L’extraction au CO2

Soft Secrets
19 Feb 2015

Avec la progression du front de la légalisation aux USA, en Europe, et un peu partout ailleurs dans le monde, on note une accélération de l’innovation et avec elle, une professionnalisation des différents acteurs du milieu. 


Avec la progression du front de la légalisation aux USA, en Europe, et un peu partout ailleurs dans le monde, on note une accélération de l’innovation et avec elle, une professionnalisation des différents acteurs du milieu. 

Avec la progression du front de la légalisation aux USA, en Europe, et un peu partout ailleurs dans le monde, on note une accélération de l’innovation et avec elle, une professionnalisation des différents acteurs du milieu. Les investissements aidants, on développe et perfectionne sans cesse les procédés, de la culture de la plante à sa consommation, et le domaine des extractions profite pleinement de cette émulation, avec une constante évolution des pratiques. Pour répondre à la forte demande, et pour proposer un produit le plus sain possible, on préfère donc désormais le CO2 (ou plus exactement du Dioxyde de carbone supercritique) au gaz, (butane, propane…) ou à l’alcool, pour un produit fini d’une pureté totale, c’est à dire sans aucune trace de solvant ou d’hydrocarbure. La principale technique employée, appelée « extraction au CO2 supercritique », nécessite toutefois de bonnes connaissances et un matériel spécifique couteux.

Je vais essayer dans cet article, de vous expliquer les avantages de cette méthode, par rapport aux extractions « classiques » (BHO, RSO…) et d’en détailler les aspects techniques. Je vous parlerais également d’une approche « Do It Yourself», pour les pionniers qui voudraient s’y essayer, utilisant de la carboglace ou neige carbonique, pour faire soi-même, son extraction au CO2.

Quelques explications techniques

L’état supercritique est un des états de la matière. Inexistant dans la nature, il est obtenu en élevant la température et la pression d’un fluide au-dessus de son point critique (à plus de 75 bars et 31°C dans le cas du CO2)

L'extraction par fluides supercritiques est apparue en premier lieu pour l'extraction végétale, comme alternative à la distillation et à l’utilisation de solvants organochlorés (dans notre cas, comme alternative à l’utilisation de gaz butane, propane, ou d’alcool). Cette technique, apparue au niveau industriel vers la fin des années 70, est aujourd’hui encore utilisée en pharmacie, dans l’industrie agro-alimentaire, en parfumerie, et elle est la principale méthode employée pour la fabrication d’huiles essentielles, par exemple. Quoi de plus naturel que de la voir aujourd’hui appliquée à l’extraction de Cannabis ?

Un exemple connu, d'industrialisation de ce procédé concerne la dé-caféination du café. Le CO2 de par ses propriétés physico-chimiques (incolore, inodore, non toxique, non inflammable) est le fluide supercritique le plus utilisé pour les extractions de végétaux, pour la consommation courante.

De plus ses paramètres critiques sont faibles ce qui en fait un solvant « vert » ayant des applications industrielles tout à fait innovantes. Le principe de l'extraction végétale utilisant le dioxyde de carbone supercritique repose sur la forte variation du pouvoir solvant du CO2 en fonction des conditions opératoires (température et pression), ce qui permet d'extraire sélectivement les molécules selon leur nature chimique. Partant de ce principe, une fois le composé désiré dissous dans le CO2, il sera aisé d'obtenir l'extrait pur, par une simple dépressurisation qui entraîne alors la séparation du CO2, redevenu gazeux, et de l'extrait, récupéré sous forme fluide. Les procédés supercritiques s'acquittent des opérations d'élimination des résidus de solvant, opérations indispensables lorsque ce solvant est un composé organique. Ces propriétés font de l'extraction par fluides supercritiques une alternative, écologiquement et économiquement viable, aux procédés de distillation. 

Ouf, on prend une grande inspiration.

Pourquoi le CO2 ? 

Si il est vrai que les techniques d’extraction actuelles, utilisant du gaz (butane, propane…) ou de l’alcool, permettent d’atteindre des records en termes de concentration en THC, il n’en demeure pas moins exact qu’elles présentent un certain nombre d’inconvénients, plus ou moins gênants... Le principal défaut des extractions classiques, est qu’il subsiste quasiment obligatoirement des traces de métaux lourds et/ou d’hydrocarbures, dans le produit fini, qui, selon les quantités et si on les absorbe de façons répétées, peuvent s’accumuler dans l’organisme, occasionnant éventuellement des problèmes de santé, ce qui est paradoxal quand on connaît les vertus thérapeutiques, bénéfiques, du Cannabis. Avec le CO2, on obtient un produit fini complètement pur, sans aucune trace ou résidu chimique. Un autre inconvénient réside dans le fait que le butane, élimine quasiment complètement le CBD de notre extrait, pour ne garder que le THC, ce qui peut parfois rendre l’expérience anxiogène. Une extraction au CO2 bien équilibrée, permet de conserver intacts, l’ensemble des principes actifs, dont le CBD, ce qui permet de consommer des doses plus importantes de THC, car on garde le « high » qui est propre au CBD. Enfin, il ne faut pas négliger d’autres aspects, comme la dangerosité liée à la manipulation de produits inflammables, voir explosifs. Il y a eu un certain nombre d’accidents notables, lors d’utilisation de butane ou d’alcool, lorsque des erreurs sont commises. Tout cela rend le procédé d’extraction au CO2 supercritique, plus sûr, et surtout bien plus sain

En pratique

Le matériel typique, nécessaire à l’extraction au CO2 de qualité professionnelle, est assez impressionnant. Comme je l’ai dit auparavant, c’est le même matériel qu’utilisent les fabricants d’huiles essentielles, les laboratoires de pharmacie, l’industrie agro-alimentaire… Cela ressemble à un alambic un peu futuriste, ou se rejoignent tuyaux en acier inoxydables, manomètres et cuves de diverses dimensions, avec au départ une ou plusieurs bouteilles de CO2, comme celles que l’on connaît et utilise dans le cadre d’enrichissement en C02 de nos espaces de culture.

Au départ de l’extraction, le Cannabis préalablement broyé, est placé, dans des « paniers » cylindriques équipés de filtres aux deux extrémités. Les paniers sont ensuite placés dans l’extracteur, où une pompe assure la circulation du CO2 à l’état supercritique. Les divers composés actifs de la plante sont alors dissouts dans le CO2 sous forme de fluide. Celui-ci est ensuite rendu à l’état gazeux et se sépare du composé extrait, avant d’être envoyé dans le liquéfacteur pour être réutilisé. Economique et écologique puisque l’on peut réutiliser le liquide, un certain nombre de fois. A la sortie, on obtient un concentré de couleur ambré, et d’une consistance fluide, comme du miel, très similaire à ce que l’on obtient avec du butane, en plus propre, mais en fonction des paramètres, de pression, l’on peut choisir d’obtenir plus ou moins de matière végétale dans notre extrait, pour un résultat allant d’un très bon haschich, à un concentré de trichomes sans aucune cellulose (sans matière végétale), en d’autres termes, un extrait composé uniquement de Cannabinoïdes, soit du THC, CBD, CBN, CBG…

Un vrai bonheur à déguster, avec modération, ou pas…

Tenté par l’expérience ?

Vous l’avez compris, la technique d’extraction par fluide supercritique est l’avenir, et ce, pour notre plus grand plaisir, mais si l’on comprend bien le procédé, d’un point de vue théorique, on comprend aussi qu’il est, pour l’heure, réservé aux professionnels, ne serait-ce que par le coût financier que représente l’investissement dans le matériel, et c’est sans compter les compétences nécessaires à la mise en pratique.

On peut malgré tout espérer que dans un avenir proche, du matériel adapté à ce type d’extractions, en version « Do It Yourself », sera commercialisé, comme on le voit pour les extractions au butane par exemple, avec les nombreux tubes disponibles, (HoneyBee, D-Lux extracteur, …) et les dispositifs plus évolués, que l’on voit aujourd’hui apparaître sur le marché, comme le « Mr Extrator » de Connoisseurs Concentrates, ou le « TE700VRVI » de Tamisium, qui sont la version pro, des extracteurs au butane.

En attendant, vous pouvez vous essayer au procédé qui commence à faire son apparition ça et là, en utilisant de la carboglace, disponible à la vente sur internet et dans des magasins spécialisés, et un équipement d’extraction standard de type extract-bags (Ice-O-lator, Pure X-Tract bags…). 

La technique est simple et sans danger. On place notre herbe au congélateur quelques heures, afin d’optimiser le rendement final, puis on la dépose dans le sac d’extraction de notre choix (idéalement d’un diamètre compris entre 70 et 125 microns, offrant la meilleure qualité à l’arrivée) puis on y ajoute de la carboglace, en quantité équivalente à notre ganja, que l’on mélange assez rapidement (la carboglace réagit à la chaleur, et se transforme en fondant, la rendant moins efficace pour notre extraction). Une fois l’herbe mélangée avec la carboglace, il suffit de secouer le tout, au dessus d’une surface lisse, ce qui provoquera la chute des trichomes, qui passeront au travers des orifices de notre sac, et il n’y aura plus qu’à laisser reposer quelques instants pour que les résidus de carboglace s’évaporent, ne laissant derrière eux que le produit de notre extraction. Comme pour une extraction à sec, il convient de faire différents « passages », plus ou moins longs, selon la qualité recherchée. Le résultat est d’apparence très similaire à ce que l’on obtient lors d’une extraction à sec. En fonction de la variété utilisée, et de la maturité des trichomes, on obtient une poudre d’un brun plus ou moins clair, qu’il suffira de récupérer à l’aide d’une carte, par exemple, puis de le compresser ou pas, pour le stocker, et le consommer. 

Comme c’est le cas pour l’extraction au CO2, version pro, le produit obtenu est complètement pur, donc sans aucune autre substance que nos chers cannabinoïdes, et un peu de cellulose ou matière végétale, en fonction du diamètre de notre sac, et du temps que l’on aura passé à le secouer.

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