Que se passe-t-il après la légalisation du cannabis?

Soft Secrets
18 Feb 2015

Les mesures qui ont suivi


Les mesures qui ont suivi

 

Il y a un peu plus de deux ans, le Colorado et l’État de Washington ont été les deux premiers États américains à re-légaliser le cannabis presque en même temps. Au Colorado, la mise en œuvre d’un système de boutiques a duré jusqu’en janvier 2014 ; l’État de Washington en est encore à distribuer les licences par tirage au sort. Les deux systèmes régularisent la vente du cannabis en intégrant la protection des mineurs et de la santé ainsi que la prévention, mais sont fondamentalement différents.  La différence la plus profonde tient au fait qu’au Colorado, les gérants de dispensaires médicaux peuvent se lancer dans le business du cannabis « à usage récréatif » ; dans l’État de Washington, avec l’octroi des licences, on est parti de rien. 

Ainsi, le Colorado dispose déjà de 12 mois d’expérience de la vente d’herbe légale. À Washington, on est encore loin d’avoir suffisamment de magasins de cannabis spécialisés pour répondre aux besoins de la population. La première boutique de Seattle n’a pu ouvrir qu’à l’été 2014. À l’inverse, le Colorado dispose déjà dans certaines régions d’une conséquente infrastructure pour les produits dérivés du cannabis. Toutefois, il existe là aussi des zones rurales dans lesquelles la possession et la culture à titre privé sont certes légales, mais où la production à des fins commerciales et la vente de cannabis ne sont pas tolérées par les municipalités. Néanmoins, le Colorado est le seul endroit au monde à pouvoir déjà s’appuyer sur l’expérience d’un marché légal réglementé. Après un an à peine, il apporte également de nombreuses informations chiffrées et factuelles, qui valent la peine qu’on s’y intéresse afin de mettre en avant les développements positifs, mais aussi pour pointer et corriger les éventuelles tendances négatives.

Protection des mineurs et prévention autour du cannabis

Ce qui prête le plus à controverse, ce sont toujours les répercussions sur la consommation des mineurs. Dans ce domaine, le Colorado est sur la bonne voie, la consommation de cannabis de ces derniers ne cessant de reculer depuis 2009. Alors qu’en 2009 encore 24 pour cent des lycéens avaient fumé de l’herbe au moins une fois, depuis, le chiffre est tombé à 20 pour cent. La protection des mineurs aussi fonctionne mieux que pour l’alcool. En effet, lors des achats tests réalisés au Colorado en 2014, il n’y a eu aucune contestation liée à la vente à des mineurs ; il n’en a pas été de même pour l’alcool. Les recettes fiscales affectées ont déjà financé une campagne de prévention de grande ampleur, ainsi que la construction d’écoles. De même, un centre de réadaptation de Denver a reçu une subvention de 3,2 millions de dollars, qui provenaient directement des ventes de cannabis.

Légalisation du cannabis et circulation routière

 

Les craintes de nombreux médias quant à une forte augmentation des accidents de la route dus à des conducteurs sous l’emprise du cannabis ne se sont pas confirmées. Il existe même des signes d’une tendance contraire. Ainsi, le nombre de trajets effectués sous emprise (Driving Under Influence) n’a pas augmenté. En revanche, il a été constaté que les tests rapides sur la transpiration, la salive ou les urines n’ont aucune retombée positive sur la sécurité routière. Une étude comparative américaine de longue durée portant sur les « États au cannabis » et les « États sans cannabis » prouve même que de 1999 à 2009, le nombre d’accidents graves de la circulation a diminué de neuf pour cent par rapport à la décade précédente dans les États autorisant le cannabis thérapeutique. Avec 5 ng/ml de sang, le Colorado a une limite réaliste, qui tient à l’écart du volant les personnes sous l’emprise du cannabis sans en condamner la consommation proprement dite, comme c’est le cas dans certains pays de l’UE et notamment en Allemagne.

Recul de la criminalité et de la violence dans le fief du cannabis

Depuis la mise en place de magasins de chanvre spécialisés, le nombre des actes de violence a chuté à Denver, haut-lieu du cannabis. D’autres études prouvent que le taux de criminalité à proximité directe des dispensaires médicaux diminue et que les cas de violence domestique sont moins fréquents chez les couples qui fument du cannabis que dans le groupe témoin abstinent.

Légalisation du cannabis et économie

L’économie du Colorado enregistre un boom historique. Le Colorado possède actuellement l’économie dont la croissance est la plus rapide des États-Unis, et l’industrie du cannabis y occupe une place prépondérante. C’est même le secteur qui affiche la croissance la plus rapide de tous les États-Unis. Les experts prévoient que les chiffres d’affaires pourraient dépasser ceux de l’agriculture biologique à l’échelle américaine. Le secteur du tourisme a fêté en 2014 la meilleure année de son histoire ; les stations de sports d’hiver, où s’est déroulée la coupe du monde de ski alpin, sont en plein essor. Après la hausse de la valeur limite du cannabis pour les sportifs, en 2015, les as de la piste pourront, s’ils le désirent, célébrer leurs victoires avec une fleur délicieuse à Beaver Creek en toute légalité. Avec à peine plus de quatre pour cent, le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis longtemps et les sociétés spécialisées dans le cannabis se développent même au-delà des frontières de l’état fédéral, en exportant leurs technologie et savoir-faire en matière de distribution et d’exploitation horticole.

Vente de cannabis et taxes

L’état qui compte cinq millions d’habitants a empoché en 2014 en moyenne une recette de huit millions de dollars par mois des ventes de cannabis, soit presque 100 millions sur l’année. Transposé à l’Allemagne, avec ses 80 millions d’habitants, cela ferait 1,3 milliard. Ce calcul comporte toutefois deux petits hics et ne peut donc servir que de point de référence :
  1. Au Colorado, la consommation totale est plus importante qu’en Allemagne.
  2. Le système de distribution ne fonctionne pas encore sur l’ensemble du territoire du Colorado. C’est pourquoi le cannabis illégal acheté au dealer du coin existe toujours, particulièrement dans les municipalités et les circonscriptions qui se sont prononcées contre les magasins de cannabis.

Commerce légal de cannabis contre marché noir

Les cartels mexicains se retirent progressivement du commerce du cannabis et se concentrent sur les méthamphétamines et l’héroïne. Toutefois, le marché noir du Colorado a été et est toujours principalement desservi par la production locale, ne serait-ce que parce que les consommateurs de cannabis des montagnes Rocheuses ne débourseraient pas un centime pour l’herbe dégoûtante qui vient du Mexique.

Avec sa re-légalisation et du coup sa taxation, le cannabis à usage récréatif est devenu environ 25 % plus cher que l’herbe du marché noir, dont le prix est resté stable. À l’heure actuelle, une once (28,35 g) illégale coûte 180 dollars américains, contre 240 en moyenne pour une once légale. Par ailleurs, dans le cas où le maire ou le conseil municipal se sont opposés aux magasins de cannabis, il est souvent impossible pour les habitants de zones rurales d’en acheter de manière légale. Là-bas, le cannabis est certes légal, mais sa vente ne l’est pas. Beaucoup étaient aussi habitués aux prix des pharmacies pour le chanvre, qui ne sont pas imposées et vendent de ce fait 25 % moins cher que les magasins de cannabis. Il existe même des soupçons qui expliquent la hausse du nombre de patients, nombre supérieur à la moyenne enregistrée l’an passé ; une partie des patients se feraient enregistrer dans le programme uniquement pour acheter des fleurs de cannabis à usage médical sans avoir à payer de taxe. Ceci ne pose aucun problème avec les touristes, mais certains propriétaires de magasins se plaignent que les gens du pays ne veulent pas payer les prix relativement élevés. Un gérant de boutique dispose même d’une carte pour les touristes, et d’une autre pour les habitants, sur laquelle le niveau de prix est nettement inférieur.

Tendances et propositions concernant la consommation de cannabis

Comme déjà indiqué, les chiffres de la prévalence chez les jeunes ont chuté. Toutefois, ils ont  augmenté chez les plus de 21 ans. Cela relève-t-il d’une tendance générale ou bien la hausse doit-elle être attribuée à un « effet test » occasionné par les curieux : on ne le saura qu’au cours des prochaines années. L’expérience des coffee-shops néerlandais a cependant montré que la consommation globale de la population ne dépend pas du statut légal de la substance. Certaines expériences négatives avec des produits comestibles, tels que des biscuits ou des barres au cannabis et autres sucreries, ont donné lieu à de nouvelles dispositions concernant leur vente. Il existe pour le moment un règlement provisoire concernant les produits comestibles au cannabis, qui sera bientôt remplacé par une réglementation permanente. La gamme des propositions délibérées s’étend de l’autorégulation des producteurs jusqu’à l’interdiction totale.

Le cannabis comme médicament

Fondamentalement, peu de choses ont changé : patients, dispensaires et producteurs peuvent vivre sans problème au Colorado depuis de nombreuses années. De nombreux magasins détenaient déjà auparavant une licence de dispensaire. C’est aussi la raison pour laquelle la mise en place du système de boutiques a eu lieu rapidement et sans accrocs dans les régions où il y avait des pharmacies pour le cannabis.

Qualité du cannabis

Bien entendu, tant la qualité que la diversité des produits proposés ne sont pas comparables au marché noir. Les contaminations et la teneur en THC du cannabis sont vérifiés, même s’il y avait encore des problèmes lors des contrôles la première année. La découverte de moisissures et autres impuretés dans 13 pour cent des échantillons démontrent la nécessité des contrôles, comme il en existe dans le domaine alimentaire. L’infrastructure coûteuse qui doit être mise en œuvre à cet effet relativise quelque peu les prix élevés du Colorado.

Bilan provisoire de la légalisation du cannabis

Même si certaines choses doivent être améliorées, le modèle montre la voie pour d’autres états. Les pires craintes en matière de protection des mineurs et de sécurité routière ne se sont pas avérées, au contraire : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec la mise en place de la Marijuana Enforcement Division (MED), le gouvernement et l’administration font également figure de véritables pionniers, sur lesquels d’autres États devraient prendre exemple.

Source :  http://sensiseeds.com/
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