Sensibilité à la sensimilla
Récemment, un ami à moi râlait parce que chaque fois qu'il fume, son nez commence à couler. C'est seulement quand il a dit qu'il avait le rhume des foins que ça a fait "tilt"! Est-ce qu'il pourrait être allergique au cannabis? Le rhume des foins est principalement une allergie au pollen et le cannabis est une plante qui produit du pollen. J'ai fait quelques recherches et découvert que les sensibilités et allergies étaient totalement d'actualité et que cela pouvait toucher plus de gens que je n'imaginais.
Les allergies sont une réaction immunitaire exagérée du corps qui essaye de protéger le système respiratoire de menaces qu'il perçoit. Les anticorps produits par le corps gardent les menaces à distance mais provoquent aussi des réactions avec des symptômes d'allergie. Les symptômes d'allergie vont de petits inconforts à des réactions fatales. En général, au jour le jour, les allergies sont faibles à modérées et souvent soulagées en évitant d'être en contact avec la substance irritante ou/et à l'aide d'antihistaminiques.
Les allergies au cannabis ont augmenté ces dernières années. Quand on regarde les études de 2015, les estimations mentionnent que 70-73% des personnes qui souffrent d'allergies saisonnières ( comme le rhume des foins) sont susceptibles d'être également allergique au cannabis. C'est parce que les allergies saisonnières sont causées par le pollen et la moisissure car le cannabis est une plante qui produit du pollen et est susceptible d'être porteuse de moisissures. Sachant que 50 millions d'Américains ont des allergies saisonnières, cela signifie que 36,5 millions d'entre eux peuvent potentiellement être allergiques au cannabis, rien qu'aux USA!
Les allergies au cannabis peuvent affecter ceux qui l'ingèrent mais aussi ceux qui la cultivent ou y sont exposés de manière régulière. Les allergies sont liées à des facteurs génétiques et environnementaux ce qui signifie que si votre exposition avec une substance augmente, le risque de développer une sensibilité aussi. Avec la légalisation, on constate une augmentation des allergies. Les symptômes sont les suivants: yeux rouges et irrités, nez qui coule, éternuements, congestion du nez et des sinus, nausée et maladie physique!! Dans de rares cas, il est possible, comme dans le cas de toutes allergies sévères, que des symptômes non traités représentent un danger mortel.
Mais qu'est-ce qui cause cette sensibilité? Il y en a plusieurs. Comme pour toutes les plantes, il est possible d'être allergique au pollen contenu dans la plante de cannabis ainsi qu'aux taux élevés en cannabinoïdes tels que le THC. On peut également être allergique aux substances qui se développent sur ou dans la plante, comme la moisissure. La plante de cannabis est un "accumulateur", ce qui signifie qu'elle absorbe tout ce qu'elle trouve dans son environnement via ses racines. Cela permet à ces substances de s'accumuler dans la plante et parmi celles-ci, on peut trouver des métaux lourds et autres produits chimiques.
La sur- (ou sous-) consommation, les modifications génétiques, l'usage de pesticides et d'engrais, le breeding sélectif et les interférences humaines en général semblent être la norme ces temps-ci en termes d'environnements dans lesquels nous vivons comme les produits que nous consommons, notre alimentations, ce que nous buvons. Ces choses sont constamment altérées et traitées pour correspondre nos modes de vie qui amènent de plus en plus d'allergies car notre corps cherche à s'adapter faces aux carences ou aux surdose de ses besoins naturels.
Quand on cultive, on cherche généralement à éviter la production de pollen sur les plantes femelles. Ça augmente les propriétés psychotropes des plantes et leur teneur en THC. L'augmentation des taux de THC semble être un facteur déterminant de l'augmentation des allergiques car le THC est reconnu comme un des allergènes potentiels du cannabis.
Les variétés de cannabis à forte teneur en THC sont très courantes actuellement et fortement demandées. Super pour ceux qui cherchent un "high" plus puissant mais l'effet assommant vient des taux élevés en THC qui provoquent des réactions d'hypersensibilité et des allergies. Les taux de THC ont considérablement augmenté en moyenne à cause du breeding sélectif, passant du 1 à 3% dans les années '60 et '70 respectivement, à 4% dans les années '90 et jusqu'à 12%, voire plus, de nos jours. Avec l'augmentation de la légalisation, des recherches et développement et de l'industrialisation, il n'est pas rare aujourd'hui de trouver des cannabis avec des taux allant jusqu'à 20-30%! Cependant, certaines personnes sont génétiquement prédisposées à réagir au THC, peu importe les taux de THC car ils ont des différences génétiques dans la manière dont le métabolisme traitent les cannabinoïdes tels que le THC, ce qui augmente leur sensibilité.
Les allergies au cannabis peuvent provoquer des symptômes tels que le rhume des foins: des yeux rouges et irrités, le nez qui coule, des éternuements, de la conjonctivite, des chatouillements dans la gorge, de la toux et de l'asthme. Le cannabis contient du pollen, l'allergène le plus courant, qui est une poudre libérée par les arbres, les herbes et les fleurs pour fertiliser les graines de leurs plantes voisines. Même si généralement on pense que c'est un produit uniquement des plantes mâles, le pollen peut également être produit par des femelles hermaphrodites et il existe tellement de variétés différentes de cannabis de nos jours, que cela ne fait qu'ajouter de la complexité à ce problème.
Les réactions allergiques au pollen sont plus courantes dans les régions où on cultive du cannabis et il n'est pas surprenant que le nombres d'allergènes ait augmenté dans les zones et environs des grandes cultures commerciales. Le groupe de personne où on a constaté l'augmentation la plus importante des allergies au pollen de cannabis est celui des travailleurs de ce secteur, ceux qui sont en contact direct avec les sites de culture. Les réactions allergiques au cannabis peuvent également provoquer des "dermatites de contact" dont les symptômes les plus courants sont: la peau sèche et squameuse, des rougeurs, démangeaisons, inflammations et même de l'urticaire!
La moisissure se développe à partir de spores qui poussent sur du bois pourris, des feuilles mortes, des plantes et des herbes. De nombreux types de moisissures prospèrent dans des conditions humides mais il existe aussi des "moisissures sèches". La moisissure se forme sur le cannabis quand il est exposé à des températures extrêmes ou des taux élevés d'humidité, généralement par manque de connaissance. Les moisissures les plus courantes dont vous avez pu entendre parler sont celle des racines, le mildiou et le septoria des feuilles. Le cannabis peut également moisir quand il n'est pas correctement conservé et curé. Certaines personnes très sensibles peuvent avoir la malchance de réagir au pollen de la plante et à la moisissure! Les symptômes d'allergie à la moisissure sont des rhinites allergiques, la conjonctivite, des démangeaisons sur la peau et une aggravation de l'asthme.
Comme il s'agit d'une plante hyperaccumulatrice, le cannabis peut absorber des taux élevés de métaux lourds tels que l'arsenic, le cadmium, le cobalt, le cuivre, le plomb et le mercure qui se trouvent dans l'eau, la terre et les engrais contaminés ainsi que toutes les substances potentiellement allergènes présentes dans leur environnement. Ces substances peuvent également être responsables de réactions allergiques suite à l'inhalation ou l'ingestion de cannabis, allant de maux de têtes et nausées à des problèmes respiratoires et même des cancers ou des défaillances d'organes si l'exposition est extrême et prolongée. Le meilleur moyen d'éviter des absorptions malencontreuses de produits chimiques ou de métaux lourds est de n'utiliser que des substrats, engrais et additifs de qualité car les produits les moins chers contiennent souvent de faibles quantités de métaux lourds.
Malheureusement, si vous êtes allergiques à un aliment ou une substance qui a des protéines aux propriétés similaires, ce qu'on appelle des réactions allergiques croisées, vous courrez plus de risques d'être allergique au cannabis. Certains aliments possèdent les mêmes propriétés allergènes que les plantes de cannabis: tomates, pêches, pamplemousses, aubergines, bananes, pommes, amandes et châtaignes.
En résumé, que devez-vous faire si vous avez une allergie au cannabis? Si le cannabis est toujours illégal où vous vivez, un médecin ne sera pas très compatissant ou ne vous aidera pas! Il existe un grand nombre de remèdes comme les médicaments antihistaminiques, les sprays nasaux, les inhalateurs et les décongestionnants qui peuvent aider.
Si malheureusement vous avez des réactions très fortes, la seule solution est d'arrêter de consommer du cannabis! Il faut limiter vos contacts avec les cultures de cannabis, porter des vêtements de protection, des gants et un masque et toujours avoir un médicament contre l'asthme à portée de main.
Si vous consommer du cannabis légalement, un médecin peut vous faire un test dermique. Si vous êtes allergiques, vous allez y réagir par des gonflements et des démangeaisons dans les 15-20 minutes. Vous pourrez également faire une analyse sanguine qui cherchera les anticorps spécifiques à certains allergènes. Plus il y a d'anticorps dans votre sang, plus vous avez de risques d'être allergique à une substance spécifique.
Il n'est pas surprenant que les allergies au cannabis soient en pleine augmentation car cela va de pair avec la légalisation et l'augmentation du nombre de personnes qui en consomment et/ou travaillent dans ce domaine. Mais les allergies au cannabis restent globalement assez peu courantes. Le Cannabis Sativa est classé parmi les allergies douces qui nécessitent une exposition significative pour provoquer une réaction de tout type et aucune réaction grave n'a jamais été observée. C'est plutôt l'exception que la règle et la plupart des symptômes se soignent par des antihistaminiques et autres produits similaires.
Dans tous les secteurs de l'industrie du cannabis, à cause du manque de standardisation de la législation, il existe peu de connaissance, de tests et de traitements, ce qui est déplorable. Il reste encore beaucoup à découvrir pour pouvoir définir avec précision les allergènes sur base d'échantillons standardisés et de tests spécifiques et produire un traitement pour ceux qui en ont besoin.