stocks de cannabis mais le problème est de l’acheminer sur le territoire français. Les ventes de produits stupéfiants sur le dark-net et autres réseaux de vente par correspondance auraient récemment connu une augmentation. « Nous avons aussi un œil sur les colis postaux, les livraisons à domicile… »
On pensait que l’ensemble des policiers et des gendarmes français étaient mobilisés pour faire respecter le confinement mais les services spécialisés se consacrent toujours à la lutte contre les stupéfiants. « Les services de la police judiciaire (PJ) ne sont pas ceux qui contrôlent les déplacements des citoyens, même si la PJ peut épauler les services de sécurité publique pour la conduite d’enquêtes traditionnellement traitées par la sécurité publique. La lutte contre les trafics de stupéfiants reste un domaine prioritaire, sinon ce serait mettre à mal le travail engagé ces derniers mois : le plan national de lutte contre les trafics des stupéfiants et la mise en place de l’office anti-stupéfiants créé en début d’année. En période de crise, si les trafiquants de stupéfiants s’adaptent, les services également… » a déclaré Stépahnie Cherbonnier, la directrice de l’Ofast.
« Il ne doit y avoir aucun fatalisme, aucun défaitisme, aucune naïveté face à la drogue. Il doit y avoir un combat, encore et toujours un combat » avait déclaré le Ministre de l’intérieur Christophe Castaner lors de l’inauguration de l’Ofast en février dernier.
Olivier F