Laurence Cohen relance le debat

Soft Secrets
13 Jul 2012

La sénatrice communiste Laurence Cohen réclame la dépénalisation du cannabis.


La sénatrice communiste Laurence Cohen réclame la dépénalisation du cannabis.

Le recadrage avait été rapide. Le 5 juin dernier, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault avait déclaré que la dépénalisation du cannabis « n'était pas à l'ordre du jour ». Ces propos venaient après ceux de Cécile Duflot qui se prononçait, elle, en faveur de la dépénalisation.

Fin du débat ? Non. Jeudi, Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne et rapporteure sur les crédits de la MILDT (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie), s'est à son tour prononcée en faveur de la dépénalisation du cannabis. Dans un avis intitulé « Drogues et addictions : présentation d'une charte collective pour une nouvelle politique », l'élue recommande de passer d'une politique de répression à une politique de prévention.
La faillite de la tolérance zéro

Pour Didier Touzeau, psychiatre et chef de service au Groupe Hospitalier Paul Guiraud et co-auteur du document, les « mesures répressives sont inefficaces. Elles amputent le budget qui devrait être utilisé pour la réinsertion. » Dans la "Charte pour une nouvelle politique", les rédacteurs reprochent au précédent gouvernement d'être à l'origine d'une dérive sécuritaire autour des drogues. La prévention, elle, est jugée" lacunaire et inefficace".

La politique de la tolérance zéro n'aurait eu d'autre effet que de criminaliser l'usager et de fragiliser davantage la protection de sa santé. « Il est temps d'écouter les experts de santé. C ‘est un problème de santé publique, pas de sécurité publique. », insiste Jean-Michel Costes, ancien directeur de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies de 1995 à 2011.

Une société « addictogène »

La MILDT (Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) souhaite aussi alerter sur les risques que présentent les produits légaux. Alcool et tabac causeraient 100 000 décès par an en France.

« Nous abandonnons l'illusion d'une société sans drogue. Il faut réduire au maximum les dangers sanitaires et sociaux. », déclare Jean-Michel Costes.
Se faire du mal n'est pas un délit

En rupture avec la politique de Nicolas Sarkozy, la MILDT met en avant de nouveaux axes stratégiques d'action : la prévention, la réduction des risques et des dommages, le soin et la réduction de l'offre de drogues et la réduction des dommages dus au trafic. En clair : une dépénalisation de l'usage pour empêcher l'incarcération d'usagers « au titre du seul délit de se faire du mal à soi-même. ». Mais pas question pour autant de supprimer l'interdit sur les drogues, ni de légaliser la vente.

Le gouvernement et les Français sont-ils prêts à l'accepter ? « C'est vrai que les enquêtes montrent que les Français sont majoritairement contre », concède Jean-Michel Costes. « Dépassionner le débat », c'est en tout cas l'objectif de Nathalie Latour, déléguée générale de la fédération Addiction.

Pour l'heure, donc, pas d'agenda précis. Un seul objectif : tenter timidement d'installer le sujet dans le débat public durant les cinq prochaines années, en attendant que Laurence Cohen puisse « en parler avec Jean-Marc Ayrault qui est très occupé. »

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