L'AFP a trop chargée la douille

Soft Secrets
28 Dec 2011

Homicide involontaire suite à un "space-cake".


Homicide involontaire suite à un "space-cake".

Emotion dans les rédactions à la lecture d'une dépêche AFP reprise notamment sur LeFigaro.fr et annonçant qu'un homme allait être « jugé pour un space cake meurtrier » :
    « Un jeune homme de 26 ans va être jugé en février pour homicides involontaires pour avoir fait un “space cake”, un gâteau avec du cannabis, à l'origine du décès d'un couple de sans-abri, fin août, à Fontenay-le-Comte (Vendée), a-t-on appris lundi de source judiciaire, confirmant une information de France Bleu Loire Océan. »

Quoi ? Le shit peut tuer ?

Non que nous imaginions le cannabis totalement inoffensif, mais de là à en mourir... Nous décidons alors de sonder les spécialistes :
D'abord Arnaud Aubron (ancien de Rue89), qui s'apprête à publier « Drogues stores », un dictionnaire « rock, politique et philosophique » des drogues. Il commente :
    « Il n'y a pas de dose létale connue de cannabis. Le parquet va avoir du mal à prouver l'overdose, ou alors ce sera une première mondiale. »

Aucun décès directement lié au cannabis !

A la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanie (Mildt), on se dit « très étonné », mais on refuse de s'exprimer sur un cas précis. A la question « Peut-on faire une overdose de cannabis ? », le FAQ du site confirme :
    « Non. Dans le langage courant, une overdose est une consommation trop importante pouvant provoquer la mort par arrêt cardiaque ou insuffisance respiratoire.
    Jusqu'à présent, aucun cas de décès directement lié à une intoxication aiguë au cannabis n'a été rapporté. »
Puis, on interroge l'addictologue, Laurent Karila, (co-auteur de « Une histoire de poudre ») et il cherche pour nous dans la littérature scientifique, sans rien trouver sur ce sujet. Il précise :
    « Cliniquement, le cannabis ne donne pas d'obstruction des voies respiratoires. Il y a quelques exemples d'hémorragie pulmonaire par inhalation de cannabis avec un bang (ou pipe à eau) mais pas par ingestion de space cake. »

Le médecin psychiatre a beau chercher comment ce produit a pu être fatal (fausse route ? allergie ? cannabis de synthèse ? ), il ne voit pas pourquoi deux personnes auraient succombé au même phénomène.

Un gâteau aux opiacés

Enfin, on remonte à l'origine de l'information, en contactant la journaliste de France Bleu Loire Océan, Mélanie Domange. Celle-ci nous apporte l'explication :
    « L'AFP s'est trompée, le space cake a été confectionné au pavot. Les deux personnes décédées étaient des marginaux et le gâteau était très très dosé. » Dans ce cas, Laurent Karila est bien moins étonné :
    « Le pavot est un opiacé, avec lequel est fabriquée l'héroïne. Les space cakes au pavot sont rares et on voit mal comment ils sont préparés, mais ils peuvent provoquer des dépressions respiratoires sur des personnes vulnérables. » Enfin, Xavier Pavageau, le procureur de la République de la Roche-sur-Yon, où sera jugée l'affaire en février, nous a donné les ultimes précisions nécessaires : « L'expertise médico-légale confirme que le couple a succombé à la morphine et la codéine.
    La personne qui leur a fourni est poursuivie devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire et infraction à la législation sur les stupéfiants. Il en avait également consommé la substance, mais était plus accoutumé. »

Après la parution de cet article sur Rue89, l'AFP, comme LeFigaro.fr, ont rectifié le tir.

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