Une note scientifique sur les enjeux sanitaires du cannabis

Exitable
22 Dec 2019
Huguette Tiegna, députée du Lot LREM et vice-présidente de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) vient de publier une note scientifique sur les enjeux sanitaires du cannabis. Téléchargez ici le document en PDF.
Adopté par les membres de l’OPECST, dont le président Gérard Longuet et le premier vice-président Cédric Villani, ce rapport est le résultat de plusieurs mois d’audition à l’assemblée nationale et dans le département du Lot. La note examine les bienfaits du cannabis thérapeutique, alors que l’expérimentation doit commencer en 2020, et les effets négatifs du cannabis récréatif. « Je tiens à rappeler que le gouvernement reste clairement opposé à la légalisation du cannabis, dont les risques pour la santé humaine notamment sur le fonctionnement cérébral sont avérés. Cette note scientifique revient notamment sur les dangers de la consommation « récréative » du cannabis, ses risques cognitifs et psychiatriques associés à sa consommation, auxquels est particulièrement sujet le cerveau en développement. En ce qui me concerne, en tant que Docteure en sciences, j’ai jugé nécessaire de mener un travail de fond sur ce sujet sensible, afin d’aider à préciser l’utilisation de certaines molécules issues du cannabis dans la fabrication de médicaments » a déclaré Huguette Tiegna. Une vingtaine de spécialistes ont été consultés pour ce rapport : des médecins comme le Pr. Jean-Claude Alvarez, toxicologue et pharmacologue ou le célèbre médecin anti-cannabis Jean Constentin, le président du Comité Scientifique de l’ANSM sur expérimentation du cannabis médical, Pr Nicolas Authier, des spécialistes de l’addiction comme le Pr r. Amine Benyamina, des représentants de l’industrie du cannabis comme Hélène Moore, d’Aurora France et Gilles Moss de GW Pharmaceuticals et des associations de patients, Bertrand Rambaud de l’UFCM et Fabienne Lopez de Principes Actifs. L’expérimentation concernera 3000 personnes. Les prescriptions devront être initialisés par des médecin spécialistes des différentes pathologies. Un medecin généraliste pourra ensuite prendre le relais. « Il est prévu que le financement de la formation des médecins ainsi que du registre qui permettra le suivi des patients et l’analyse de l’efficacité de l’expérimentation soit assuré par l’assurance maladie,tandis que les produits distribués aux patients seront donnés à titre gracieux par les entreprises étrangères bénéficiant déjà d’une expertise dans le cannabis médical, et dont la liste n’a pas été dévoilée (on peut toutefois songer à Aurora, Canopy Growth, Bedrocan, etc.). La délivrance s’effectuera en pharmacie hospitalière et en officine de ville, les pharmaciens auront reçu une formation à cette fin. » L’usage du cannabis médical devrait concerner à terme au moins 300 000 personnes. Une filière française de production de cannabis médical pourrait ensuite être mise en place : « La culture du cannabis à usage médical nécessite un soin particulier et des conditions (température, hygrométrie, ensoleillement, etc.) stables et contrôlables, de façon à ce que les taux de cannabinoïdes des plants soient homogènes. Des pesticides ne peuvent être utilisés. La culture se fait donc indoor. Une surface relativement faible serait nécessaire si l’usage médical était pérennisé en France : moins de 100 ha couvriraient les besoins de 300 000 personnes. » Le rapport contient un tableau, adapté de The National Academies of Sciences, Engineering and Medicine, qui liste les effets positifs et négatifs de l’usage du cannabis. La recherche sur le cannabis en France est limitée par la législation : « L’effet entourage concernerait à la fois les autres cannabinoïdes (comme le cannabinol ou la tetrahydrocannabivarine) et d’autres composés de la plante, comme les terpènes. Les scientifiques ne s’accordent pas sur ce sujet. En France, les chercheurs n’ont pas accès à des extraits complets de cannabis, ils ne peuvent travailler qu’avec du THC, du CBD ou des analogues de ces molécules. Il leur est donc impossible de vérifier l’hypothèse de l’effet entourage. » Le rapport préconise de nouvelles mesures pour améliorer les connaissances scientifiques sur le cannabis : « Une première mesure pourrait consister à faciliter l’accès des chercheurs aux cannabinoïdes et à leur permettre de travailler sur des extraits à spectre complet, avec des taux de THC représentatifs de ceux des produits achetés dans la rue, pour une meilleure évaluation des effets sanitaires de cette consommation. »
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