Mise en garde contre le médicament à base d'extraits de cannabis
"Dépendance psychique et physique"
"Dépendance psychique et physique"
L'Académie de médecine met notamment en avant les risques de dépendance liés au Sativex, dont la mise sur le marché vient d'être autorisée.
L’Académie de médecine a mis en garde mardi les patients et les médecins contre les risques associés à la prise de Sativex, le premier médicament à base d’extraits de cannabis à avoir reçu le feu vert des autorités sanitaires la semaine dernière.
Le médicament qui se présente sous la forme d’un spray buccal est destiné à soulager les malades atteints de sclérose en plaques. Ses principes actifs sont le delta-9-tétrahydrocannabinnol (THC) et le cannabidiol (CBD).
«Les risques que fait courir le THC sont très nombreux, souvent graves et incompatibles avec un usage thérapeutique», relève l’Académie de médecine, qui s’étonne de «voir associer le THC, dans une proportion mal justifiée, et le CBD, au mécanisme d’action incertain, afin d’amoindrir les méfaits du THC».
Parmi les effets indésirables liés au THC, l’Académie cite des risques de «dépendance psychique et physique», rappelant qu’après l’arrêt total d’une consommation de cannabis/THC il faut environ huit semaines pour éliminer toute trace de ces substances dans les urines du consommateur «ce qui est une situation exceptionnelle pour un médicament».
Parmi les autres risques potentiels des médicaments à base de THC, l’Académie cite notamment «des interactions médicamenteuses nombreuses et gênantes», notamment avec les benzodiazépines, des médicaments utilisés contre l’anxiété et l’insomnie, ainsi qu’avec l’alcool.
Déjà approuvé dans 22 pays
L’Académie mentionne également une diminution des capacités intellectuelles et une augmentation des troubles cognitifs, sans parler d’un risque de cancer testiculaire «agressif», de problèmes cardio-vasculaires et d’anomalies potentielles chez l’enfant à naître.
Produit par les laboratoires britanniques GW Pharmaceuticals, le Sativex a déjà été approuvé dans 22 pays, dont 17 pays européens, et autorisé non seulement pour les malades atteints de sclérose en plaques mais également dans d’autres indications telles que le soulagement de personnes souffrant de «cancers avancés», comme c’est le cas au Canada.
L’Académie de médecine s’inquiète par avance d’une telle évolution en France. «On peut craindre la multiplication des prescriptions hors autorisation de mise sur le marché (AMM) à divers usages comme sevrer les toxicomanes, atténuer les nausées des malades traités par chimiothérapie, rendre l’appétit aux malades atteints de sida, toutes indications largement plébiscitées dans l’opinion mais dont il convient de rappeler qu’elles ne sont pas étayées par des études cliniques indiscutables.»
Interrogée pour avis par le ministère de la Santé, l’Académie s’était déjà prononcée contre le projet de décret autorisant la commercialisation en France de médicaments dérivés du cannabis, pourtant adopté le 5 juin dernier.