Les mâles aimés
La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l'essor des graines féminisées, certains cultivateurs n'en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l'espèce puisque c'est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.
La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l'essor des graines féminisées, certains cultivateurs n'en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l'espèce puisque c'est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.
La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l’essor des graines féminisées, certains cultivateurs n’en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l’espèce puisque c’est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.
C’est une belle histoire d’amour qui commence, entre ce mâle et cette femelle (photo Mediweed |
Dans la nature, le cannabis est normalement une plante annuelle et sa maturation dépend de l'âge de la plante, du changement de photopériode et d'autres conditions environnementales. C’est à l’âge de deux mois que les plantes peuvent commencer à fleurir. Les nuis rallongent à partir du solstice d’été et la floraison commence. C’est le début de la phase reproductrice du cycle de vie, qui se termine obligatoirement par la sénescence et la mort de la plante.
Ce mâle vient de libérer son pollen (photo Mediweed) |
Les plantes mâles perdent leur pollen pendant un mois ou plus et entrent ensuite en sénescence.
Les feuilles primaires commencent à jaunir et à tomber et la production de fleurs et de pollen diminue. A la fin, toutes les feuilles tombent et les mâles terminent leur vie décomposés par les champignons et les bactéries.
Les plantes étaminaires
Un mâle Blue of Ghana (photo Kasper) |
Les branches et les organes floraux se développent de façon différente selon le sexe. Les fleurs males se développent vers le bas en grappes longues et lâches avec plusieurs embranchements, d’une longueur pouvant aller jusqu'à 30 centimètres alors que les fleurs femelles sont serrées entre de petites feuilles. Les fleurs mâles assemblées en panicule sont composées de cinq sépales et de cinq étamines. Les plantes n'ont pas l'augmentation importante en poids et en volume pendant la floraison qui caractérise les femelles.
Le premier signe de floraison est l'apparition aux entrenœuds, à l’intersection des pétioles et de la tige principale, de périanthes indifférenciés derrière la stipule. Les stipules sont des petites pièces foliacées situées à l’intersection et qui sont souvent confondus avec les primodiae ou pré-fleurs. La floraison se déclenche avec la photopériode mais dans certains cas, si la croissance est suffisamment longue on peut voir apparaitre pendant cette phase, des pré-fleurs à partir du cinquième nœud. Un autre indice peut être le passage d’une phyllotaxie décussée à alternée. Cela signifie que les entrenœuds du cannabis mâle ne sont pas face à face mais décalés sur la tige principale. Mais cet indice n’est pas toujours fiable. Les périanthes apparaissent tout d'abord sexuellement indifférenciés, mais rapidement on identifie les mâles grâce à leur forme de griffe incurvée. Les bourgeons se forment ensuite en enveloppes pointues avec cinq segments radiaux.
Les plants mâles fleurissent généralement avant les femelles (photo Growstef) |
Utilisation des plants mâles
Les mâles sont principalement utilisés pour la reproduction. Il y-a bien sur les breeders professionnels qui cherchent à créer de nouvelles variétés mais aussi de simples cultivateurs qui veulent produire leurs propres graines. L’important est de séparer les mâles des femelles lorsqu’ils commencent à fleurir. Les mâles demandent en général moins de lumière pour se développer. Il est alors possible de récupérer un peu de pollen et de polliniser seulement quelques têtes en bas de la plante. Cela vous permet d’avoir une petite production de graines sans compromettre l’ensemble de votre récolte.
On compare souvent les fleurs mâles à des bananes (photo Frédéric G) |
Pour ce type d’utilisation, il est préférable de récolter les fleurs avant qu’elles ne s’ouvrent pour libérer leur pollen. Contrairement aux femelles, les fleurs males s’arrêtent rapidement de grossir et il n-y a aucun intérêt à les garder plus longtemps. Les plants étaminaires démarrent très rapidement mais ils n’atteignent jamais la taille des plants pistillaires et leur durée de vie est beaucoup plus courte.
Gros plan sur des fleurs qui n’ont pas encore libéré leur pollen (photo Frédéric G) |
La reproduction
Pour commencer, il faut bien sûr sélectionner le ou les parents étaminaires. On choisit les individus en bonne santé avec le meilleur développement des organes floraux. Les plantes sélectionnées doivent être soigneusement étiquetées et les autres seront enlevés de l’espace de culture. Les plants peuvent mettre jusqu’à cinq semaines pour développer mais certains sont très précoces et peuvent libérer leur pollen très tôt. A partir d’une semaine de floraison, il est donc important de les surveiller régulièrement pour éviter toute pollinisation indésirable. La déhiscence désigne le processus de libération du pollen des fleurs étaminaires.
Pour obtenir un croisement intéressant, il est important de bien sélectionner les deux parents. On recherche ainsi des caractères spécifiques. Il y-a tout d’abord la taille de la plante. Une grande taille signifie la plupart du temps que la plante aura une croissance vigoureuse et saine. Quand elle commence à se développer rapidement, elle atteindra généralement une grande taille finale et aura un meilleur rendement. Selon le but recherché, on recherchera le meilleur rendement en fleurs, en graines ou en fibres. Il y-a également la robustesse, c'est-à-dire la capacité globale à résister au gel, à la chaleur, à la sécheresse ou au sur-arrosage. On peut déceler les plantes très résistantes lorsque des conditions de culture défavorables entraînent la mort d’une population. Les survivants seront ainsi sélectionnés et cette robustesse sera transmise à la progéniture. La résistance aux maladies et aux parasites peut aussi être un critère de sélection. Les autres caractères sont la production de racines, de branches latérales et le ratio calices/feuilles.
Une sélection précoce de futurs parents est possible et s’avère même très utile même avec des plantes très jeunes. Parmi les caractères détectables précocement, il y-a la résistance aux champignons ou une phyllotaxie anormale.
Récolter le pollen
Les plants mâles sont aussi appelés étaminaires (photo Frédéric G) |
Il existe deux type de pollinisation : contrôlée et aléatoire. Les graines que l’on trouve au fond des pochons d’herbe importée sont souvent le résultat d’une pollinisation aléatoire voire indésirable. Le parent étaminaire est inconnu et il se peut qu’au sein d’une même grappe de fleurs, on trouve plusieurs graines issues de parents différents dont certains pourraient être des caractères hermaphrodites ou à floraison tardive.
La pollinisation aléatoire consiste à laisser tout simplement les mâles dans l’espace de culture ou à proximité des femelles et à attendre que la nature fasse son travail. Une bonne façon de contrôler la pollinisation consiste à isoler dans un espace de culture spécifique, les deux parents en évitant toute pollinisation parasitaire.
Le pollen est extrêmement volatile et en extérieur, il faut utiliser un enclos pour protéger les plantes du vent. Si vous souhaitez garder plusieurs mâles, l’idéal est de les garder séparément les uns des autres pour éviter que les pollens de se mélangent.
La pollinisation contrôlée consiste à isoler les plants étaminaires, à récupérer le pollen et éventuellement, à le conserver quelques jours pour polliniser les fleurs pistillaires au moment opportun. On utilise un sac que l’on attache, avant l’ouverture des fleurs, sur la tige en dessous des grappes de fleurs et il n-y a plus qu’à attendre. Il faut utiliser le même sac pour récolter et appliquer le pollen de’ façon à diminuer les risques de contamination pendant le transfert. Une autre technique consiste à repérer une fleur qui vient de s’ouvrir. On positionne alors un récipient ou un miroir et on fait tomber le pollen en tapant sur les anthères. On peut également couper une grappe de fleurs complète qui libérera son pollen en séchant. Il faudra, bien sûr, l’isoler de tout mouvement d’air pour éviter que le pollen ne se disperse.
Le pollen doit être stocké dans un endroit, sombre, sec et frais. On peut le conserver dans le réfrigérateur dans un grand récipient fermé dans lequel on disposera une fiole de pollen ouverte accompagnée de riz blanc pour absorber l’humidité.
Changer de sexe
Comme pour les femelles, les fleurs poussent en grappes le long de la tige principale (photo Spirale) |
Les graines féminisées ont connu un important succès ces dernières années mais de nombreux cultivateurs old-school, particulièrement en France, continuent d’utiliser uniquement des graines régulières. Le pourcentage moyen de graines femelles est légèrement supérieur à 50. Des calculs de probabilité ont démontré qu’en semant au moins 10 graines, on avait 99,7 % de chance d’avoir au moins une plante femelle, ce qui explique que la plupart de semenciers vendent leurs graines régulières par paquet de 10.
Considéré comme inintéressant par beaucoup, le mal aimé de la cannabiculture est devenu un peu plus rare dans nos placards. Mais certaines personnes l’apprécient particulièrement et continuent de le cultiver avec plaisir.