Comment lutter contre le viroïde latent du houblon ?
Le Hop latent viroid (HpLVd) ou viroïde latent du houblon en français aurait contaminé 90 % des cultures de cannabis en Californie. Consommer de l’herbe infectée ne présente aucun danger mais le rendement et le taux de THC sont fortement réduits. Un groupe de scientifiques de Medicinal Gemonics a découvert une variété de cannabis résistante au viroïde qui prend une couleur purple durant sa lutte conte la maladie.
Un viroïde est un virus pour les plantes. Le HpLVd existe depuis longtemps et a infecté plusieurs espèces. Dans les années 80, il a infecté plusieurs variétés de houblon. Mais il est arrivé dans les cultures de cannabis il y a seulement quelques années. Le terme "latent" vient du fait que la plupart des plantes infectées ne présentent pas de symptômes apparents avant la fin du cycle de culture.
Le professeur canadien de biologie végétale, Dr Zamir Punja considère le HpLVd comme le « covid du cannabis ». Il serait déjà responsable de la perte de plusieurs milliards de dollars pour l’industrie du cannabis. Zamir. Punja a découvert durant ses recherches que les plantes infectées peuvent perdre jusqu’à 40 % de THC.
Zamir Punja a déjà plus de 35 ans d'expérience dans la botanique. Ses travaux concernent l’étiologie, qui est la recherche des causes des maladies, la gestion des maladies des plantes dans les cultures maraîchères et horticoles et les applications de la biotechnologie végétale pour la gestion des maladies.
Le HpLVd a envahi la Californie et il aurait déjà atteint l’Europe. Il pourrait même se transmettre avec les graines. Le viroïde se reproduit en plusieurs millions d’exemplaires et utilise pour cela l’énergie des plantes. C’est pour cette raison que les plantes de cannabis infectées connaissent un retard de croissance et ne produisent pas de fleurs de qualité.
« "Vous avez des fleurs plus petites, elles sont peut-être un peu jaunes, elles n'ont pas l'air si belles. Le reste de la plante est peut-être un peu rabougri, mais a l'air bien. Vous ne voyez pas les feuilles s’enrouler » a expliqué Zamir Punja au site Cannabis Business Times.
Le HpLVd se distingue des maladies fongiques par l'absence de symptômes externes. Des maladies comme le botrytis ou l'oïdium sont diagnostiquées facilement grâce aux taches brunes ou blanches sur les feuilles, ce qui permet aux cultivateurs de les éradiquer rapidement. Les symptômes du HpLVd sont difficilement reconnaissable pour un œil non averti. « Je l’appelle un tueur silencieux, parce que vous ne voyez pas toujours les symptômes C’est lorsque vous récoltez les fleurs et que vous les pesez que vous réalisez. »
La société TUMI Genomics, basée au Colorado, est spécialisée dans la détection des agents pathogènes. L’entreprise a effectué 18 000 diagnostics pour 450 clients dans 10 pays, Le HpLVd a été détecté dans environ 75 % des installations aux États-Unis, au Canada et en Europe.
Une plante infectée par le HpLVd peut voir ses taux de cannabinoïdes, dont le THC, réduits de 30 à 50 %. Une plante qui produit habituellement 25 % de THC lorsqu’elle est en bonne santé pourrait produire seulement 15 à 18 % de THC. Les taux de terpènes peuvent baisser de 10 % mais tous les terpènes ne sont pas affectés. La perte de poids des fleurs fraiches se situe entre 20 et 25 % mais certaines variétés sont plus affectés que d’autres. La hauteur des plantes est réduite de 31 % en moyenne et la longueur des branches de 33%.
Le viroïde peut être transmis de différentes façons. Il peut se transmettre, bien sûr, lorsqu’on prélève des clones sur des plantes mères infectées. Les graines peuvent aussi transmettre le virus. Les graines issues des plantes infectées ont entre 5 et 35 % de chance d’avoir le viroïde.
Les plantes peuvent également être infectées par l’intermédiaire des outils utilisés pour la culture comme les ciseaux. Il est très important de désinfecter ses outils.
Comment lutter contre le viroïde latent du houblon. ? Certaine variétés pourraient s’avérer plus résistantes au HpLVd. Un groupe de chercheur de la société Medicinal Genomics, située dans le Massachusetts, a annoncé avoir découvert accidentellement qu'un de leur plants de cannabis semblait résister au HpLVd. Les chercheurs ont remarqué que la plante prenait une couleur purple pendant sa lutte contre la maladie.
La couleur purple de certaines variétés est parfois le résultat de l’exposition à des températures basses. Mais cette couleur est principalement due à la génétique. La couleur violette des plantes est due à un flavonoïde appelé anthocyane.
La découverte a été révélée par le directeur scientifique de Medicinal Genomics Kevin McKernan, au mois de juillet lors d’une conférence en Floride. Kevin McKernan a expliqué que cette plante de la variété Jamaican Lion était nettement plus violette qu'une deuxième plante avec la même génétique mais qui n'avait pas été exposée au viroïde.
La culture tissulaire ou culture in vitro, pour remplacer la culture à partir de graines ou de clones, permet de lutter efficacement contre le HpLVd.