Cannabis médical : l’expérimentation commencera en 2020
Le cannabis thérapeutique est déjà légalisé dans une trentaine de pays et la France a déjà pris beaucoup de retard dans ce domaine. La situation est très étrange car le cannabis est en fait légal depuis 2013 mais aucun médicament n’est pour le moment disponible.
En novembre 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a créé un Le Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) sur le cannabis médical. L’objectif de ce comité était d’évaluer l’efficacité du cannabis thérapeutique et de définir les modalités de sa mise à disposition. Le Comité, présidé par le Dr Nicolas Authier s’est réuni plusieurs fois et a auditionné les associations de patients, les professionnels de santé et les acteurs économiques. Toutes les réunions sont disponibles en vidéo sur la chaîne YouTube de l’ANSM. En janvier dernier, le Comité a émis un avis favorable pour l’utilisation du cannabis médicinal dans les pathologies suivantes : spasticités de la sclérose en plaques, douleurs neuropathiques non soulagées par d’autres thérapies, épilepsies résistantes aux traitements, effets secondaires des chimiothérapies et soins palliatifs. L’utilisation est donc très limitée. L’IACM (International Association Cannabis Medical) a répertorié 41 pathologies pour lesquelles le cannabis peut s’avérer efficace. Il est étonnant que le Comité n’ait pas validé certaines indications comme la fybromagie ou le glaucome.
Après s’être réuni une dernière fois le 26 juin, le Comité a annoncé la mise en place de la phase expérimentale qui doit débuter au début de l’année 2020 pour une période de 2 ans. « L’objectif principal de cette phase expérimentale est d’évaluer, en situation réelle, le circuit de prescription et délivrance ainsi que l’adhésion des professionnels de santé et des patients à ces conditions. » Le grand public confond souvent CBD et cannabis médical. Les deux principaux cannabinoïdes, THC et CBD, ont des propriétés médicales et seront disponibles sous forme de médicaments avec différents ratios. Le cannabis sera disponible sous plusieurs formes : huile et fleurs séchées destinées à la vaporisation pour un effet immédiat, solutions buvables et gélules d’huile pour un effet prolongé. Le cannabis sera probablement importé de l’étranger, le Comité considérant que le délai est trop court pour mettre en place une culture sur le territoire français. Le Comité a déjà auditionné quelques producteurs de cannabis venus de l’étranger.
Les médecins prescripteurs devront suivre une formation en ligne sur le cannabis médical. La prescription devra être initié par « des médecins spécialistes des indications visées et qui exercent dans des centres de référence. » Les médecins généralistes pourront ensuite prendre le relais et poursuivre la prescription. Un registre national des patients sécurisé sera mis en place et permettra de recueillir les premières données cliniques françaises sur le sujet. En France, le cannabis médical pourrait concerner plusieurs centaines de milliers de patients. De nombreux malades cultivent déjà illégalement leur cannabis ou doivent en acheter sur le marché noir. On ignore pour le moment le nombre de personnes qui pourront bénéficier de cette expérimentation. Les conditions de délivrance très limitées devraient laisser de nombreux patients dans l’illégalité. (OF)