60% favorable à la régulation du marché du cannabis

Olivier F
14 Nov 2020

Le collectif Police contre la prohibition regroupe des gendarmes et des policiers opposés à la prohibition des stupéfiants (Soft Secrets France 4-2019). Le collectif a publié récemment les résultats d’une enquête sur la lutte contre les stupéfiants et sur l’amende forfaitaire.


Le collectif Police contre la prohibition regroupe des gendarmes et des policiers opposés à la prohibition des stupéfiants (Soft Secrets France 4-2019). Le collectif a publié récemment les résultats d’une enquête sur la lutte contre les stupéfiants et sur l’amende forfaitaire.

Le collectif PCP a été fondé en 2018 par les anciens policiers Bénédicte Desforges et Thierry Tintoni et l’ancien gendarme Jean-Luc Garcia (lire l’interview dans Soft Secrets France 5-2015). « L’essentiel des membres du collectif est anonyme. Fonctionnaires en activité, policiers et gendarmes, ils sont soumis au devoir de réserve. Ceux d’entre nous qui n’y sont plus contraints seront leur porte-parole. » Le collectif se positionne clairement pour la légalisation du cannabis thérapeutique et récréatif. « L’usage de stupéfiants est une conduite individuelle à risques, mais ne cause pas de tort à autrui.

À raison de plus de 90% de cannabis sur l'ensemble des usagers interpellés, ce délit mobilise pourtant de façon disproportionnée l’action de la police sondage et de la justice. » C’est la première fois qu’un sur sondage sur le sujet est réalisé auprès des membres de force de l’ordre. Le questionnaire a été envoyé aux gendarmes et aux policiers par mail et sur les réseaux sociaux.

Les formulaires incomplets n’ont pas été pris en compte. Au total, 298 réponses ont pu être exploitées. Le questionnaire comprenait 25 réponses. « Vu le nombre restreint de répondants, les réponses spécifiques par position dans la hiérarchie, par genre, ou par lieu d’affectation, ne seront pas détaillées dans les résultats. » C’est pour cette raison que l’on peut considérer qu’il s’agit plus d’une enquête que d’un véritable sondage. La répression du trafic et de l’usage des produits stupéfiants, et donc principalement du cannabis, fait partie du quotidien des gendarmes et des policiers.

Les membres des forces de l’ordre appliquent la politique du chiffre mais ils sont nombreux à ne pas être opposés à une évolution de la loi. 29.5 % des personnes qui ont répondu à ce questionnaire exclusivement réservé aux forces de l’ordre considèrent que la répression pénale est une réponse appropriée à l'usage de stupéfiants. 36.4 % veulent en exclure le cannabis. 34.1 % désapprouvent la répression.

L’amende forfaitaire pour usage de stupéfiants appelée aussi amende cannabis, qui vient d’être étendue à l’ensemble du territoire français, ne fait pas l’unanimité parmi les membres des forces de l’ordre. 47.2 % pensent que ce n’est pas une bonne idée et 20.4 % attendent de voir avant de se prononcer. 37.1 % estiment que ce dispositif expose à un risque accru d'hostilité, d'outrage et de rébellion.

Concernant le cannabis en particulier, 35.4 % estiment que la loi ne doit pas faire de différence entre les differents produits stupéfiants. 30.3 % considèrent le cannabis comme une drogue douce. 60 % personnes interrogées estiment que la régulation contrôlée par l'État du marché du cannabis serait une bonne solution. 26.3 % y sont opposés et 6.9 % ne se prononcent pas.

Les tests salivaires utilisés par les forces de l’ordre sont remis en cause pour leur précision en permettant de sanctionner des conducteurs qui ne sont plus sous l’emprise du cannabis depuis plusieurs heures ou même plusieurs jours. C’est ce qu’a rappelé le collectif Police contre la prohibition aux gendarmes et policiers interrogés. 71.5 % d’entre eux se déclarent favorables aux tests comportementaux pour déterminer si un individu est en état de conduire.

Le maire LR de Reims veut expérimenter la légalisation du cannabis dans sa ville

Le nouveau gouvernement mené par Jean Castex fait de la lutte contre le trafic et la consommation du cannabis une priorité. Mais les politiques sont de plus en plus nombreux à se prononcer pour la légalisation du cannabis. Les écologistes et certains membres d’autres partis de gauche demandent depuis longtemps la légalisation ou la dépénalisation mais les partis de droite ont toujours prôné la répression pure et dure demandée par leur électorat.

Les choses sont peut-être en train de changer. Dans un courrier envoyé le 6 septembre au premier ministre Jean Castex, le maire. Les Républicains de Reims Arnaud Robinet propose l’expérimentation de la légalisation du cannabis dans sa ville. Arnaud Robinet s’était déjà prononcé pour la légalisation.

Peu de membres de LR partagent cette position. Arnaud Robinet voudrait mettre en place un véritable débat sur la question du cannabis et sur les conséquences d’une éventuelle légalisation. « Cette réflexion, dont l'engagement nécessite un certain courage, pourrait déboucher sur la mise en place d'expérimentations territoriales limitées dans le temps. Reims pourrait alors candidater. » (OF)

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Olivier F