Une députée PS rouvre le débat sur la dépénalisation du cannabis

Soft Secrets
24 Nov 2014

Un peu moins de fumée autour des politiques antidrogues


Un peu moins de fumée autour des politiques antidrogues

Prohibition. L’étude de deux députés, dont un favorable à une légalisation, pointe l’échec des mesures contre la consommation de stupéfiants.

Il faut changer la loi de 1970 pénalisant l’usage de cannabis : c’est ce que préconisent deux députés, auteurs d’un rapport sur les drogues illicites dans lequel ils actent l’échec de la politique de prohibition, suivie depuis quatre décennies. Mais ils divergent sur la conduite à tenir : pour l’UMP Laurent Marcangeli (Corse-du-Sud), il convient de punir l’usage d’une simple contravention. Pour la PS Anne-Yvonne Le Dain, une légalisation s’impose dans l’espace privé, avec «une offre réglementée du produit sous le contrôle de l’Etat».

«Pas une vente libre, dit-elle, car ce n’est pas un produit banal, mais dangereux.» Simplement, pour la députée de l’Hérault, c’est «une réalité» dont certains Etats «ont pris acte», comme le Colorado ou l’Etat de Washington, en autorisant la vente du cannabis. «On est face à quelque chose qui explose et on n’arrêtera pas l’explosion», argumente-t-elle, rappelant que la consommation en France est l’une des plus élevées en Europe - elle génère un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard d’euros. La députée imagine que si le marché officiel en captait 60%, une imposition de 20% ferait entrer dans les caisses de l’Etat 120 millions par an, à consacrer à la prévention ou aux soins.

«Omerta». Anne-Yvonne Le Dain sait qu’avec ce genre de proposition, déjà exprimée par son collègue socialiste Daniel Vaillant, le débat en France se termine généralement «par des portes qui se ferment». Mais elle veut sortir «de l’interdiction et de l’omerta qui empêchent toute maturation sociale». Et elle rappelle que la répression, bien qu’en augmentation constante, ne règle rien : 153 000 interpellations pour usage de cannabis l’an dernier, et toujours autant de consommateurs. Avec une réponse pénale qui diffère selon les régions. Le rapport présenté jeudi lâche ici une info : à partir de quelle quantité de cannabis est-on poursuivi ? Cela varie de 20 g en zones rurales à 50 g en région parisienne, disparité «qui heurte les rapporteurs».

Le rapport dénonce aussi les «carences» en matière de prévention chez les adultes (avec une forte différence selon le territoire) et en milieu scolaire, «où il semble difficile de percevoir l’usage et la répartition des 274 millions d’euros» consacrés. Les deux députés suggèrent d’évaluer cette prévention, ainsi que de la rendre obligatoire dans les programmes. Histoire de sortir de cette triste réalité française : on fait de la répression inutile et coûteuse (850 millions par an), et on est mauvais en prévention.

Opiacés. Les élus proposent également d’imposer la prescription électronique pour les traitements de substitution aux opiacés, histoire de réduire les trafics dont les ordonnances font l’objet. Ils suggèrent enfin d’expérimenter l’échange de seringues en milieu pénitentiaire. En revanche, ils divergent sur les lieux de consommation à moindre risque («salles de shoot»), dont l’expérimentation devrait débuter courant 2015 : Le Dain est pour, et vite, Marcangeli contre.

Michel HENRY

Source: http://www.liberation.fr
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