Les fumeurs de joints traques par la police a Saint-Ouen
La nouvelle politique anti-cannabis du gouvernement
La nouvelle politique anti-cannabis du gouvernement
Normal 0 21La nouvelle politique anti-cannabis du gouvernement : sanctionner les consommateurs.
La marche mondiale du cannabis s'est déroulée les 2 et 9 mai derniers dans plusieurs villes françaises. Les manifestants demandaient la dépénalisation ou la légalisation du cannabis et le gouvernement n'a pas tardé à leur apporter une réponse. Leur solution : intensifier la répression. Plutôt que de s'attaquer aux dealers et aux gros bonnets, très difficiles à interpeller, le gouvernement a choisi de sanctionner les plus faibles : les consommateurs. Toujours très autoritaire, le gouvernement Vals continue d'appliquer sa politique de tolérance zéro
Le première grosse opération a eu lieu sur la commune de Saint-Ouen. Les 34 policiers étaient accompagnés de 6 douaniers qui seuls, sont habilités à mettre des amendes aux usagers de cannabis (transactions douanières). Cette technique avait déjà été utilisée en 2013 dans plusieurs cités de Marseille et de la Seine-Saint-Denis.
Située juste derrière le périphérique parisien, la ville de Saint-Ouen est devenue depuis quelques années un véritable "supermarché de la drogue" avec une dizaine de points de deal recensés. Les différents gangs se disputent ces territoires très lucratifs. Plusieurs incidents violents ont eu lieu récemment et la semaine dernière, des tirs de Kalachnikov ont fait trois blessés, consommateurs présumés. Les autorités ont donc décidé de réagir. Le gouvernement devrait logiquement se focaliser sur la lutte contre le trafic d'armes mais préfère, une fois encore, s'attaquer à notre plante favorite. Toujours dans ce bel esprit du "vivre ensemble", Manuel Vals a décidé de déclarer la "guerre" à plusieurs millions de citoyens-consommateurs français.
Bilan de cette opération qui a eu lieu à Saint-Ouen le mercredi 13 mai entre 13 et 20 h : 56 acheteurs contrôlés et 49 d'entre eux, dont 4 mineurs, qui ont dû s'acquitter d'une amende. Deux personnes ont refusé de payer l'amende et ont donc été placées en gardes à vue. Une fois de plus, les personnes aisées financièrement ont été favorisées.
Le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve a annoncé que plusieurs opérations de ce type auront lieu dans les prochaines semaines.
La plupart des élus PS de le région parisienne approuvent cette politique : " Je me félicite de ces moyens policiers supplémentaires qui vont permettre de traquer les consommateurs " (Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis)
" Les acheteurs perturbent l'ordre public, la tranquillité publique : on ne peut donc pas continuer comme ça " (Philippe Doucet, député du Val-d'Oise).
" Il faut en réalité prendre les 100, 200 ou 300 euros dans le portefeuille de ceux qui vivent bien tranquillement dans leurs quartiers, souvent bourgeois, et qui viennent nourrir un trafic qui empoisonne la vie de ceux qui vivent dans les quartiers populaires " (Razzi Hammadi, député de Seine-Saint-Denis)
" Je ne suis pas favorable à la légalisation du cannabis. Une nouvelle fois, ce seraient les plus fragilisés qui seraient victimes " (Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale).
Cette grande offensive anti-cannabis fait presque l'unanimité au Parti Socialiste.
Devant cette surenchère prohibitionniste, la droite a décidé de réagir. Pendant la séance des questions au gouvernement à l'assemblée nationale du mercredi 13 mai, le député UMP de Paris, Philippe Goujon a carrément demandé l'interdiction de la Marche Mondiale du Cannabis pour l'année prochaine ! La ministre de la santé Marisol Touraine a rappelé à juste titre que le droit de manifester est garanti par la constitution. Elle a également confirmé, une fois de plus, que le gouvernement actuel ne légalisera jamais le cannabis. Pendant ce temps là, Manuel Vals, qui était assis juste derrière, mimait le geste d'un fumeur de joint.
Un peu partout dans le monde, aux Etats-Unis, notamment, la légalisation gagne du terrain. Totalement hermétique à ces évolutions, le gouvernement Vals a décidé d'intensifier sa politique répressive totalement rétrograde.
Une question se pose : ces amendes peuvent-elles être rétroactives ? Si c'est le cas, Manuel Vals lui même devrait s'acquitter d'une amende douanière. En effet, le premier ministre a affirmé, l'année dernière sur l'antenne de la radio RMC avoir déjà fumé un joint. Comme beaucoup, il devrait pouvoir échapper à la sanction. Le gouvernement n'aura probablement pas assez de douaniers à sa disposition pour pouvoir mettre des amendes aux 4 millions de fumeurs réguliers. (OF)